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Eurockéennes

Belfort, du 6 au 9 juillet 2017

Live-report rédigé par Simon Cordat le 16 juillet 2017

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On le savait, le festival des Eurockéennes de Belfort est souvent programmé avec de nombreuses pointures musicales du moment. C'est ce que nous avons vérifié lors de notre passage en terres franc-comtoises. Alors certes, on s'attendait à vivre un séjour intensif, avec cette fréquentation absolument démente, mais pas à ce point. Si chaque édition est assez variée, nous avons eu le droit cette année à du grand, très grand festival. La preuve ? 130 000 spectateurs durant quatre jours, qui ont arpenté la magnifique presqu'île de Maurency, lieu de défouloir notoire dicté par la chaleur de l'extrême et les grosses gouttes de pluie. L'expérience de la fameuse expression « les Eurocks sans la pluie, c'est pas les Eurocks » nous fait tournoyer dans l'ivresse musicale. Cette année encore, on reste marqués de souvenirs incroyables que l'on aimera repartager. Car bien évidemment, l'amour de la musique prend le dessus sur la fatigue accumulée durant quatre jours. Entre le camping aux allures de club qui tourne H24, l'accent franc-comtois et des concerts plus hallucinants les uns que les autres, on l'a compris, c'était la fête de la musique non-stop. De la violence.

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Pour entrer dans le vif du sujet, Archie & The Bunkers accueillent les premiers arrivants sur la scène de la Loggia. C'est un groupe assez atypique, une bête hybride croisée entre les Clash et les Doors version chaotique, avec d'une voix qui rappelle l'esthétique garage. Les musiciens deviennent de vraies bêtes de scène lorsqu'ils jouent de leurs instruments tout en dégoulinant l'idéologie punk. Les deux frères O'Connor, très jeunes (14 et 17 ans) sont déjà très professionnels. Ils se sentent bien avec la scène, d'où l'énergie ultra singulière de leur set. Treize chansons qui relient les seventies à la testostérone, et qui nous laissent imaginer qu'ils sont un potentiel héritage des Stooges. Précisons tout de même que leur musique n'est pas forcément facile d'accès, mais leur prestation live aurait pu faire faire mentir les plus sceptiques. Prestance folle et grosse dynamique, on pourrait simplement leur reprocher d'être toujours à fond. Une bonne entrée en matière sachant que le groupe devait assumer l'ouverture du festival, un exercice jamais facile que les interprètes ont résolu la tête haute.

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Nous passons voir un autre duo par la suite. Vous savez, deux frères également très jeunes. On retrouve donc The Lemon Twigs sur la grande scène, et eux prônent la renaissance du David Bowie période glam-rock. Ce sont des surdoués. Virtuoses de leurs instruments respectifs, nous sommes face au petit-fils caché de Keith Moon à la batterie, et au leader digne d'un Brian Wilson fou. Le public venu en masse acclame sous la chaleur affolante cette vague de pop-psychédélique qui émane des gigantesques haut-parleurs. Le glam et le kistch pop sont-ils morts ? Bien sûr que non. Absolument pas, même. Ils tiennent la baraque, faisaient le show et le public en redemande, comme émerveillé par leur talent hors normes.

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Des centaines de mètres plus loin, on retourne à la plus petite scène du festival pour retrouver du sang anglais avec le groupe Shame. Le public est déjà bien chaud, en fait. Et pour cause, Shame sont de joyeux vivants qui se donnent eux aussi à fond. On aurait pu hésiter entre un revival presque The Stone Roses/The Clash et, parfois, quasi Sonic-Youth-esque dans un rythme soutenu de rock transcendantal, la voix rauque aidant à la virulence de leur musique. Le public est réceptif, allant jusqu'à envoyer au chanteur quelques chapeaux de paille distribués sur le site. Si le groupe possède une bonne présence scénique, leur son live pêche un peu à cause des basses trop envahissantes. En revanche, on a apprécié les chansons « hymnes » à la Kasabian et les ambiances plus ralenties venues harmoniser le set. Intéressant et barré, un côté que l'on retrouvait déjà dans leurs disques.

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21h sur la scène de La Plage : il s'est passé quelque chose de vraiment magique au moment où Kevin Morby a pris possession du temps, des lieux, de nos tympans. Touchant un songwriting de l'espace, tous les sons s'attachent, caressent et envoient cette aura positive. Un concert fantastique avec la sensation de douceur qui nous a envahis pendant Destroyer, le meilleur accompagnement musical possible pour apprécier le soleil descendant à l'horizon. Le groupe est à l'image d'un albatros pink-floydien et, sans aucune prétention de la part des membres qui le constituent, leur musique devient une personne qui vous tient par la main. Vous l'avez compris, déjà l'un des meilleurs concerts parmi le reste des autres jours, un contemporain pop-lunaire à découvrir d'urgence pour les retardataires.

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Quelque chose de plus violent nous attendait sur la scène de la Greenroom. Soulwax sont installés sur un décor blanc industriel pour jouer leur électro très percussif et hypnotisant. Les sons épais des synthétiseurs analogiques (EMS Synthi AKS pour les puristes) rebondissent sur le jeu perpétuel du batteur sous forme de mélodies déstructurées. Le public est là en nombre pour se déhancher sur une musique qui nécessite un temps d'adaptation pour les non-initiés, mais qui bascule très rapidement dans l'ambiance d'un concert branché. Un hic pour le son de la régie réglé à un haut volume. Tout tremble lorsque les belges fabriquent le mur du son qui lie l'univers de la psy-transe et de la dance plus accessible. Le groupe a la touche poignante mais moins glaçante de Kraftwerk, en plus d'une batterie acoustique sur scène. Attention aux acouphènes quand même, quand on sait qui arrive à grands pas sur la grande scène...

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Iggy Pop est de passage ! Et comment dire... Comment fait-il pour être aussi en forme à chaque concert ? Nous qui avions déjà vu le monstre américain l'an passé, eh bien c'est aussi fou et différent. Une nouvelle équipe de musiciens incroyables. Le volume sonore est très haut ; les guitares filtrées par la pédale wah-wah hurlent souvent. De toute façon, tout le monde est d'accord pour dire que l'ex-Stooges est l'incarnation de la rock star authentique que l'on se représente à peu près tous. Le set de chansons est un bon compromis de toute la carrière d'Iggy : depuis les morceaux des Stooges à Gardenia de l'album Post Pop Depression qui nous a transportés, pour finalement reprendre une énorme claque lors d'un rappel de quatre chansons. Il donne vraiment tout sur le concert millimétré qui ne déplait pas à la foule forcément immense. Personne n'a voulu le louper. Car peu importe ce qu'on écoute, son live est une expérience à faire au moins une fois dans sa vie. Et si on redescendait sur terre ? Car en effet, la soirée n'est pas finie.

À minuit, les festivaliers sont de plus en plus nombreux sur le site. Rapidement, le mouvement de foule coince toute la zone de la scène Greenroom jusqu'aux stands de nourriture. Les festivaliers tétanisés sauront de quoi on parle. Pour Jain, c'est déjà une folie pour pouvoir accéder au devant de la scène. L'ambiance est bouillante dès les premières notes. Élégante avec son col Claudine, la chanteuse délivre une électro-pop majeure et solaire. Quelques chansons sexy groovy aident à calmer l'énorme fourmilière. Beaucoup de visuels colorés diffusés sur les écrans étaient de mise dans un décor futuriste. La musique de Jain envoie des ondes de bonne humeur au plus grand nombre, car très accessible. L'artiste est cependant moins efficace à la guitare acoustique, que l'on distingue mal dans le mixage sonore. En revanche, on reconnaît qu'elle sait mettre une ambiance dévergondée par sa prestation. Comme nous le disions précédemment, un concert fou marqué par les mouvements de foule démesurés.SOV
Dernier set du jour, joué par DJ Snake sur la grande scène. Après une introduction sonique, le set démarre. Le musicien fait dans la dubstep perçante et l'electro ultra violente qui multiplie les drops de basse à chaque minute. Se résumant beaucoup à l'effet de crescendo dans une collection de remixes et mash-up, la musique est agressive, parfois gratuite. Les survivants du public sont réceptifs et déchaînés, remarquons que l'ambiance est à son comble. La Grande Scène devenue un club ambulant s'éteint à 2 heures dans un chaos démoniaque. Nina Kraviz finit aussi son concert techno dans un tempo de mitraillette. Ce premier jour qui a démarré en trombe nous a fait nous demander comment tenir trois autres jours à un rythme de feu. Le lendemain, de grands groupes nous attendent et promettent autant d'intensité.
artistes
    DJ Snake
    Iggy Pop
    Jain
    PNL
    Nina Kraviz
    Petit Biscuit
    Soulwax
    The Lemon Twigs
    Archie & The Bunkers
    FAIRE
    Kévin Morby
    La Chiva Gantiva
    Mick Jenkins
    Serge Bozon
    Shame
    The Orwells
photos du festival