Second jour de la toute première édition de Lollapalooza Paris, après un samedi à la musique lumineuse et ensoleillée malgré une météo qui aura laissé filtrer quelques gouttes de pluie. Mêmes températures pour la journée du dimanche avec un line-up tout aussi excitant et bien plus rock'n'roll.
Pendant que les canadiens de
Walk Off The Earth déballent leur rock reggae sur la Main Stage 1,
Tom Odell et son groupe jouent eux en ce milieu d'après-midi sur la scène alternative. Le jeune chanteur anglais y interprète ses chansons sans jamais vraiment éblouir mais parvient néanmoins à retenir l'attention grâce à un dynamisme constant.
C'est évidemment avec
Another Love, sur laquelle le public chante en chœur, que Tom Odell fait danser le plus grand nombre, titre que les gens visiblement attendaient avant de pouvoir assister au prochain concert.
Ce qui n'est hélas cependant pas pour tout de suite si l'on aime un tant soit peu la musique,
Rival Sons jouant sur la Main Stage 2 sans aucun autre groupe au même moment – si ce n'est bien sûr la scène électro qui ne s'arrête jamais.
S'ensuit sur la Main Stage 1
Editors, lesquels jouent la carte de la « succession des tubes intemporels de leur répertoire jusqu'à ne plus pouvoir bouger les jambes » ! La formation anglaise débute sur l'inédite
Cold puis
The Racing Rats, démontrant tout le talent vocal de Tom Smith qui, quand il n'est pas derrière son piano, gesticule de part et d'autre de la scène, complètement habité.
Après deux enchaînements implacables –
Munich / Blood puis
An End Has A Start / Smokers Outside The Hospital Doors, placés innocemment en début et milieu de set – et deux autres nouvelles compositions abrasives (
Hallelujah, Magazine et son riff heavy), le groupe conclut sur
Papillon et sa mélodie épique sur laquelle le chanteur se donne alors comme jamais.
Après qu'Editors ont quitté la scène,
Liam Gallagher accompagné de ses musiciens foulent aussitôt les planches de la Main Stage 2. Les amoureux de britpop s'en donneront dès les premières notes à cœur joie, le chanteur consacrant une moitié de concert entièrement à Oasis !
Débutant sur les deux bien belles mises en bouche
Rock 'n' Roll Star et
Morning Glory, Liam Gallagher passe ensuite en milieu de set par les plats de résistance
D'You Know What I Mean? et
Slide Away avant de terminer sur les irrésistibles madeleines de Proust
Be Here Now et
Wonderwall. Le mancunien n'en oublie pour autant pas son
debut album à venir en octobre prochain, en en interprétant ici une bonne partie dont les deux excellents singles
Wall of Glass et
Chinatown.
Main Stage 1, 19h30. Pour tout fan des
Pixies, difficile de ne pas sourire béatement durant toute la durée de leur set : les américains enchaîneront rien de moins que dix-neuf titres sur tout juste une heure, le tout quasiment sans s'arrêter ! Tous les albums y passent (hormis
Indie Cindy, mais qui viendra s'en plaindre ?), que ce soit
Trompe le Monde (
U-Mass) comme
Bossanova (l'incendiaire
Rock Music), en passant par
Surfer Rosa dont le duo
Where Is My Mind?/Vamos vient parfaitement clôturer le show.
Bien que leur dernier album
Head Carrier soit naturellement mis sur le devant de la scène, c'est pourtant
Doolittle qui est le plus représenté en ce début de soirée dominical avec au compteur sept de ses compositions disséminées tout au long d'une setlist proche de la perfection. Mêlées à celles-ci, les compositions de
Head Carrier n'ont pas forcément à rougir,
Um Chagga Lagga et
All I Think About Now s'intégrant notamment assez bien parmi les mythiques
Hey et
Here Comes Your Man, faisant danser une assistance comblée.
Même si on ne peut pas dire que
Lana Del Rey ait été véritablement inspirée depuis son premier album, on se dirige tout de même ensuite vers la Main Stage 2, en droit de s'attendre à une performance décente de la part de la starlette new-yorkaise. Après deux morceaux sympathiques d'
Ultraviolence,
Born to Die est à l'honneur avec pas moins de quatre chansons issues de celui-ci, dont les beaux
Summertime Sadness et
Video Games. Alt-J débutant leur set en pleine performance de Lana Del Rey, direction l'Alternative Stage à 21 heures tapantes.
Fidèles à leurs habitudes,
alt-J nous offrent une prestation consciencieuse, fascinante, sur le fil mais qui sait toujours quand exploser. La formation de Leeds met l'accent sur son dernier opus tout en n'oubliant pas leurs meilleures compositions, des classiques
Fitzpleasure et
Tessellate à
Breezeblocks et son final dantesque, en passant par la douce
Matilda. Les morceaux tirés de
Relaxer viennent s'agrémenter de manière fluide dans la setlist, notamment l'entêtant
In Cold Blood ou encore
Hit Me Like That Snare et
3WW qui dévoilent une palette sonore assez différente.
Groupe culte par excellence, les
Red Hot Chili Peppers auront rameuté une bonne partie des festivaliers ce dimanche soir sur la Main Stage 1. Même si leurs trois derniers albums sont étonnamment davantage mis en avant que leurs plus grands tubes, les quatre californiens en auront toutefois fort heureusement interprété quelques-uns (
Californication, Me & My Friends, Can't Stop, l'indispensable
Give It Away de clôture) tout en s'essayant à diverses reprises, telles que la trop courte
I Wanna Be Your Dog (The Stooges),
Wicked Game (Chris Isaak) et
Higher Ground (Stevie Wonder).
Première édition réussie donc pour ce Lollapalooza Paris qui aura su nous offrir quelques belles exclusivités internationales. Mariant sur ses deux jours popstars mainstream et rockeurs iconiques, l'affiche aura su faire déplacer un public hétérogène, de tout âge et tout horizon.
Une musique plus pointue n'aurait parfois pas été de trop entre deux gros noms, afin de varier l'ensemble et permettre de nouvelles découvertes ou mettre en avant des groupes à couverture médiatique moindre, mais pour un premier jet on ne peut qu'être pleinement satisfait de ce nouveau festival français qui a tout à fait sa place parmi des Vieilles Charrues, La Route du Rock et autres Rock en Seine, proposant un rendez-vous musical estival unique et quelque peu éloigné de ses concurrents.