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Rock en Seine

Paris, du 26 au 28 août 2016

Live-report rédigé par Fab le 4 septembre 2016

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Cette dernière journée du festival Rock en Seine s'annonce comme la plus alléchante et prometteuse de ce cru 2016. Entre têtes d'affiche populaires (Foals, Iggy Pop), retours inespérés (Soulwax, Ghinzu), valeurs sûres (Editors) et moult découvertes, rares seront les moments de répits durant ce dimanche 28 août.

Si l'atmosphère se révèle moins étouffante que les deux précédents jours, le soleil est toujours bel et bien au rendez-vous et le public très nombreux dès les premiers concerts. Sur la Grande Scène, Blues Pills, pourtant habitués aux petites salles, passent ainsi un test d'ampleur face à une imposante foule. Avec leur savant mélange de rock psychédélique et de blues, les membres du quatuor aux origines diverses et variées ne font pas dans l'originalité mais l'efficacité. Tous appliqués derrière leurs instruments, ils laissent à la seule Elin Larsson, occupée tout au long du set à arpenter la scène microphone en main, le soin de communiquer et faire monter l'ambiance. Sa voix puissante et un charisme certain complètent ainsi une recette appréciée par des festivaliers désireux de se laisser emporter par leurs embardées électriques.

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Une petite heure plus tard, ce sont des habitués des principaux festivals d'Europe et du Royaume-Uni que l'on retrouve : Editors. A l'image de leurs prédécesseurs sur cette même scène, les anglais laissent à leur leader Tom Smith, impeccable comme toujours au chant, la lourde charge de les mener vers le succès aujourd'hui. Faisant parler un savoir-faire n'étant plus à démontrer, la formation démarre son set sur les chapeaux de roue en livrant quelques uns de ses principaux succès, à l'image de Smokers Outside The Hospital Doors, Munich ou encore The Racing Rats. Paradoxalement, si leur univers ne s'est jamais montré aussi accessible et pop que sur leurs deux derniers albums en date, ce sont bel et bien les singles de leurs premiers disques que le public attend avec impatience aujourd'hui. Forgiveness, Ocean Of Night ou l'ultime Marching Orders ne laisseront guère un souvenir impérissable, au contraire d'un très prometteur inédit, The Pulse. Il ne fait guère de doute qu'Editors ne sont jamais aussi en verve que lorsque les guitares sont de la partie...

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Sur la Scène de la Cascade, le changement d'ambiance est par la suite radical alors que monte sur scène l'un des paris de cette édition 2016 : Gregory Porter. Retranscrire des compositions jazz en plein après-midi face à des milliers de personnes, pour beaucoup novices, aurait pu tourner au fiasco, mais l'américain, parfaitement accompagné par un quatuor mêlant saxophone, contrebasse, piano et batterie, fait preuve aujourd'hui de tout son talent pour conquérir l'auditoire. Avec des instruments omniprésents et des ambiances toutes aussi envoûtantes que sa voix, Gregory Porter signe contre toute attente l'une des belles réussites du jour et même du week-end.

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De retour sur la Grande Scène, le succès populaire du jour est à créditer à Sum 41. Rarement une telle foule aura été observée en pleine journée durant le week-end sur une même scène, et pourtant le "spectacle" proposé par Deryck Whibley et les siens fait quelque peu peine à voir en 2016. Les morceaux se suivent et se ressemblent, certes dans une ambiance bonne enfant, mais la faiblesse globale du répertoire de la formation n'aide guère à convaincre les sceptiques. Là où The Offspring avaient su conquérir le public avec un set sous forme de Best Of l'année passée, Sum 41 restent enfermés dans les mêmes recettes qu'à leurs débuts, misant sur une pop punk sans saveur et gardant pour la clôture de leur set deux des rares titres sortant du lot : Fat Lip et In Too Deep. De quoi se convaincre que certains feraient mieux de ranger les armes avant d'être placés au rang de has been.

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Près de dix années après avoir tutoyé les sommets avec leur album Blow, Ghinzu semblent encore et toujours chercher leur voie. Certes leur dernier disque en date, Mirror Mirror, leur avait permis de connaître une seconde jeunesse, mais voilà désormais déjà plus de sept ans qu'aucune nouvelle sortie n'est venue enrichir leur discographie. Aujourd'hui, sur la Scène de la Cascade, les cinq belges vont nous remémorer le temps d'une petite heure les raisons de leurs succès passés. Après une entame un peu hasardeuse, exception faite de l'efficace mais putassier Cold Love, le temps de présenter une série de chansons que la majorité du public découvre, la montée en puissance du groupe est inévitable à l'image d'un John Israel se lâchant de plus en plus, qu'il arpente la scène ou prenne place derrière son clavier. Ultra-efficaces avec un électro-rock somme toute raffiné et surtout explosif, le set prendra son envol durant le dernier quart d'heure avec un Do You Read Me très attendu tout comme Jet Sex. Ne reste plus à Ghinzu qu'à concrétiser les promesses du jour à travers la sortie d'un nouvel album.

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Un court déplacement plus tard, nous voici sur la Scène de l'Industrie alors que CHVRCHES s'apprêtent à donner le dernier concert en Europe de la tournée ayant suivi la sortie de Every Open Eye. Point de surprise, la recette du trio est désormais parfaitement rodée et pour ainsi dire irrésistible : alors que Iain Cook et Martin Doherty n'auront de cesse ce soir de s’affairer derrière leurs claviers, sampleurs et autres machines, Lauren Mayberry arpente quant à elle sans cesse la scène pour haranguer le public et dynamiser un peu plus encore des compositions électro-pop dont l'efficacité n'est plus à prouver. Tous leurs tubes vont ainsi s'enchaîner sans sourciller ce soir face à un public ayant préféré danser en compagnie du trio plutôt que s'agiter avec l’icône Iggy Pop. On retiendra évidemment les hymnes Gun et The Mother We Share, les efficaces Clearest Blue et Empty Threat ainsi que High Enough To Carry You Over et Under The Tide durant lesquels Martin Doherty prendra place au chant avec une motivation certaine en dépit de ses limites vocales. Cinquante minutes sans temps mort pour un groupe désormais près à se consacrer à son prochain album.

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Si ces trois jours ont connu certains creux ponctuels dans leurs programmations respectives, cette fin de week-end se présente avec un dilemme pour beaucoup : alors que Foals s'apprêtent à achever un triptyque entamé avec des prestations à Reading et Leeds, Peaches et Soulwax sont eux aussi attendus sur scène. C'est à la formation d'Oxford que nous accordons au final notre attention, six mois après une double apparition remarquée dans la salle de l'Olympia. Point de fioritures ce soir, Yannis Philipakis et les siens ont choisi de concocter une setlist impeccable reprenant les temps forts de chacun de leurs disques. Aguicheurs avec My Number, envoûtants tout au long de Spanish Sahara, ou carrément destructeurs avec la puissance de peu déployée durant Snake Oil ou Inhaler, Foals livrent l'un des meilleurs concerts du week-end. Leur rappel à l'issue d'une trop courte heure de set viendra effacer la frustration naissante : après un What Went Down attendu, le revenant Cassius et le survolté Two Steps, Twice achèvent de convaincre les milliers de fans que le groupe méritait bel et bien sa place ce soir en clôture du festival.

A l'heure du bilan, cette édition 2016 de Rock en Seine s'est révélée inégale avec son lot de déceptions, attendues ou non. On préfèrera retenir, à l'image des 110 000 personnes présentes ce week-end, les coups d'éclat de Sigur Rós, Foals, Slaves ou encore Two Door Cinema Club.
artistes
    Blues Pills
    Editors
    Sum 41
    Iggy Pop
    Foals
    Kevin Morby
    Gregory Porter
    Ghinzu
    Cassius
    Maestro
    KillASon
    Miike Snow
    CHVRCHES
    Soulwax
    Imarhan
    Bibi Bourelly
    Little Simz
    Aurora
    Peaches
    Tiwayo
    Pogo Car Crash Control
    JP Manova
photos du festival