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Le Rock Dans Tous Ses Etats

Evreux, du 27 au 28 juin 2008

Live-report rédigé par Fab le 1er juillet 2008

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samedi 28
Après avoir profité d'une nuit de repos bien méritée à la suite d'une première journée menée tambour battant, nous voici de retour sur le site de l'Hippodrome d'Evreux pour la seconde et dernière journée du Festival du Rock dans tous ses Etats. D'abord en retrait, le soleil est finalement au rendez-vous sans discontinuer pour le plus grand bonheur de tous...

Entre La Maison Tellier et O'Death, notre cœur balance mais nous amène finalement à débuter notre périple avec la prestation des américains, de passage en France pour la seconde fois de leur carrière. D'abord dubitatif alors qu'il arrive progressivement dans l'enceinte du festival, le public se laisse charmer au fil des minutes par des compositions accrocheuses au sein desquelles la présence d'un violon très rythmé fait naturellement naître des comparaisons justifiées avec Violent Femmes ou même Louise Attaque dans une version libérée de ses inhibitions. Un mélange de rock parfois festif et d'un folk rageur ponctué par un surprenant rappel que le groupe met à profit pour interpréter une reprise convaincante du Nimrod's Son de The Pixies. Une belle surprise de la part d'un groupe que personne n'attendait à pareille fête... au contraire du raté total de Chrome Hoof, étrangement placés sur une grande scène peu adaptée à leur son. La découverte est ainsi visuelle dans un premier temps, avec une chanteuse affublée d'un drap noir marqué d'un pentacle et une demi-douzaine de musiciens dissimulés derrière des costumes argentés et brillants. Clairement expérimentale, la musique de la formation anglaise tourne rapidement à la parodie et au massacre, il est vrai en raison d'une acoustique franchement désastreuse ou la superposition des instruments devient une bouillie sonore pénible et assourdissante. Une expérience à oublier au plus vite...

A peine meilleure, la qualité sonore de la scène B permet par la suite à Blood Red Shoes de faire forte impression une demi-heure durant. C'est ainsi un Steven Ansell jovial et une Laura-Mary Carter en excellente forme que la foule acclame sans retenue au son des compositions tirées de l'album Box Of Secrets. Si la formule guitare/batterie a acquis ses lettres de noblesse avec les White Stripes, celle-ci est ici remise en question et boostée par un son de guitares tranchant et une batterie maniée avec une certaine puissance. Après trente petites minutes de show, et non sans avoir égrainé les You Bring Me Down, It's Getting Boring By The Sea ou encore Say Something/Say Anything, c'est avec un I Wish I Was Someone Better des plus efficaces que le duo quitte la scène avec le sentiment, justifié, du devoir accompli. Une réussite que les français de Tahiti 80 ne connaîtront pas une fois leur tour venu, leur prestation ennuyeuse et sans âme réduisant à zéro les qualités d'une poignée de compositions pourtant attrayantes.

Précédés par une réputation des plus flatteuses à la suite de la sortie de leur premier album, All Hour Cymbals, à l'automne 2007, Yeasayer attirent par la suite un public modéré mais visiblement impatient de découvrir sur scène leurs compositions à mi-chemin entre post-punk, new wave et constructions psychédéliques probablement nées de l'écoute intensive d'artistes pop des 60s. Dans la lignées de formations inventives ne connaissant aucune limite, à l'image de TV On The Radio, Animal Collective ou encore MGMT ces dernières années, les américains ont proposent sans l'ombre d'un doute une musique des plus originales, même si certains titres plus faibles sont logiquement moins intéressants et captivant en live. Dans la foulée de ce set inégal, l'arrivée sur scène des japonais d'Envy restera comme l'un des grands moments de la journée. Si leur style entre post-hardcore et post-rock n'est à l'évidence pas du goût de tous, et certainement pas des oreilles les plus douillettes, le concert présenté durant près de quarante-cinq minutes tient toutes ses promesses en dépit du faible rendu vocal d'un Tetsuya Fukagawa sobre et discret. Avec de nombreuses montées instrumentales, une dose mesurée de cris et de hurlements et une section rythmique parfaitement en place, le quintet de Rock Action Records aura marqué les esprits de belle manière.

En parallèle à cette performance retentissante, la très populaire Camille attire l'une des foules les plus importantes de la journée sur la grande scène, avant que les belges de Girls In Hawaii, après moult difficultés rencontrés l'année passée durant l'enregistrement de leur second album, proposent un set débordant d'énergie et de bonne humeur, toujours accompagnés de nombreuses télévisions installées aux quatre coins de la scène, pour leur première date française de l'été : une poignée de classiques tirés de From Here To There ainsi que de nouvelles compositions du récent Plan Your Escape sont ainsi suffisants aux six musiciens pour jauger une popularité à peine écornée par leur longue absence. D'affluence forte il est encore une fois question dans la foulée avec The Dø, révélation incontestable de ces derniers mois dans un style simple et efficace où la voix de la charmante Olivia Bouyssou Merilahti fait des merveilles, notamment sur le tube On My Shoulders acclamé comme il se doit par la foule.

Alors que l'obscurité s'installe doucement sur le site du festival, Foals s'apprêtent à débuter l'un des sets les plus attendus de la journée... avec une réussite une fois encore insolente et évidente. Inclassable de par leur attrait simultané vers de nombreux styles musicaux, du post-punk au math-rock en passant par des sonorités tribales, les jeunes anglais drainent un large public tout au long d'une prestation débridée. L'ambiance folle dans une fosse transcendée par l'événement, la qualité des Hummer, Two Steps Twice, Cassius ou du Mathletics final, ou encore l'attitude scénique d'un Yannis Philippakis survolté sont autant de raisons de s'enthousiasmer, une fois encore, devant la fraîcheur et l'insolente progression de ce groupe promis à un bel avenir. Une rampe de lancement parfaite pour The Gossip, au premier abord tout du moins, car la déception est au final à la hauteur des attentes placées dans Beth Ditto et ses partenaires. Si le talent intrinsèque du groupe ou la longue liste de ses excellentes compositions n'est pas remise en cause, il est toutefois regrettable que la chanteuse la plus délurée du mouvement rock actuel ne semble pas connaître ses limites, la consommation sans doute abusive de nombreux breuvages alcoolisés la poussant à oublier les paroles de certaines compositions tout en haranguant maladroitement le public à plusieurs reprises. Seule consolation, un Standing In The Way Of Control imparable et fédérateur une fois encore.

Un raté rapidement oublié alors qu'une surprise de taille se prépare sur la scène B : une prestation inattendue de I'm From Barcelona, en guise de cadeau d'anniversaire pour le Rock dans tous ses Etats. Si la rumeur a enflé durant les deux derniers jours, ce n'est ainsi qu'aux alentours de 23h qu'un déluge d"orchestrations, ballons, confettis et autres joyeusetés sonnent l'heure du rassemblement final du public. Que l'on apprécie ou non les facéties de Emanuel Lundgren et son cortège, force est de constater que cette heureuse offrande inattendue aura permis de clôturer brillamment un événement qui, bien que privé de têtes d'affiches marquantes, demeure plus que jamais l'une des références à l'échelle française !
artistes
    La Maison Tellier
    O'Death
    Wendy Mc Neill
    Chrome Hoof
    Get Well Soon
    Blood Red Shoes
    Hushpuppies
    Dälek
    Yeasayer
    Envy
    Camille
    Girls In Hawaii
    Patrick Watson
    The Dø
    Ez3kiel
    Foals
    The Gossip
    The Shoes
    I'm From Barcelona
    Jean Nipon
    Yuksek