This Is Not A Love Song

En cette troisième et dernière journée du festival This Is Not A Love Song, le soleil commence à frapper fort sur Nîmes.

Les Américains de Whitney ont bien du courage à jouer sous une chaleur étouffante. Leur batteur trouve la parade en se couvrant d'une serviette sur la tête qu'il portera tout au long de leur set. Leur musique est en harmonie avec le temps, radieuse et ensoleillée. De la belle pop bien ouvragée aux relents de Beach Boys évidents. La meilleure manière de bien débuter la journée.


Je n'ai jamais accroché avec Frank Carter & The Rattlesnakes trouvant son punk trop commercial et mainstream. J'en ai la confirmation en regardant le début de son set qui me fait penser à Muse. Je préfère aller voir Kokoko! qui délivre un afro-beat positif et fait penser à Fela Kuti. Leur joie de jouer est communicative et apporte une jolie ambiance festive sur le site. La canadienne Laura Sauvage délivre un set délicieux de pop de grande qualité. Une belle voix, des guitares bien rock et tranchantes et un set on ne peut plus convaincant.


Les Anglais de Slaves ont reçu cette année le NME Award du meilleur groupe scénique. Une récompense amplement méritée lorsque l'on voit leur set plein de furie et de rage. Slogans anti-capitalistes, contre le consumérisme, assortis d'une énergie folle, on en redemande. Le batteur tape comme sur un forcené sur ses fûts et le chant se fait sauvage. Le groupe est en osmose totale avec le public et délivre un concert d'une intensité rare. La musique de Slaves possède un côté hypnotique et plus le concert avance, plus on entre en phase avec elle. Elle est construite comme une montée progressive qui amène au coda. L'un des meilleurs sets du festival dans une ambiance de folie. Chapeau à ces deux musiciens d'être capables de donner autant d'eux-mêmes sous une telle chaleur. Slaves est un groupe qui ne triche pas et s'avère d'une totale honnêteté tant dans sa musique que dans ses propos. Un groupe incontestablement important.

Je ne vois que la fin du set des australiens de POND dans une salle surpeuplée. Des membres du groupe font aussi partie de Tame Impala. Ils délivrent une musique dans le ton de ces derniers entre pop et psychédélisme. Agréable et relaxant.
Le concert de The Black Angels est tout simplement magnifique. Le groupe est devenu depuis plusieurs années le fer de lance du revival psychédélique et montre avec ce set pourquoi il mérite cette couronne. De longs morceaux planants, des vidéos évidemment stroboscopiques dans une atmosphère néo 67 particulièrement trippante. Le groupe ne se contente pas de longues jams improvisés comme c'est parfois le cas avec les artistes oeuvrant dans ce genre musical. Leurs morceaux sont de belles compositions pop à l'écriture complexe et sophistiquée. On passe un excellent moment en leur compagnie.


Un dilemme qui, pour moi, n'en est pas un, Teenage Fanclub jouent en partie à la même heure que The Black Angels mais il est hors de question de rater ne serait-ce qu'une minute d'un concert des Écossais. La salle est peu remplie lorsque leur set débute car une majorité du public semble être venue pour les américains. Le concert se concentre essentiellement sur des titres du dernier album et de Songs From Northern Britain. Teenage Fanclub ont prouvé l'an dernier avec Here que près de trente ans après la création du groupe l'inspiration est toujours au rendez-vous. Il n' y a qu'à entendre Hold On, I'm In Love, The Darkest Part Of The Night ou Thin Air pour en être convaincu. Les titres de Songs From Northern Britain, vingt ans après la sortie de l'album n'ont pas pris une ride.
Start Again (qui ouvre le concert), I Don't Wanna Control You ou Can't Feel My Soul ont toujours ce charme pop évident, marque de fabrique depuis leurs débuts. Le groupe joue évidemment des titres de Bandwagonesque, l'album qui les a révélé au public : l'intemporel Star Sign et The Concept, hymne majestueux aux guitares ciselées. Le concert s'achève par Everything Flows, tiré de leur premier album A Catholic Education pour un résultat beau à se damner. Il y a dans ce titre tout ce qui fait la richesse de Teenage Fanclub : la quintessence pop, la douceur des harmonies et une mélancolie profonde. Les guitares sonnent comme Neil Young à son meilleur, le titre s'étire sur de longues minutes et l'on aimerait qu'il dure encore et encore pour ne jamais finir. Lorsque les lumières se rallument, on reste de longues minutes, pantois, subjugué par la beauté de ce groupe et l'on a qu'une envie : les remercier d'exister.

On part ensuite assister à la fin du set de Royal Trux qui œuvrent dans un registre fort éloigné de Teenage Fanclub mais néanmoins tout aussi captivant. Avec les lumières rouges sur scène et les masques des membres du groupe, on a l'impression s'assister à une messe noire ou quelque chose du genre. Le son ultra expérimental ajoute à cette atmosphère étrange. Assez fascinant, il faut bien le dire.


King Gizzard And The Lizard Wizzard parachèvent de la meilleure des façons une journée particulièrement riche. Le groupe australien délivre un rock psychédélique lourd qui emprunte également à un son heavy réminiscent de Black Sabbath. A d'autres moments, le combo s'envole vers de longues digressions prog-rock du meilleur effet.

C'est le dernier concert de la soirée et le dernier du festival. La grande salle est bondée. Il y règne une ambiance de feu avec un public qui ne veut pas que la soirée s'achève. Le groupe semble galvanisé par cette atmosphère et délivre un set en tous points remarquable. L'atmosphère est exceptionnelle et l'on a l'impression d'être au Fillmore East en 1967.

Une dernière journée sublime en guise d'apothéose. On quitte Paloma triste que tout cela soit déjà fini.