Julia Bardo

C'est un premier disque au soft rock brillant que sort Julia Bardo en cette rentrée. La native de Brescia en Italie, exilée à Manchester et ancienne guitariste des Working Men's Club sort son disque en solo, Bauhaus, L'Appartamento, après un premier EP publié au mauvais moment, pendant la pandémie. On parle ici d'une ode au folk rock nostalgique, à la solitude et à ce sentiment d'éloignement de son Italie, de sa famille et de son adaptation à la vie anglaise.

Julia Bardo propose clairement un disque à la production brute et rock, en hommage aux 60's avec des influences de Velvet Underground et Bob Dylan. Les mélodies y sont d'une beauté séculaire et teintées d'une certaine simplicité alors que les instrumentaux sont marqués par une tranquillité bohème. La voix grave et lancinante reste souvent en retrait, comme collée à une section rythmique à la basse sémillante, dans un timbre tendu et mélancolique qu'on a peu l'habitude d'entendre. Elle ne cède en tout cas pas à la mode de la toute puissante vocale des songwriteuses folk actuelles pour se rapprocher d'une PJ Harvey. Chaque morceau est une partie d'un tout et il en ressort une grande cohérence pour un disque qui ne possède pas de temps mort, ce qui est assez rare pour être signalé.

La lazy-rock doux et piquant à la fois de Julia Bardo semble constamment en retard avec ce coté laid-back qui ressort à chaque instant. La rêverie n'y est jamais très loin, avec des passages instrumentaux semblant suspendre le temps. Bauhaus, L'Appartamento débute pourtant sur une guitare acoustique pop et entraînante avec The Most qui ne révolutionne rien mais a l'avantage de faire partie des singles que l'on retiendra. No Feeling suit dans un genre de math rock au ralenti, suivi de la balade folk In Your Eyes, déclamée du bout des lèvres. Les textes souvent emprunt de la solitude évoquent l'éloignement de sa famille qu'elle n'a pas pu voir pendant la pandémie, durant laquelle elle a perdu son grand-père en Italie. S'il ne devait rester qu'un titre, cela serait The One et son refrain de tube à la The Strokes qui termine la première partie du disque. Le titre forme un duo parfait avec Do This To Me, ces singles parfait s'enchaînent, s'imprimant parfaitement en tête. On se souviendra également de ce final épique sur Impossible et son solo de guitare électrique distordue à l'avant de voix parlée saturée en italien.

Julia Bardo signe l'album solo qu'elle voulait tant réaliser, lorsqu'elle sentait se propre créativité limitée au sein de son ancien groupe. Un premier disque réussi et d'une originalité convaincante.