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Kele

Fatherland

Kele - Fatherland
Chronique Album
Date de sortie : 06.10.2017
Label : BMG
35
Rédigé par Louise Beliaeff, le 9 octobre 2017
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Virage à 180° pour Kele Okereke. Si vous espérez encore retrouver le son Bloc Party sur ce troisième album solo, la surprise sera grande. Après deux projets teintés électro, The Boxer en 2010 et Trick en 2014, Kele Okereke verse dans la folk et la soul, les ambiances feutrées acoustiques et les ballades calmes et joyeuses sur ce nouvel opus : Fatherland. Et ça fait un petit choc.

Oubliez le rock alternatif du début des années 2000, Fatherland est un pas de côté dans la carrière de Kele. Guitare sèche, piano, saxophone, cordes et cuivres : l'artiste a opté pour une instrumentation aux antipodes de ses deux derniers albums à la sauce électronique. C'en est presque troublant tant l'écart est énorme. L'ouverture, un hymne très solennel joué aux cuivres, vous interpelle immédiatement. Et plus l'écoute des autres morceaux avance, plus Kele Okereke vous étonne. La folk enjouée de Streets Been Talkin' et sa petite mélodie presque enfantine, la ballade jazz ambiance piano bar ultra rétro Capers, la pop majeure sur la chanson d'amour entre deux hommes (avec Olly Alexander de Years and Years) Grounds For Resentment, la soul tranquille de Do U Right... Fatherland est fait de tout ça : des compositions intimistes, intérieures, cosy, loin de l'énergie électrisante de la nuit et ses fêtes endiablées que l'on connaissait sur la discographie de Kele Okereke.

Ce n'est pas simplement une lubie, ce n'est pas une provocation pour le pur plaisir de désorienter la critique et les fans. Il y a bien eu un élément « perturbateur » dans cette histoire. Le chanteur qui s'apprête à souffler sa 36ème bougie est devenu papa d'une petite Savannah. Ce bouleversement a directement inspiré ce disque, comme le prouve le titre qui porte le nom de son enfant. Kele Okereke parle de paternité, celle qu'il découvre en ce moment pas à pas, et celle qu'il a connue avec son père. Dans Road To Ibadan, l'artiste raconte accompagnée d'une guitare sèche en picking l'expérience du voyage au Nigeria avec son père, sa patrie d'origine. « C'était important, sachant que j'allais être un père, d'avoir la chance de corriger certains problèmes dans ma relation avec mon propre père », a-t-il témoigné pour iNews. Un voyage initiatique, en somme. Son héritage nigérian se ressent également dans la complainte Yemaya, un titre doux et planant. La petite berceuse est une ode à la déesse mère protectrice des femmes chez les Yoruba, ethnie nigériane.

C'est un peu la bande son du « cycle de la vie ». Fatherland illustre cette recherche d'identité, la prise de conscience de sa propre histoire, la perpétuation d'une famille. Plus qu'intime, viscérale, l'album peut troubler. L'auditeur, a-t-il réellement accès à cette intériorité ? Peut-il se sentir inclus dans cette démarche ? Le danger est de survoler les titres, qui semblent parfois trop lisses (Portrait, The New Year Party) sans entrer tout à fait dans l'histoire de Kele.

Après l'électro et la folk, que nous réservera le chanteur survolté de Bloc Party ? Il n'a pas abandonné son groupe d'origine. Fatherland est une autre histoire, un projet perso nourri par des expériences fortes : être père, retourner sur ses terres, vivre dans un cocon familial et se détourner - un temps - de la frénésie nocturne. Que le public adhère : c'est une autre histoire, un détail qui ne semble pas ébranler l'artiste britannique.
tracklisting
    01. Overture
  • 02. Streets Been Talkin'
  • 03. You Keep On Whispering His Name
  • 04. Capers
  • 05. Grounds For Resentment (feat. Olly Alexander)
  • 06. Yemaya
  • 07. Do U Right
  • 08. Versions Of Us (feat. Corinne Bailey Rae)
  • 09. Portrait
  • 10. Road To Ibadan
  • 11. Savannah
  • 12. The New Year Party
  • 13. Royal Reign
titres conseillés
    Street Been Talkin' - Yemaya
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