Ouverture des festivités avec The Death Set, trio de Brooklyn qui commence avec un petit hommage à Michael Jackson (on aurait pu compter les hommages dans tous les concerts du festival, mais de toute façon on connaît le résultat : un paquet). Leur musique fonctionne principalement autour d'une boîte à rythme et de mélodies pré-enregistrées, et on ne sait jamais trop si ils jouent vraiment ou pas. Quelques moments bien enlevés rappellent qu'ils sont effectivement présents sur scène, mais ça ne suffit pas pour faire la différence.
I Like Trains pourrait être tout aussi inepte que n'importe quel sous-Libertines du moment, mais par-dessus la fadeur des accompagnements, sans texture, sans odeur, il y a cette très belle voix grave, à la Morissey, qui ne peut qu'emporter les suffrages. C'est lent, c'est cool, c'est prenant; au moins pour n'importe quelle fille à qui une belle voix suffit pour être conquise.
Le grand nom de la journée, c'est I AM. C'est le seul concert pour l'instant où l'on voit véritablement tous les festivaliers converger vers la grande scène, et le public, en matière de tubes, va être servi. Après une introduction par un DJ, le groupe entre en scène et enchaîne les chansons, laissant d'emblée au public le soin de chanter les refrains qu'il connaît par coeur. La setlist donne l'impression qu'entre L'Ecole du Micro d'Argent et Saison 5, il ne s'est pas passé grand chose; mais il est clair que Petit Frère ou Pas Nés Sous la Même Etoile sont des références inoubliables. Petite session Michael Jackson aussi, assez drôle quoiqu'un peu trop mise en scène; le moonwalk est donc soluble dans le rap français. Grosse ambiance pendant tout le show, le contrat est rempli.
Mais le grand moment de Dour, c'est juste après et c'est plus surprenant, avec Gong. Le groupe de Daevid Allen, issu de la Canterbury Scene et de voyages divers (géographiques et psychotropiques), n'est pas composé de jeunots, comme l'imbécile au micro qui présente chaque concert se fait un malin plaisir à rappeler (« Quand même hein, y'a pas d'âge pour faire du rock'n'roll »). Et pourtant. Devant un public de festival, qui n'est donc pas constitué que de nerds passionnés par le prog, ça marche du tonnerre. Gong, ou comment faire danser un parterre en folie avec un solo de flûte traversière. A l'écran, un genre de dessin animé plutôt soigné, reprenant les éléments de la mythologie du groupe, de la théière volante à Zero the Hero en passant par le fameux camembert électrique, le tout plein d'effets psychédéliques qui rappellent que les années soixante-dix, ça devait être sympa, quand même...
Difficile après ce climax d'apprécier la fin de 65daysofstatic, quoique ce soit joli et dansant. Et puis tout le monde n'est pas capable de faire tenir sa guitare par le manche sur son menton: le spectacle en vaut la peine et force le respect.