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Tapir!

The Pilgrim, Their God And The King Of My Decrepit Mountain

Tapir! - The Pilgrim, Their God And The King Of My Decrepit Mountain
Chronique Album
Date de sortie : 26.01.2024
Label : Heavenly Recordings
45
Rédigé par François Freundlich, le 23 janvier 2024
Les sud-londonien de Tapir! sont bien mystérieux. A tel point que le sextet se cache sous des masques rouges de tapirs en papier mâché. Vous voyez, ce mammifère ongulé avec sa petite trompe ? Ce groupe de modern-folk en a fait son étendard avec trois EPs réunis ici en un premier album attendu comme le disque feel-good de l'hiver. Mais ne vous trompez bien, il est bien plus que cela.

Leurs masques bizarres se reflètent bien dans leur musique tachetée de mille reflets. Entre la légèreté d'une folk bricolée n'en faisant qu'à sa tête, des glaciers synthétiques fondus dans une production vaste et méticuleuse et une voix délicieuse s'envolant dans les aiguës, ce disque est un mood à lui tout seul. Il donne aussi bien envie de s'enrouler dans son plaid que de glisser sur un toboggan arc-en-ciel. On est d'abord saisi et ému par la voix aérienne de Ike Gray, s'exprimant tout en langueur, à la limite de la rupture et rappelant parfois Edward Droste (Grizzly Bear) ou Yoni Wolf (Why?). La production hésite entre des prises brutes et sans fioritures, mélangées à des arrangements vastes et composites. Les compositions possèdent une évidence beatlesienne comme sur la ballade Gymnopédie et son crescendo en forme d'hymne glorieux. Quelques cordes, quelques cuivres tapis dans l'ombre et des guitares électriques amples, le tout enveloppé dans une pop classieuse, Tapir! nous émerveillent.

Les trois parties de l'album, comme trois actes d'une pièce, sont entrecoupées d'introductions en forme d'intermèdes poétiques et bruitistes, parfois jazzy avec des poèmes récités par le musicien américain Little Wings. Puis c'est le décollage vers une immédiate douceur dans l'acte 1 avec On A Grassy Knoll (We'll Bow Together) rappelant parfois les derniers Radiohead. La guitare acoustique de Swallow nous dorlote avec cette boucle qui semble courir après le temps jusqu'à ce que la guitare électrique dissonante de Broken Ark ne tende l'acte 2 vers plus d'anxiété. Une évolution chaotique dans un berceau méticuleux ressort de ce titre à la mélancolie tiraillée. On reste néanmoins dans la joie, comme sur la ballade folk traditionnelle Eidolon et ses chœurs nonchalants. L'acte 3 voit une évolution vers une pop précieuse avec la claviériste Emily Hubbard qui prend le lead vocal sur Untitled ou le coté collectif participatif du groupe s'inscrit davantage. On pense ici à Belle & Sebastian ou à Grandaddy sur les parties psychédéliques et autres pianos tranquilles du titre My God.

Ce disque teinté de mythologie s'achève dans un crescendo de chœurs à tue-tête, passant de la douceur à l'excitation rallongée par l'écho. Une volonté de complexité dans une évidente simplicité couplé à des compositions grandioses et joyeuses font la force de cet album. L'un des premiers disques de l'année à retenir.
tracklisting
    01. Act 1 (The Pilgrim)
  • 02. On A Grassy Knoll (We'll Bow Together)
  • 03. Swallow
  • 04. The Nether (Face To Face)
  • 05. Act 2 (Their God)
  • 06. Broken Ark
  • 07. Gymnopédie
  • 08. Eidolon
  • 09. Act 3 (The King Of My Decrepit Mountain)
  • 10. Untitled
  • 11. My God
  • 12. Mountain Song
titres conseillés
    Gymnopédie, On A Grassy Knoll (We'll Bow Together), Swallow
notes des lecteurs