Fionn Regan est décidément un artiste compliqué. Après un
debut album folk rock révélation, un second qui a tenté une approche bien plus rock mais hélas plutôt décevante, puis un troisième qui retournait aux sources,
The Bunkhouse Vol. I : Anchor Black Tattoo prend quant à lui une direction très folk et épurée, mais quelque peu ennuyante sur la longueur. Et c’est encore plus dommage quand l’album en question ne dure que vingt-cinq minutes...
On retrouve donc ici le songwriter irlandais une petite quinzaine de mois après la parution de son précédent album,
100 Acres Of Sycamore. Seul avec sa guitare acoustique, il nous entraîne dans son monde, sur un trajet en route vers l’Irlande, jonché de riffs en boucle, de lyrics amers et d’une voix céleste que l’on suivrait jusqu’au bout du monde – ou au moins jusqu’en Irlande !
Pour ce quatrième disque, Fionn Regan s’est donné des contraintes : l’enregistrer dans son studio en quelques jours, avec un seul microphone et les uniques éléments qu’il avait à sa disposition. En tenant compte de cela,
The Bunkhouse Vol. I : Anchor Black Tattoo peut effectivement être considéré comme un bon album. Seulement, la plupart des auditeurs n’en aura pas eu vent et jugera sur la qualité intrinsèque de l’abum, peu original. Regan est un grand songwriter, il n’avait pas besoin d’essayer de nous le prouver en posant sur cette route irlandaise des embûches qui peuvent nous freiner et décourager.
Quelques titres sortent toutefois du brouillard, comme
Mizen To Malin et
The Bunkhouse, aux arrangements plus intenses et audacieux.
The Gouldings nous gratifie entre-temps d’un refrain mémorable, autant au niveau de la force musicale que des textes :
« hold my head under the water / until I'm in the underground station / and your arm is the stairs to the street ».
Les compositions plus lumineuses n’ont elles hélas pas l’aura d’un
Put A Penny In The Slot ni d’un
The Horses Are Asleep du jeune songwriter. Le chant limpide de Regan est toujours prégnant, seules les compositions pèchent. Loin d’être mauvaises, elles restent extrêmement classiques, et de ce fait décevantes de la part de l’artiste.
On aime à penser que
The Bunkhouse Vol. I : Anchor Black Tattoo n’est qu’à moitié bon du fait que Fionn Regan l’ait composé en moins d’un an, c’est-à-dire un an seulement après
100 Acres Of Sycamore. Espérons qu’il prenne davantage son temps pour le cinquième – mais il n’y a pas à s’inquiéter, si l’on prend en compte la qualité qui ne gagne qu’un album sur deux, mathématiquement le cinquième sera réussi.