Lisa O'Neill

Cinq ans après Heard A Long Gone Song, revoici donc l'irlandaise Lisa O'Neill avec un nouvel album, la cinquième, baptisé All Of This Is Chance.

Il s'ouvre par le morceau qui donne son titre à l'album et, il faut bien le dire, l'entrée en matière est un peu rude à la première écoute. Le titre est long, lent, avec une orchestration curieuse mêlant guitare acoustique faussement à l'arrache et sons bruitistes. Beaucoup de texte aussi, psalmodié par la voix ô combien particulière de Lisa O'Neill. Là, clairement, on aime ou on déteste cet organe de Kate Bush pintée à la Guinness, c'est à prendre ou à laisser.
Le banjo et le violon font leur apparition sur Silver Seed, qui creuse la même veine, avant que n'arrive Old Note. Et là, badaboum, frissons à tous les étages. La musique, les arrangements (ces cordes !), la voix, l'insertion de dialogues, tout est parfait. Le potentiel qu'on entrevoyait sur les deux premiers titres explose littéralement sur ces six minutes qui prennent aux tripes comme rarement.

Birdy From Another Realm laisse la part belle au picking de l'artiste, les percussions et le piano font leur apparition, Lisa O'Neill halète des onomatopées sur le final... Prenant. The Globe et If I Was A Painter empruntent les plates-bandes jadis utilisées par Leonard Cohen (notamment les chœurs féminins sur le final de la première), et c'est splendide.
Whisht, The Wild Workings Of The Mind est le titre le plus long de l'album (six minutes et quarante-cinq secondes au compteur), et renoue avec le côté ultra sombre de All Of This Is Chance, avec des arrangements ultra chiadés mêlant cordes presque dissonantes et chœurs. Et pour finir ce voyage, Lisa O'Neill nous délivre Goodnight World, magnifique ballade presque « normale » par rapport aux huit morceaux qui précèdent.

Au final, voici un album qui nécessite à l'évidence plusieurs écoutes pour en apprécier la quintessence et pour se familiariser avec l'univers de l'artiste. Mais quel univers ! Certes, tout n'est pas joyeux, certes, l'ensemble n'est pas très varié, certes Lisa O'Neill a une voix qui pourra en rebuter certains, mais ce disque vaut vraiment la peine qu'on y revienne à plusieurs reprises. Et il y a fort à parier qu'il prendra encore une toute autre dimension sur scène.