Chronique Album
Date de sortie : 06.05.2013
Label : Cooking Vinyl
Rédigé par
François Freundlich, le 1er mai 2013
L'ex-chanteuse du groupe de synth pop des années 80 Yazoo est de retour avec son huitième album solo. Elle formait à l'époque un duo avec Vince Clarke (Depeche Mode, Erasure). Porté par un premier single aux accents rock rétro 80's When I Was Your Girl, ou la propre fille d'Alison Moyet intervient dans un clip émouvant, ce disque est pourtant d'un tout autre acabit. Nous retrouvons bien sa voix grave de contralto, mais modifiée ou cachée derrière une surproduction électronique réalisée par Guy Sigsworth qu'on aura connu plus inspiré avec Björk ou Robyn.
Car c'est bien là que le bât blesse : The Minutes est pour ainsi dire inécoutable dans son intégralité. Les multiples effets appliqués par couches successives sur chaque morceau sont indigestes, superflus et souvent kitsch. Alison Moyet possède néanmoins toujours cette force assez extraordinaire avec cette voix blues qui semble venir du fond de son âme. Elle s'en trouve ici désincarnée, robotisé, déshumanisée par des traitements machinaux gadget. On a parfois l'impression qu'il s'agit de remixes d'un DJ sur lesquels la voix de l'anglaise a été placée pour faire danser dans des discothèques de bas étage. Le son est au final très daté et sonne comme le pire de ce qu'on a pu faire à différentes époques, entre la dance musclée des 90's ou des productions 80's niaises et pleines de bons sentiments.
Le titre d'introduction Horizon Flame était pourtant planant et mystérieux avec ses violons mais Changeling nous fait entrer dans le vif du sujet. La production inspirée d'un mauvais R'n'B ratiboise une mélodie inexistante ultra lissée. When I Was You Girl sort du lot et reste le seul titre acceptable. Pour le reste, il n'est pas possible d'en être encore là en 2013 et on est presque obligé de couper les morceaux par du Cat Stevens afin de contrebalancer ce manque affolant de simplicité. La seconde partie de l'album est toutefois un peu plus calme : on perçoit que Remind Yourself aurait pu être acceptable sans ces multiples échos. Les changements de rythme restent néanmoins brutaux, hachant des chansons qui auraient pu trouver un meilleur sort.
The Minutes est un album qui manque cruellement d'humanité et de délicatesse alors que la voix au naturel d'Alison Moyet est pourtant si touchante. Son écoute nous transforme bien vite en chat échaudé qui n'a qu'une envie : s'éloigner au plus vite de ce bouillon trop lourd.