Clinic cherchent enfin à s’émanciper de ce son qui les poursuit depuis le début de leur carrière. Un son certes propre à eux-mêmes, que l’on ne retrouve nulle part ailleurs, mais qui album après album pouvait finir par lasser même les plus endurcis.
En 2010 sortait
Bubblegum, septième album différent de ses prédécesseurs mais hélas assez morne et répétitif. Aujourd’hui, le quatuor liverpuldien nous livre un huitième album qui, plutôt que de partir dans une nouvelle direction, reprend la formule gagnante tant ressassée par le passé mais y ajoute un élément majeur, essentiel : l’ambition.
Neuf chansons, quarante minutes. La moitié des titres de
Free Reign dépassent les cinq minutes, un miracle pour un groupe qui ne pondait que des compositions n'en dépassant guère la moitié il y a encore deux ans. Ce disque est celui auquel on était en droit de s’attendre de la part de Clinic : les chansons ont enfin le traitement qu’elles méritent.
Ici, le temps de déploie. Le groupe s’attarde sur ses compositions comme jamais il ne l’avait fait auparavant. Combien de fois s’est-on déjà dit que
Internal Wrangler ou
Goodnight Georgie n’étaient pas assez longues ? Que le groupe ne se rendait pas compte qu’il créait des œuvres passionnantes mais qu’il ne perfectionnait pas assez ?
Free Reign débute sur une chanson posée, répétitive, en soi réussie et installant une ambiance psyché comme le groupe sait si bien le faire, mais qui effraie sur la suite de l’album tant on ne veut pas d’un
Bubblegum bis. Heureusement,
Seesaw rassure et pose le ton :
Free Reign sera
Internal Wrangler ou
Visitations, c’est-à-dire un disque varié, entre comptines au melodica et post-punk débraillé, toujours porté par le chant si singulier d’Ade Blackburn.
Une bonne partie des titres possède des arrangements ciselés, qui rendent compte de l’ambition nouvelle de Clinic. Des chansons comme
You et
Miss You prennent leur temps, dévoilant une atmosphère et les instruments qui s’y greffent progressivement. Le seul bémol que l’on pourra formuler est le manque d’inspiration sur certains titres, qui ne font pas de cet album l’œuvre imposante qu’elle aurait pu être.
Comme son nom l’indique,
Free Reign tente ainsi de prédominer sur ses petits camarades. L’ambition est certes présente mais les titres en eux-mêmes n’ont hélas pas l’aura d’un
Internal Wrangler ou d’un
Goodnight Georgie. Espérons que l’agencement des deux pourrait prochainement donner l’œuvre ultime de Clinic, à laquelle on touche ici sur quelques compositions,
Miss You et
Seesaw en tête.