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Eurockéennes

Belfort, du 5 au 8 juillet 2018

Live-report rédigé par Julien Lagalice le 14 juillet 2018

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La météo se montrant davantage conciliante, nous nous muons l'espace d'une mi-temps en supporters de football sous le chapiteau, qui transmettait la seconde mi-temps – la première était visible depuis le camping, avec la belle qualification de l'équipe de France pour les demi-finales de la Coupe du Monde. C'est aussi l'occasion de remercier et de féliciter toute l'équipe technique pour sa capacité à permettre à des milliers de festivaliers de vivre de belles émotions, et de débuter cette journée de la meilleure des façons.

C'est d'abord avec le shoegaze de Our Girl que débute vraiment cette deuxième journée sur le site du festival, avec de belles guitares saturées mais mélodiques, où la comparaison avec Sonic Youth sonne comme une évidence. Les deux jeunes filles et le garçon semblent à l'aise sur la scène, dévoilant en tout six titres joués dont le particulièrement réussi I Really Like It. Une prestation achevée un peu avant l'horaire annoncé, suscitant des commentaires contrastés notamment sur la caractère monotone et répétitif de l'ensemble – comme un clin d'œil, le dernier titre joué fut Boring, mais l'ensemble nous a plutôt comblés.


Au moment où PihPoh, le rappeur belfortain, en finit avec son set, l'heure est de retrouver les Nothing but Thieves sur la grande scène. La première partie du concert est quelque peu délicate : le public, assez peu nombreux, semble peu réceptif à la musique de ce (encore) jeune groupe britannique. Mais l'enthousiasme du chanteur, ses coups de patte dans les ballons à destination du public, ses petits mots en faveur des supporters de l'équipe de France – le thème fédérateur de la soirée !- et la pugnacité du groupe finissent par faire mouche, les musiciens font une seconde partie de set remarquable et enthousiasmant, portée par les puissants singles Particles ou Amsterdam.


La programmation serrée et l'espace entre les scènes amène à faire des choix, au moment où les Insecure Men jouent en même temps que la rappeur Rilès, pendant que Beth Ditto se prépare à sa carte blanche sur la scène de la plage. Cette dernière, habituée du festival en solo ou avec Gossip, est sans doute l'artiste anglo-saxonne s'exprimant le mieux en français. C'est surtout l'occasion d'entendre des titres de ce groupe majeur, bien que le résultat soit jugé un peu décevant par rapport à l'attente suscitée, mais suffisant pour transformer la plage en un dancefloor géant densément occupé.


La véritable grosse claque est venue de la grande scène, vers 21h00, heure à laquelle sont apparus les membres du super groupe Prophets Of Rage. Composés de membres de Rage Against The Machine, Public Ennemy ou Cypress Hill, l'entrée au son d'une sirène et des poings levés avec un son d'une rare puissance laisse entrevoir un spectacle ébouriffant et monstrueux. La grande scène est bondée, sautillant avec Jump Around, gesticulant sur Legalize Me, chaque morceau étant pleinement savouré.
Tom Morello, exceptionnel guitariste, ne manque pas de saluer le public et de réveiller les consciences en écrivant sur sa guitare « Armons les sans-abri » ou « F... Trump ». Difficile de croire que trois semaines plus tôt, il était opéré de l'avant bras gauche. Le public a basculé dans une folie totale au cours des derniers titres des Rage : Bulls On Parade, Freedom et surtout le cultissime Killing In The Name, point d'orgue d'un spectacle dantesque et inoubliable. Make America Rage Again.


Un moment de repos après un tel show semble mérité, avant de poursuivre la soirée avec au choix Faka ou Leon Bridges. Toutefois, la multitude de tee-shirts Nine Inch Nails croisés sur le site laisse clairement entrevoir que l'autre grosse attente de la soirée est le concert de la bande de Trent Reznor, pour ce qui est leur seule date festival en France de l'année. Dès leur entrée sur scène, le son est absolument démentiel, accompagné par un jeu de lumières remarquable, bien qu'il serve surtout à mettre en évidence le chanteur qui se livre corps et âme durant tout le concert. Les titres tout en puissance sont puisés dans un large répertoire, alliant les débuts, comme March Of The Pigs, ou un passé très récent comme Less Than dans une version survitaminé. La puissance semble nous habiter, même lorsque nous nous éloignons de cette grande scène, lorsque le titre de David Bowie I'm Afraid Of Americans, revisité en tous points, devient une véritable sucrerie dont se délecte les milliers de fans. Treize ans après un dernier passage au Malsaucy, Nine Inch Nails semble n'avoir rien perdu de sa présence, de sa puissance et de sa brillance.


Ce moment d'histoire colle parfaitement à l'actualité de cette soirée, puisque les mythiques FFF reviennent au Malsaucy pour rejouer sous le même chapiteau, là où en 1997 fut enregistré leur formidable prestation, le bien nommé Vivants. C'est d'ailleurs par cette question « Est-ce que vous êtes vivants ? » que débute la prestation, cette question étant renouvelée régulièrement. Dès le premier titre, Le pire et le meilleur, rien ne semble avoir changé : la même énergie, la présence scénique de Marco Prince, la puissance des cuivres, l'absence de temps mort. Les échanges constants avec le public, la joie d'être présent et de rappeler la force de l'engagement, comme sur le toujours d'actualité Assez De Haine. La prestation est très solide, en dépit de quelques (rares) remarques entendues ici ou là sur le caractère réchauffé du set, qui certes ne présente aucune grosse surprise mais permet à beaucoup de croiser un groupe qui compte dans l'histoire récente du rock français. Ni nostalgie, ni condescendance, mais beaucoup de plaisir.


Les festivaliers avaient dès lors le choix entre la fin du set de The Black Madonna, ou alors de vivre une nouvelle exclusivité : la seule date française de Ritchie Hawtin avec un dispositif vidéo assez sensationnel. Il est près de trois heures du matin, et contrairement aux footballeurs, c'est un véritable bonheur que d'assister à de telles prolongations.
artistes
    NINE INCH NAILS
    PROPHETS OF RAGE
    BETH DITTO
    RICHIE HAWTIN CLOSE
    BALOJI
    FAKA
    FFF
    INSECURE MEN
    KIDDY SMILE
    LEON BRIDGES
    MICHELLE DAVID & THE GOSPEL SESSIONS
    NAKHANE
    NOTHING BUT THIEVES
    OUR GIRL
    PIH POH
    RILÈS
    SOPHIE
    THE BLACK MADONNA
    WARMDUSCHER
photos du festival