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Thought Forms - Clean
Chronique Album
Date de sortie : 28.11.2022
Label : Lava Thief
25
Rédigé par Adonis Didier, le 8 décembre 2022
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Vous les connaissez bien. Ils étaient à la mode à la fin des années 60, et jouent généralement au jardin du Luxembourg, ou dans les MJC de quartier lors de soirées jam enfumées pour combler les trous dans l'agenda. Oui, aujourd'hui, on va parler des hippies. Si l'odeur de patchouli, les couleurs pastel des sarouels, et la vue de dreadlocks blondes ne vous avaient pas alertés, la pochette aux motifs de lune yin-yang en pyrogravure sur planche de hêtre vendue en festival altermondialiste dans la Creuse devrait finir de vous planter le décor.

Thought Forms, car c'est d'eux qu'il s'agit ici, ne sont pourtant initialement pas vraiment à ranger dans cette catégorie. Actif depuis 2006, le groupe au nom tiré d'écrits théosophistes et de la théorie des formes de pensée se plaçait jusqu'ici plutôt dans une mouvance post-rock psyché rognant occasionnellement vers le stoner lourd depuis l'album Ghost Mountain, en 2013. Une chanson nommée Sound Of Violence sortira même en 2014 sur l'EP Split, comme quoi ces gens ont clairement du goût.
Et les voici donc revenir en 2022, sous une esthétique et une direction quelque peu différente et inattendue, celle, acoustique, de dame Nature et de la Nitemare Hippy Girl de l'ami Beck. L'album ne s'en cache pas, la pochette force le trait, et le nom de Clean s'avère effectivement très juste dès une première chanson, Hiding Beneath, qui nous propose une vision toute en arpèges de guitare folk des chansons de post-rock planant que l'on connaissait jusque-là de Thought Forms. Les premières sonorités de sitar apparaissent sur Our Ghosts, tout comme la voix éthérée et lointaine de Charlie Romijn, on redécouvre une proximité intérieure avec l'Inde et le Népal que l'on croyait perdue depuis notre précédente réincarnation, et on allume une première baguette d'encens Nag Champa pour l'ambiance.

Ambiance qui se poursuit dans un album qui ne va pas spécialement surprendre, alors que ce qu'on imagine être un tabla, sorte de tam-tam indien, se dévoile patiemment sur Wide Eyed. Plus loin, Fires That emmène sitar et mandoline dans une marche lancinante, enivrante, perdus dans la fumée hypnotique et le rythme planant, à la fois lent et saccadé, des traditions de l'Orient. Burn Me conclut enfin l'album par dix minutes de musique transcendantale, pour nous laisser, un peu perplexe, en pleine méditation aux côtés d'un bienveillant bodhisattva sous les toits d'un monastère himalayen.
Notre préparation à l'éveil spirituel terminée, que reste-t-il ? Malheureusement pas grand-chose. Un sentiment détendu, une idée générale, et trois quarts d'heure sans beaucoup d'imagination ni prise de risque, pour un rendu qui ne devrait pas beaucoup passionner, si ce n'est pour une petite soirée fumette ou massage tibétain. L'intention derrière n'est sans doute pas mauvaise, le filon pourrait avoir du potentiel, mais on ne ressent chez ce nouvel album de Thought Forms aucune volonté de créer autre chose qu'une imitation de musique d'ambiance hindouiste, mêlée à un post-rock en version acoustique qui n'avait déjà pas grand-chose d'original.

On ne parlera toutefois pas ici d'une déception, car on n'en attendait pas non plus grand-chose, mais on espère pour la suite un sursaut de créativité, quitte à dans le futur mélanger cet essai orientalo-acoustique avec un stoner rock un peu plus chargé, pour devenir autre chose qu'une musique de fond pour scénario de jeu de rôle à vocation mystico-mystique. Sur ce, je retourne à mes occupations, j'arrive devant la porte de mon appartement, elle est fermée à clé, je lance un dé 100, et... oups, échec critique.
tracklisting
    01. Hiding Beneath
  • 02. Our Ghosts
  • 03. I Need
  • 04. The Noise
  • 05. Wide Eyed
  • 06. Into The
  • 07. Fires That
  • 08. Burn Me
titres conseillés
    Fires That, Wide Eyed, Burn Me
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