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Rock en Seine

Paris, du 25 au 27 août 2017

Live-report rédigé par Fab le 7 septembre 2017

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Après deux journées menées tambour-battant, la fatigue commence à toucher les organismes en ce dimanche 27 août. En dépit de quelques averses matinales venues entretenir les zones boueuses du site, les festivaliers semblent malgré tout plus motivés que jamais en ce début d'après-midi ensoleillé.

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Une fois encore, la journée débute sur la Grande Scène, lieu choisi pour accueillir King Khan And The Shrines. Enfant du monde, King Khan possède désormais une longue carrière derrière lui et sait jouer de sa personnalité fantasque pour conquérir la foule. Accompagné par de nombreux musiciens, incluant joueurs d'instruments à vent et choristes, il fait osciller aujourd'hui son répertoire entre les genres, passant d'une pop psychédélique à des relents plus garage sans oublier quelques détours vers une musique traditionnelle. S'il est parfois difficile de ne pas perdre le personnage en chemin, notamment lorsqu'il réapparaît travesti sur scène après avoir laissé à sa fille la responsabilité d’interpréter un titre à la guitare, sa personnalité atypique et l'énergie insufflée aux chansons proposées font de cette prestation une surprenante mise en bouche.

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Une longue traversée du site du festival plus tard, Amber Run nous accueillent sur la scène du Bosquet pour un changement de style radical. En proposant une pop-rock typiquement britannique que n'auraient pas reniée leurs collègues de Bastille, Blossoms ou encore Keane dans un passé récent, les quatre londoniens jouent la carte de l'accessibilité face à un public somme toute plutôt jeune et très féminin. Installé au centre de la scène, leur leader Joseph Keogh, longs cheveux au vent, semble parfois vouloir jouer un peu trop de ses charmes face à des premiers rangs acquis à sa cause, peut-être afin de compenser le fait que certaines des compositions tirées des deux albums de son groupe ne possèdent pas suffisamment de qualités intrinsèques pour se démarquer. Un concert somme toute agréable mais dont on attendait plus.

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Alors que Will Toledo, alias Car Seat Headrest, a pu quant à lui jouir en parallèle d'un joli populaire sur la scène de la Cascade, la scène de l'Industrie accueille une formation française en pleine ascension : Rendez-Vous. Ces derniers nous proposent durant près de quarante-cinq minutes un retour de quelques décennies en arrière avec un mélange de post-punk et cold wave alternant entre belles réussites et copiages trop passéistes. L'omniprésence des percussions électroniques et synthés, aux cotés d'un guitare et d'une basse ne s'en laissant pas compter, les pousse ponctuellement vers des clichés un peu ringards qu'il eut été préférable d'éviter. Le chant scandé, si ce n'est crié, par deux vocalistes se partagera ainsi les honneurs avec une basse puissante apportant grandement à leur univers.

Sur la scène de la Cascade, l'inusable Ty Segall et ses musiciens, dans de très saillantes tenues rouges, perpétuent le règne des guitare en cet après-midi. Une fois encore, l'électrique à est à l'honneur avec l'américain, les riffs et envolées garage se succédant pour le plus grand plaisir de ses aficionados, comblés par ailleurs par un inattendu jet de pédales d'effets en fin de set.

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Ceux cherchant un peu plus de douceur et de légèreté, mais aussi une bonne dose de cool, ont quant eux rendez-vous dans la foulée sur la Grande Scène pour le retour de Mac DeMarco. S'il ne brillera guère par l'originalité de son répertoire aujourd'hui, de trop nombreuses chansons jouées manquant cruellement de nuances, l'américain sait toutefois user de son capital sympathie pour conserver l'attention du public et offrir un one man show somme toute plaisant. Bien soutenu dans cet exercice par ses musiciens, l'amuseur en chef, très alcoolisé, entrecoupe ainsi une heure durant ses ritournelles pop de traits d'humour ou blagues potaches, à l'image d'une anti-reprise d'un classique de Vanessa Carlton ou des nombreux échanges avec des amis ou proches invités à prendre place sur une terrasse VIP improvisée sur scène. Un concert avant-tout destiné à ses fans, nombreux, plutôt qu'aux novices ayant probablement préféré passer leur chemin.

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Après avoir pris un certain recul suite au succès commercial rencontré par son album Wanted On Voyage paru en 2014, George Ezra est désormais de retour sur scène pour présenter ses nouvelles compositions. Avec un répertoire, ancien ou inédit, évoluant toujours dans des terres folk pop teintées d'americana ou de soul, le jeune homme ne surprend guère aujourd'hui, obtenant une approbation du plus grand nombre sur ses singles Cassy O', Did You Hear The Rain? ou le très attendu tube Budapest en clôture de sa prestation. Si sa voix demeure toujours reconnaissable entre mille, et d'une qualité qu'il est impossible à remettre en cause, il reste toutefois dommage qu'une profusion de musiciens l'accompagne désormais en live et surcharge au final un rendu live ayant bénéficié d'une plus grande simplicité à une époque désormais lointaine.

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Alors que la fin du festival approche désormais à grands pas, l'un des moments de grâce du week-end s'apprête à se jouer sur la scène du Bosquet avec la venue de Slowdive. Après avoir connu un plébiscite de la part du public et de la presse il y a quelques semaines avec leur nouvel éponyme, les cinq anglais livrent ce soir une prestation proche de la perfection. Exception faite de quelques problèmes de microphone durant les deux premiers titres, le concert du jour se démarque par une acoustique sublime mêlant guitares aériennes, envolées post-rock et bien entendu les voix de Neil Halstead et Rachel Goswell se mariant à la perfection. Alors que le soleil se couche progressivement, l'ambiance mise en place par le quintet se veut plus envoûtante au fil des minutes, tantôt vaporeuse avec Catch The Breeze ou plus hypnotique et intense via l'irrésistible Star Roving recevant des applaudissements nourris alors que Sugar For The Pill ou Alison ne dépareillent pas. Après une trop courte heure passée sur scène face à un public inévitablement conquis, c'est sur une reprise très électrique de Syd Barrett, Golden Hair, durant laquelle les instruments règnent en maitres, que Slowdive quittent les lieux de la plus belle des manières.

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Un public nombreux attend quant à lui depuis de longues minutes déjà l'arrivée de The xx sur la Grande Scène afin de finir comme il se doit cette édition 2017 du festival. Après une série de dates en février dernier, le trio originaire Londres donne aujourd'hui son unique concert en France de l'été, faisant de cette venue l'un des événements du week-end. Accompagnés par une belle mise en scène reposant sur des miroirs pivotant et moult jeux de lumière, leur prestation du soir se veut dans la lignée de leurs récentes apparitions. Tandis que Jamie Smith s'affaire sur ses machines et percussions, Romy Madley Croft et Oliver Sim font preuve d'une belle assurance désormais face à leur public, les sourires succédant à des moments de concentration plus marqués, à commencer par une version de I Dare You au piano ou de Performance interprétée en solo par Romy. Après une première moitié un peu trop sage, le concert du soir prend progressivement un tournoi plus dansant et rythmé alors que Jamie Smith prend les rênes. Il faudra ainsi attendre le jouissif Loud Places tiré de son album solo pour voir la foule se mouvoir comme un seul homme, ses talents de DJ animant la fin de set avant que ne se profilent le dansant On Hold puis le toujours très touchant Angels. Une prestation un peu courte de 1h15, certes lente à prendre son envol, mais avant tout marquée par des interprétations superbes de la part d'un trio pleinement à son aise.

Malgré les craintes initiales liés à une recrudescence de la concurrence dans l'hexagone, le festival Rock en Seine aura su tenir son rang avec quelques 110 000 spectateurs présents tout au long du week-end. Certes les têtes d'affiches étaient peut-être moins séduisantes que celles d'autres événements estivaux, mais les concerts notamment de Slowdive, PJ Harvey, Franz Ferdinand, At The Drive-In ou encore The xx resteront pour beaucoup comme de grands souvenirs de ce cru 2017 !
artistes
    THE XX
    RONE
    MAC DEMARCO
    GEORGE EZRA
    CYPRESS HILL
    DELUXE
    TY SEGALL
    SLOWDIVE
    REJJIE SNOW
    DENZEL CURRY
    THE LEMON TWIGS
    AMBER RUN
    ROMEO ELVIS x LE MOTEL
    PANDA DUB
    CAR SEAT HEADREST
    GRACY HOPKINS
    RENDEZ-VOUS
    ARNAUD REBOTINI (live)
    BRODKA
    CLARA LUCIANI
    DJMAWI AFRICA
    DOUCHKA
    FORMULE (THE SHOES)
    KING KHAN & THE SHRINES
    VILLEJUIF UNDERGROUND
photos du festival