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BBC - 6 Music Festival

Newcastle, du 20 au 22 février 2015

Live-report rédigé par Maxime Canneva le 23 février 2015

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samedi 21
Alors que le Tournoi des Six Nations bat son plein depuis maintenant plus de deux semaines, les réjouissances liées au monde du rugby ne font que commencer Outre-Manche. En effet, la perfide Albion accueillera cette année la Coupe du Monde et la ville de Newcastle au nord de l'Angleterre affiche déjà les couleurs du ballon ovale au-dessus de la rivière Tyne. Car quand il s'agit de plonger dans la mêlée, il faut reconnaître que les britanniques sont plutôt bons en la matière.
A tel point que lorsque arrive le jour de réserver ses billets pour le BBC - 6 Music Festival, on se demande s'il va être possible de transformer l'essai : avec une soirée sold-out en moins de trois minutes il aura fallu jouer des coudes et effectuer quelques plaquages pour récupérer le fameux sésame.

Il faut dire que pour la seconde édition de son festival, la célèbre station de radio britannique avait mis les petits plats dans les grands : alors que pour la soirée d'ouverture du vendredi, Mogwai, Interpol, Sleater-Kinney etThe War On Drugs se partageaient l'affiche à la O2 Academy de Newcastle, c'est dans la moderne et intrigante enceinte en verre de la Sage Gateshead qu'il faudra se rendre pour un programme qui défriserait jusque la mise en plis d’Elizabeth II. Ce n'est en effet pas tous les jours que Hot Chip, Royal Blood, Jungle, Maxïmo Park, The Fall, Django Django, The Cribs, Gruff Rhys ou encore Villagers jouent au même endroit ! Et il faudra malheureusement réaliser des choix draconiens pour décider quel groupe aller observer ce soir.



Le coup d'envoi est donné à 17h30 précises par Maxïmo Park qui jouent ce soir à domicile et devant le grand hall déjà honorablement rempli. Affublé de son éternel ensemble « chapeau et chemisette », et toujours autant monté sur ressorts, Paul Smith arrive sur scène et prouve derechef qu'après cinq albums et plus de dix années d’existence, le groupe a toujours autant d'énergie à revendre que par le passé.
Avec des titres éternels comme The Coast Is Always Changing, Books From Boxes ou encore Apply Some Pressure, le ton est rapidement donné et les premières gouttes de sueurs ne tardent pas à parler du front de l’excentrique leader du groupe. Néanmoins, le public semble assez peu réactif aux titres issus du nouvel album Too Much Information, et seulement une demie heure de set ne suffira pas à vraiment montrer de quoi le groupe est vraiment capable en live. Il n'y a plus qu'à espérer une séance de rattrapage très bientôt !



Après une courte pause par la case bar, on comprend d'un coup ce qui sera le plus gros problème de la soirée : l'agencement des scènes. Alors que deux halls fermés contenant une vraie scène et des gradins accueillent une partie des concerts, la troisième scène (la Concourse) est quant à elle coincée... entre les escaliers de ces deux halls ! Résultat, mission presque impossible pour s'approcher de la scène où officient Villagers, dont les douces mélodies se retrouvent recouvertes par le bruit des allées et venues et conversations de la foule.



Mieux vaut prendre la tangente et aller voir ce que The Fall a à proposer. Actifs depuis maintenant presque quarante ans, et avec trente albums studio au compteur, le groupe dégage toujours une forte énergie sur scène. Presque sans interruption et s'apparentant plus à un bœuf qu'à un véritable concert, les bruits gutturaux de Mark Smith plongent le grand hall dans une atmosphère inquiétante pour un moment de rock à l’état brut qui se font de plus en plus rares ces temps-ci.



Nouveau changement de scène et nouvelle tentative d'entrevoir quelque-chose sur la scène du Concourse pour le DJ set de Simian Mobile Disco : accompagnés par un mix vidéo aussi bruité que leur musique, l'électro un peu trop poussée du duo ne convainc pas vraiment le public présent qui une fois encore se montre assez peu réactif. Peut-être cela est-ce aussi dû à l’heure encore peu avancée : une telle performance aurait assurément mieux trouvé sa place en clôture de soirée. Dommage car le duo londonien est pourtant capable de délivrer un set électro d’une efficacité redoutable.



On reprend finalement place dans le grand hall pour l'une des surprises de la soirée. Ce n'était clairement pas celle qu’on attendait le plus pour ce festival, mais Kate Tempest, forte d'un premier album sorti l'année dernière, arrive à électriser l'audience avec sa musique oscillant entre hip-hop, rap et électro, toujours très bien accompagnée par des percussions ou des claviers venant lui donner une dimension totalement nouvelle et novatrice. Pas facile néanmoins de suivre son flow et il faudra se replonger dans son album et avoir sous les yeux tous les lyrics pour comprendre tout le message que l’artiste cherche à faire passer.
Celle-ci conclut son set par un appel à « ne pas fermer les yeux sur les heures sombres que l’humanité vit actuellement ». Sans viser d’évènement en particulier, le message a le mérite de montrer que l’artiste garde les pieds sur terre et le monde qui l’entoure par un message de solidarité à la portée internationale.



Vient alors l'heure du choix, m'amenant à maudire intérieurement le programmateur de la soirée, qui a choisi de faire jouer Royal Blood, Jungle et Django Django tous les trois à la même heure. La poire sera finalement coupée en deux avec une demie heure pour les premiers, une demie heure pour les seconds, et une petite larme pour les derniers.
L’intervention de Royal Blood sera d'une brutalité toute aussi intense que compassée, lorsque le duo et son décor minimaliste entrent sur la grande scène avec l’incandescent Come On Over. Les titres de leur premier album éponyme sont alors égrainés avec une efficacité redoutable, provoquant d’énormes frissons mais également de nombreux pogos dans le public.
Le plus grand et absolument fascinant mystère du groupe (qui est sûrement l’une des raisons de son incroyable succès) réside toujours dans la façon dont Mike Kerr arrive à faire sonner sa basse en véritable travestissement de guitare électrique. Le set quant à lui est carré, rodé de telle façon que rien n’en dépasse : le duo avance tel un rouleau-compresseur, ne laissant aucune chance à son public de s’en sortir indemne.



Après quatre titres hypnotiques il est alors extrêmement difficile de s’arracher à l’aimant Royal Blood, pour un changement total d’ambiance avec le set de Jungle.
Toujours accompagnés sur scène par de nombreux musiciens, les sympathiques « J & T » ont déjà réussi à conquérir le public de la scène du Concours. Compte tenu du timing déjà avancé, il faudra se contenter des trois derniers titres de la setlist. On les savourera d’autant plus que les fabuleux Busy Earning et Time seront accompagnés par un cœur d’une quinzaine de choristes, qui ne trouvant pas de place sur la petite scène investiront l’escalier le plus proche ! Ce moment surréaliste où le refrain de Time sera repris « one more time, for the pleasure » représentera à lui seul le point d’orgue de la soirée et suffira à pardonner tous les petits ratés à l’organisation.



La soirée touche bientôt à sa fin que s’annonce l’une des plus grosses têtes d’affiches du festival : Hot Chip. La sortie de leur sixième album vient tout juste d’être annoncée et le groupe est vivement attendu sur la grande scène pour voir comment rendent en live leurs nouvelles compositions.
Faisant leur apparition sur les coups de 22h, leur accoutrement excentrique annonce la couleur d’un show aussi électrique que réjouissant. Tous les albums seront passés en revue durant l’heure de set, mais le gros bémol viendra du fait que les titres des londoniens sonnent définitivement à des années lumières de leurs versions albums. Même si les hits Over And Over ou encore One Life Stand retourneront la fosse de plaisir, difficile de retrouver le même frisson que provoqué par ces mêmes titres sur leurs albums respectifs. Néanmoins la performance n’en reste pas moins une grande réussite et clôture cette journée de festival sur une note plus que positive.

La soirée aura donc été une grande réussite, même si on aura très vivement regretté de ne pas pouvoir assister aux concerts de Django Django, Gruff Rhys ou encore The Cribs. Note pour le prochain festival en terre britannique : acquérir le don d’ubiquité.
Le BBC - 6 Music Festival continue quant à lui également ce dimanche son chemin avec une programmation toute aussi alléchante que les jours passés, confirmant son statut de nouveau rendez-vous incontournable de l’autre côté de la Manche.
artistes
    Gruff Rhys
    Jungle
    Simian Mobile Disco
    Villagers
    Kate Tempest and Eliza Carthy
    Hot Chip
    Royal Blood
    Kate Tempest
    The Fall
    Maxïmo Park
    The Cribs
    Django Django
    Ibibio Sound Machine
    Father John Misty
    Ghostpoet
    Craig Charles
    Stuart Maconie
    Ady Croasdell
    Richard Searling
    Jamie xx
    Four Tet
    Gilles Peterson
    Mary Anne Hobbs