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Festival Marsatac

Marseille, du 29 septembre au 1er octobre 2011

Live-report rédigé par Olivier Kalousdian le 12 octobre 2011

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Samedi 1er octobre. En ce début d’automne, difficile de croire que les plages sont pleines de monde et que les enfants barbotent encore dans la belle bleue. A Marsatac, la conférence de presse de l’organisateur a lieu à 20h et notre rendez-vous pour une interview avec Death In Vegas est fixé à 18h30. Mais, quand nous nous présentons devant les grilles de la Belle de mai, vers 18h, ce ne sont pas moins de trente journalistes, caméraman ou photographes qui attendent que la sécurité reçoive des ordres pour les laisser rentrer ! L’organisation de Marsatac doit s’améliorer.

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Profitant du soleil jusqu’au bout sur la terrasse de l’espace presse, nous partons écouter le régional de l’étape dans cette soirée dédiée à l’électro-rock, Oh! Tiger Moutain. Drôle de nom pour ce duo marseillais composé d’un guitariste chanteur et d’un bidouilleur d’électronique et de claviers. Résultat incertain sur des influences folk, blues et rock agrémentées de sons synthétiques. D’autant que le groupe est programmé dans la plus grande salle du festival, la Cartonnerie, aux deux tiers vide à cet instant.
Skip The Use, autre formation française iconoclaste dans la veine de Stupeflip dont le leader Mat Bastard est un fervent amateur des provocations scéniques avec ou contre son public. Concert ultra attendu et affichant complet dans une ambiance chaude et musclée. Mat enflamme son public avec une énergie et des mélodies entre Fishbone et Bloc Party. Une belle prestation malgré les lumières et le son du Cabaret, toujours aléatoires...

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Dans le même temps, la scène Seita accueille un groupe encore inconnu dans le sud de la France et à peine plus dans le nord d’où les musiciens sont originaires. Qualifié d’inqualifiable, GaBLé n'est pas qu'un nom sorti de nulle part. Trois showmen et woman avec leur barda d’instruments improbables jetés à leurs pieds et employés au gré des titres, ici pour faire sonner une corne de brume ou par là pour casser une cagette de bois devant un micro. De l’électro rock théâtrale vécue à fond par les trois normands un brin allumés et un succès très mérité pour des titre parfois dignes des Résidents !
Autre OMNI de la soirée, Cascadeur. Fils naturel de Daft Punk et Air, Alexandre Longo est plutôt un enfant sage. Derrière ses claviers et son déguisement de cascadeur (c’est marqué sur lui !) en combinaison argentée et casque de Mig 31 avec étoile rouge, Cascadeur joue des mélodies spatiales, sans percussions ou presque. Ballades lentes et romantiques au son du piano, parfois accompagnées de chœurs préenregistrés, cette prestation et ce son ne convainquent pas les marseillais. Également programmé dans la plus grande salle, elle est à moitie pleine au départ et finira quasi vide avant la fin du set.

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Un des groupes les plus en vue de l’organisation dans la programmation s’appelle The Death Set et vient d’Australie. Punk rock tendance skate board, The Death Set ne s’embarrasse ni de fioritures scéniques ni de complexités mélodiques. Slap Slap Slap Pump Up Down Snap ; pour ceux qui n’ont jamais vu Suicidal Tendencies ou Rage Against The Machine en live, ceci est un vrai cours de rattrapage aussi irrévérencieux que qualitatif ! La condensation coule du plafond.
Arrive ensuite la tête d’affiche du festival, qui a pour habitude de ne pas trop jouer sur les groupes stars mais sur une programmation plutôt éclectique pour ne pas dire linéaire ; le groupe dont on attendait l’improbable retour depuis sept ans ; Death In Vegas. On était sceptique quant à l’aura d’une formation qui a connu ses heures de gloire dans les années 2000 sur un public marseillais très jeune et dans une ville où la musique expérimentale n’est pas non plus l’emblème. Surprise, la foule est là et se presse bien avant le concert pour se faire une place près de la scène.
Habitués des titres à rallonge à l’intensité progressive jusqu’au paroxysme (Dirge), Death In Vegas sait aussi manipuler le dub, l’électro et le psychédélique dans un style qui n’appartient qu’à lui et se revendique de formations mythique telles que Primal Scream ou Sonic Youth. Hélas, trois fois hélas, Richard Fearless est désormais privé de Tim Holmes, sa moitié, et, surtout, avec l’intention de revisiter son répertoire légendaire (Aisha, Girls...) sans ses invités prestigieux (Iggy Pop, Paul Weller...) évidemment et à l’aide de boucles préenregistrées et d’une utilisation trop intense des machines pour pallier les voix manquantes.

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En pleine promotion de leur quatrième album officiel, revisitant la techno transe des années 90, des titres comme Leather ou Cocaine And Gin prennent, ce soir-là, toute la dimension nécessaire à leurs sonorités hypnotiques. Death In Vegas, c’est aussi des titres aux mélodies rugueuses mais nettes et identifiables à la première écoute. Or, Richard Fearless a choisi de noyer l'ensemble dans un son synthétique hypnotique constant, jouant la perte de repères, au sens propre comme figuré. Les plus novices ne tiendront pas la moitié du set, ne sachant plus s’ils se sont trompés de références ou si tous les titres joués ce soir sont issus d’albums encore inconnus. Même pour les plus anciens et les plus fans, difficile de se faire une idée de la ligne suivie et du chemin emprunté par le groupe. Caché derrière un rideau de lumière trop opaque, le concert de ce soir est à l’image de cette dernière ; difficile à cerner et à la limite du retour en forme de gadin. Cette prestation, qui ne restera pas dans les annales, marque la sortie de Trans-Love Energies, dernier disque du groupe qui, s’il n’est pas à la hauteur des précédents, recèlent quelques pépites très nostalgisantes...

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Après un rapide aperçu de la fin des technoïdes masqués de The Toxic Avenger, la nuit s’annonce sous le signe de la free party avec une programmation alléchante, mais difficile à suivre dans son intégralité. Yuksek, The Subs, Rafale ou encore Mondkopf, qui jouera là un set hommage aux années 80s/90s, feront danser et remuer les 9000 festivaliers restés très tard en ce samedi soir. L’envie de se remuer pour les Marseillais est assouvie par le son très Prodigy de The Subs ou le style très Nasser, en moins rock, de Rafale. Passant de scène en scène, la fête durera jusqu’au petit matin pour les plus courageux et les moins rapidement imbibés !
Enfin, vers 4h30, le duo Allemand Modeselektor prend contrôle des machines et des cerveaux pour un set pourtant débuté très mollement. Ils clôturent la 13e édition d’un Marsatac qui en a proposé pour tous les goûts.

La conférence de presse aura été l’occasion d’évoquer les problèmes liés à la Belle de mai, de l’entrée du site aux capacités des salles - pour lesquelles l’idée d’un retour son et vidéo à l’extérieur séduit - et d’apprendre que, si ici les gobelets des bars ne sont pas consignés, c’est par choix écologique. D’après Orane, l’Ademe a rendu un rapport qui stipule que fabriquer, laver et sécher des gobelets consignés était plus dommageable en termes d’environnement que de proposer des gobelets plastique jetables. Affirmation qui n’a pas eu l’air de convaincre les bénévoles du tri qui ont vu quatre bennes sur cinq remplies de ces gobelets qu’il faudra bien brûler puisque ce plastique là ne se recycle pas.

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Toilettes sèches, cendriers (qu’on ne retrouve malheureusement pas toujours sur les autres festivals), tri et sensibilisation aux déchets, Marsatac s’est rangé du coté du développement durable depuis déjà quelques années. 23000 personnes se sont pressées à la Belle de mai et ont, pour une bonne partie, rejoint les pelouses du Palais du Pharo le lendemain après-midi pour le Chill Out du festival, l’after géant nommé Aires Libres où même les enfants pouvaient venir, gratuitement, écouter des musique électronique sous un chaud soleil d’automne de 10h à 19h.

À Marseille se mourait un quartier appelé la Belle de mai. Marsatac, se jouant de la volonté pas toujours enjouée des autorités, aura prouvé, l’espace d’un week-end, que plus la crise est sévère plus l’effort culturel est primordial et salvateur, notamment pour une ville qui a toujours su gérer – avec des bémols depuis quelques années – sa multiculturalité et ses conflits dans la création et la musique. N’en déplaise à certains, les caméras et les micros sont bien mieux employés pour filmer et enregistrer les artistes en scène que des quartiers aseptisés.
artistes
    SKIP THE USE
    THE DEATH SET
    THE TOXIC AVENGER
    THE SUBS
    ARNAUD REBOTINI
    OH! TIGER MOUNTAIN
    CASCADEUR
    DEATH IN VEGAS
    YUKSEK
    MONDKOPF
    MODESELEKTOR
    GABLÉ
    HYPHEN HYPHEN
    RAFALE
    HOUSSE DE RACKET
    PLATEAU RADIO NOVA / GRENOUILLE
    NOOB
    JULIAN JEWEIL
    THE CREATORS PROJECT
    H5 / CAMILLE PETIT DBZ