Alien Stadium

Sans nul doute, le petit disque très conceptuel d'Alien Stadium insuffle de la pop au paysage électronique. Le résultat de l'association entre Steve Mason (The Beta Band) et Martin Duffy (Primal Scream) offre quatre titres faits pour danser, clairement.

Livin' In Elizabethan Times est un parcours agité que l'on aime s'approprier, un vaccin contre la phobie. Les deux musiciens ont chacun une identité forte, et se ressentent, s'assemblent et s'affrontent avec nostalgie dans une brumeuse musique. Ce sont 28 minutes qui intéresseraient quelques savants fous de l'électronique française.
L'ouverture This Is One's For The Human est une véritable cohabitation entre sons électroniques et organiques. Le tout avance avec un sentiment inquiet ; un clin d'œil à Arcade Fire. La suite l'étant beaucoup moins, ce mini album renvoie surtout à la musique synthétique galvanisée, très surprenante. On plonge, jusqu'à la fin du disque, dans les années 80 comme dans une parodie. La musique n'en a que l'allure, le génie du duo se trouve ailleurs au travers de compositions complexes.

Le ténébreux The Visitations se termine en un conglomérat sonore quasi-bruitiste, et donne la voix à l'électronique perchée. The Moon Is Not Your Friend fait office de retour à l'état de conscience. Derrière ce refrain accrocheur au possible et son rythme piqué, les arrangements sont fins et la production sonore largement réussie. Le groupe lâche alors le dernier morceau, Titanic Dance. Et lorsque l'on vous parlait de parodie, nous y sommes. Le simple « dance » comme parole de refrain sonne comme par magie avec une simplicité déconcertante dans cet immense dancefloor. Et pour le côté toujours plus bizarre de la chose, Alien Stadium ferment l'album par presque deux minutes de sons aléatoires allant de sirènes de voitures à des cris de singes.

Grâce à un grain de folie, il y a quelque chose de bon dans Alien Stadium ; c'est exactement cette pensée qui est mise en musique dans Livin' In Elizabethan Times. Et c'est avec toute l'ingéniosité et le sens mélodique du duo que l'on adhère plus facilement à sa musique somme toute singulière. Là ou le temps n'existe plus...