You Love Her Coz She's Dead

You Love Her Coz She's Dead. Nulle besoin de traduction. Assimilable. Exportable. Commercialisable (Cette gradation vous est offerte, c'est cadeau).

On pourrait épiloguer longuement sur ce nom à rallonge et revenir sur le débat enflammé à propos du décès récent d'Amy Winehouse, des ventes de disques qui en ont (logiquement) découlé et, avouons-le, cela serait un brin plus passionnant que ce que nous propose ici le duo anglais. Mais conscience professionnelle oblige, l'objet de cet article sera l'analyse d'un produit marketing/mercatique vaguement musical.
Il est clair que le Back To Black de You Love Her Coz She's Dead est loin, très loin encore devant eux. Médiatisé par la présence de leur premier single Superheroes dans l'un des épisodes de la mauvaise saison 3 de Skins, les anglais ont donc franchi le pas et surfent ainsi sur un semblant de succès qui s'avère très souvent éphémère. Démarche louable à priori, si ce n'est que ce disque sent l'imposture. Dix titres calibrés pour les skins party, une pochette vampiro-gore à base de bouche sanglante histoire de coller à l'actualité, et les voilà partis pour clôturer tous les festivals européens de seconde zone.

Mais qu'en est-il du contenu ? Si le mot raffiné vous tient à cœur, que c'est votre mot préféré ou que l'on vous a déjà qualifié de cet adjectif, passez votre chemin. Ce premier album n'est en effet pas franchement très ragoutant. La plupart du temps, on a affaire à une pâle copie du premier disque des Crystal Castles, les mélodies en moins. Le duo ratisse large, du chiptune sur beats dubstep avec Mud, à l'électro pré-mâché sur This Is A Raid. Sunday Best aurait lui toute sa place sur le premier album de Digitalism, pour ne citer qu'une des nombreuses influences du combo. On a même droit à quelques nappes dance façon Cascada sur Leap Of Desire II. Le tout est bien évidemment surplombé d'une voix féminine joliment saturée comme il faut. Kap Bambino est déjà passé par là. Ces dix titres sont donc autant de turbines dégoulinantes et il en devient difficile de reprendre sa respiration une fois la touche Lecture enfoncée.

Alors oui, à partir d'une certaine heure, dans un environnement propice à la fête et à la débauche, ce disque aurait toute sa place. Mais non, consciencieux jusqu'au bout, ce disque est et restera inoffensif même à trois grammes dans chaque oreille. Cinq ans en arrière, il aurait sans doute fait son petit effet. Aujourd'hui, même les kids sont passés à autre chose.