Love Amongst Ruin

Un an après la dernière livraison du groupe auquel il fut fidèle durant plus d’une dizaine d’années, l’ex-batteur de Placebo, Steve Hewitt, se lance dans une nouvelle aventure discographique par le biais d’une formation flambant neuve. Inspiré d’un poème romantique du dix-neuvième siècle, le nom du combo nous promet une atmosphère tourmentée et des accents mélancoliques.

Ce qui frappe de prime abord à l’écoute des premières compositions de l’opus, c’est le parti pris très électrique, voire clinique de l’instrumentation. En effet, on s’éloigne sensiblement de la subtilité du rock britannique classique pour flirter avec le métal rugueux et métronomique. Si l’introduction, So Sad s’aventure, à mi-chemin, dans des contrées stoner et si les influences du superbe et émouvant Alone nous replongent dans le rock musclé des années quatre-vingt-dix à la sauce Joyrider, voire même le hardcore irlandais d’un Therapy?, l’esprit indépendant demeure intact, grâce notamment au chant très juste et détaché.

Ainsi Heaven & Hell et Away From Me nous laissent à découvrir des horizons plus nuancés et intimistes, même si les mélodies restent très rythmées et binaires. Et lorsque l’artillerie très lourde est de mise, à l’instar d’un Blood & Earth débridé qui lorgne du côté de The Almighty, ou encore d’un Truth au groove très sonore et gras, un peu à la manière d’un Electric Six, Love Amongst Ruin fait encore mouche. Il n’y a bien que le titre qui clôture l’album, le fade et monotone Love Song pour semer le doute sur l’inspiration de la formation.

Tour à tour sombre et dépressif, hystérique et énergique, minimaliste et synthétique, la première production discographique de Steve Hewitt et sa bande fait preuve d’une grande variété, tout en réussissant le tour de force de conserver une homogénéité certaine. Nous sommes donc en présence d’un groupe qui met son expérience passée au service d’une musique de facture certes classique mais qui se révèle être diablement efficace.