Jon Fratelli

À peine le temps de se reposer, et voilà que Jon Fratelli se la joue solo une fois la promotion de son groupe The Frattelis achevée. Bright Night Flowers sort huit ans après son dernier effort Psycho Jukebox. Ce retour est synonyme d'un songwriting bien huilé, aussi mélancolique que romantique.

Le nouvel album est à écouter dans la tranquillité. Jon Fratteli met en avant un calme saisissant qui abroge la guitare électrique pour le piano et les cordes pour la folk aérienne ou la country. La magnificence qui en découle provient d'influences qui se rapprochent des grands Scott Walker, Richard Hawley ou autre Elvis Costello. Les lap-steels se mêlent à la voix claire du chanteur sur les premières ballades (Serenade In Vain, ainsi que le superbe titre éponyme). Les arrangements de cordes dessinent un large arrière-plan, à coups de vagues et de pizzicati du plus bel effet (After A While). Au-dessus de tout ça, Jon Fratelli ne renvoie pas l'image d'un crooner à la voix caverneuse, mais diffuse une fraîcheur exacerbée hors des formats radio-friendly. La fermeture avec le somptueux Somewhere ne laisse pas indifférent.

Le compositeur s'aventure loin de Pyscho Jukebox en effet. Les cadences sont ralenties, et c'est ce pourquoi Bright Night Flowers montre définitivement une nouvelle facette de l'anglais. En plus des chansons d'amour fifties, Jon Fratelli propose aussi quelques titres plus vaporeux pour élargir le champ de la nouveauté. Rolling By est l'exemple qui se passe de batterie : le piano et les cordes dialoguent entre eux comme un duo fusionnel. Comme Crazy Lovers Song et In From The Cold, le tout dérive à chaque fois dans le rêve, et la mélodie audacieuse. On retient évidemment l'amoureux et très réussi Dreams Don't Remember Your Name, avec son thème réverbéré et un texte touchant de sincérité : « When all that you need is a bed and the life that you thought you were living was somebody else's instead ».

Jon Fratelli ouvre définitivement son cœur dans cette nouvelle suite de chansons. Sa musique et les paroles vont plus en profondeur des choses afin d'illustrer des sentiments déchus. L'auteur se catégorise autrement, ce qui rappelle au passage qu'il a su enregistrer avec une certaine authenticité et une ouverture d'esprit bien sentie.