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Rock en Seine

Paris, du 25 au 27 août 2017

Live-report rédigé par Fab le 31 août 2017

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Après une première journée de qualité, ce samedi 26 août s'annonce pour le moins éclectique dans le domaine national de Saint-Cloud, le tout sous un ciel ensoleillé et alors qu'une très forte affluence est attendue.

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A 15h15, sur la Grande Scène, le premier concert du jour démarre toutefois péniblement. Le public n'est guère au rendez-vous et Ibibio Sound Machine, menés par la chanteuse Eno Williams affublée d'une tenue traditionnelle, peinent à convaincre. Fortement influencée par les origines africaines de la vocaliste du groupe, la musique du collectif puise dans de nombreux genres, du funk à la soul en passant par des touches électroniques plus modernes. En dépit de bonnes intentions, l'ensemble manque cruellement de relief et d'inspiration, l'ambiance ne monte guère et l'ennui pointe très rapidement le bout de son nez. Une erreur de casting tout simplement.

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Sur la scène de la Cascade, DBFC leur emboitent le pas mais ne se montrent guère plus convaincants avec leur électro-rock puisant dans de nombreux courants musicaux. Il faut ainsi attendre 16h15 et se déplacer vers la scène du Bosquet pour ressentir les premiers frissons de la journée avec Ulrika Spacek. Auteurs il y a peu d'un second album, Modern English Decoration, aux qualités reconnues par la critique, les cinq anglais vont valoir durant près de quarante-cinq minutes leur passion pour les guitares et les rythmiques tantôt krautrock tantôt plus planantes. Pour leur troisième concert dans la capitale depuis leurs débuts, Ulrika Spacek font toutefois preuve durant la première moitié de leur set d'une certaine timidité, chacun des membres du groupe semblant peiner à quitter son instrument des yeux. Progressivement, alors que des titres plus relevés et hypnotiques font leur apparition, le public leur ayant accordé sa fidélité semble se prendre au jeu. Un concert maîtrisé et des titres joués avec une belle application, ne manquaient sans doute qu'un petit brin de folie supplémentaire et un soupçon de tension pour quitter le quintet complètement sous le charme.

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Sur la scène de l'Industrie, les jeunes Lysistrata ont débuté leur concert depuis une vingtaine de minutes et parviennent à captiver une audience de plus en plus nombreuse avec un math-rock teinté de punk débordant d'énergie. Réunis au centre de la scène, les trois musiciens se répondent sans cesse vocalement, le plus souvent avec un chant crié, et des titres dont les parties instrumentales s'entremêlent et s'étirent à l'envie. Les grands vainqueurs du Prix Ricard S. A. Live Music 2017 n'étaient sans doute pas les plus attendus il y a quelques mois encore, mais à la faveur de prestations d'une telle intensité, gageons que le public n'a pas fini d'entendre parler d'eux.

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Perpétuant encore et toujours la tradition des formations belges accueillies à bras ouverts sur les scènes de France, Girls In Hawaii signent dans la foulée leur grand retour sur la scène de la Cascade, avant la sortie d'un nouvel album dans quelques semaines. Plus dociles que certains de leurs compatriotes, ils délivrent aujourd'hui un set de près d'une heure faisant la part-belle aux éléments les plus récents de leur discographie, présentant par la même occasion plusieurs nouvelles compositions accueillies chaleureusement. Parfois un peu trop sages dans leurs interprétations d'un répertoire folk rock s'autorisant quelques écarts vers la pop ou l'électronique de par des claviers très présents, ils n'en restent pas moins attachants et parviennent à tirer leur épingle du jeu à travers quelques pépites publiées à leurs débuts.

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Sur la Grande Scène, pour l'ultime concert de sa tournée, Jain est aujourd'hui parvenue à réunir tous les types de public, amassant une impressionnante foule que même les principales têtes d'affiche du festival n'auront su réunir tout au long des trois journées. Comme à son habitude, la jeune femme évolue affublée dans une petite robe noire et blanche au col Claudine, n'ayant de cesse de se mouvoir ou échanger avec le public, le tout dans un déluge de bons sentiments parfois excessif. Son univers coloré et une joie de vivre somme toute contagieuse lui permettent de faire grimper l'ambiance au fil des titres, notamment avec son tube Come attendu par beaucoup. Un moment de communion ayant visiblement séduit aujourd'hui toutes les générations.

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Aux environs de 20h, c'est un duo fortement lié à la France et son public que l'on retrouve à l'occasion d'une tournée célébrant quinze années de carrière : The Kills. Après de nombreux hauts et quelques bas, c'est accompagnés de deux musiciens aux claviers et à la batterie qu'ils évoluent désormais. Si les concerts de leurs jeunes années se voyaient essentiellement marqués par la sensualité et la tension se dégageant des deux protagonistes, c'est aujourd'hui une complicité sans pareille que l'on ressent en observant Jamie Hince et Alison Mosshart évoluer ensemble et revisiter leur répertoire. Si le premier n'intervient que plus ponctuellement au chant, préférant se concentrer sur son jeu de guitare, la seconde quant à elle n'a de cesse d'arpenter la scène cheveux au vent et microphone en main. En choisissant de puiser essentiellement dans les albums Midnight Boom et Ash & Ice pour leur set du soir, The Kills ont pris le risque de frustrer leurs plus anciens fans, mais leurs interprétations se révèlent tellement habitées et convaincantes que personne ne saurait aujourd'hui leur reprocher cette petite faute de goût. Symbole de cette passion retrouvée, un superbe Monkey 23 en guise de clôture du concert, Alison Mosshart, accroupie en contrebas de la scène, échangeant sourires de satisfaction avec son comparse continuant de s'appliquer sur son instrument.

Si certains ont choisi d'aller découvrir sur scène Lee Fields & The Expressions, beaucoup préfèrent alors attendre l'un des temps forts annoncés de cette édition 2017 du festival avec la venue de la grande prêtresse PJ Harvey. A 22h, alors que les lumières s'éteignent, ce sont pas moins de neuf musiciens incluant notamment Mick Harvey (Nick Cave & The Bad Seeds), Alain Johannes ou encore John Parrish que l'on retrouve autour de l'anglaise, tous effectuant leur apparition à la queue-leu-leu telle une fanfare. Instruments à cordes ou cuivres se répondent alors que débute une splendide version du Chain Of Keys extrait de l'album The Hope Six Demolition Project. Toujours aussi mystique, saxophone en main, PJ Harvey fait ce soir valoir une voix hors du commun, tant dans les graves que les aiguës. Si l'on regrettera là encore que certains de ses plus anciens disques soient délaissés, il est difficile de faire la fine-bouche devant la classe se dégageant du casting all star monté par la musicienne depuis l'enregistrement de son dernier album en date. Parfaitement rodée après près de dix-huit mois de tournée aux quatre coins de la planète, la prestation du soir est magistrale, peut-être trop froide ponctuellement car trop professionnelle, mais PJ Harvey est indéniablement à la hauteur de l'événement pour son grand retour après sa participation à la première édition du festival quinze ans plus tôt.

Avec Frustration, Sleaford Mods ou Fakear, la fin de soirée aura de quoi satisfaire les plus courageux. Les autres auront préféré en rester sur la démonstration de PJ Harvey en attendant la venue de The xx le lendemain pour leur unique concert en France de cet été 2017 !
artistes
    PJ HARVEY
    VINCE STAPLES
    BAND OF HORSES
    LEE FIELDS & THE EXPRESSIONS
    JAIN
    THE KILLS
    FAKEAR
    LITTLE DRAGON
    GIRLS IN HAWAII
    COLUMBINE
    IBIBIO SOUND MACHINE
    HER
    TIMBER TIMBRE
    ULRIKA SPACEK
    PETER PETER
    LYSISTRATA
    THERAPIE TAXI
    SLEAFORD MODS
    BRYAN’S MAGIC TEARS
    DBFC
    ELEMENTS 4
    FRUSTRATION
    FUZZYVOX
    KAROLINE ROSE
    THE JACQUES
photos du festival