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Rock en Seine

Paris, du 24 au 26 août 2018

Live-report rédigé par Fab le 31 août 2018

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Après une première journée décevante tant du point de vue artistique que de celui de la fréquentation, les festivaliers sont présents en nombre nettement plus important pour ce samedi 25 août. L'effet week-end et une poignée de prestations attendues annoncent des festivités assurément plus réjouissantes que la veille.


C'est sous un ciel ensoleillé que les français de The Psychotic Monks ouvrent ainsi la journée sur la Scène de l'Industrie. Entre post-punk, noise et expérimentations diverses, le quatuor ne fait pas la dentelle et parvient tout au long de son set à conserver l'attention des festivaliers en dépit de quelques longueurs en fin de set et d'un chant parfois approximatif, bien que secondaire tant les structures instrumentales semblent prédominer dans leur compositions du groupe. Après de nombreuses tournées ces dernières années et la sortie de leur premier album Silence Slowly And Madly Shines, The Psychotic Monks dégagent aujourd'hui une impression de maîtrise appréciable. Sûrs de leur art et pleinement concentrés sur l'interprétation live, ces derniers lancent de la meilleure des manière une journée placée sous le signe des guitares.


Alors que quelques nuages sont attendus en fin de journée, Cigarettes After Sex font leur apparition sur la Grande Scène. Les qualités des compositions de leur premier album éponyme paru l'année passée ne sont plus à vanter, ni la voix de leur chanteur Greg Gonzalez, encore une fois d'une douceur et d'une pureté absolues, mais la prestation du jour a malheureusement tout d'une erreur de casting. Le groupe est assurément rodé après de nombreux mois à écumer les scènes aux quatre coins de la planète, mais l'horaire ainsi qu'une scène démesurée ne leur permettent guère de s'exprimer dans des compositions optimales. Le superbe Each Time You Fall In Love ou un très prenant K restent de qualité, mais l'absence d'une quelconque mise en scène couplée à la discrétion absolue de l'ensemble du groupe fait poindre de temps à autres un ennui ne permettant pas de conserver l'attention du public. Dommage...


Quelques semaines après une date à guichets fermés à la Gaîté Lyrique, Anna Calvi effectue ce samedi son retour dans la capitale en marge de la sortie très attendue de son nouvel album Hunter chez Domino Records. Guitariste de talent et chanteuse aux qualités maintes fois soulignées, l'anglaise se produit comme son habitude sous la forme d'un trio réunissant sa fidèle multi-instrumentiste Mally Harpaz et le batteur Alex Thomas. Avec une setlist centrée pour moitié sur son nouveau disque, l'anglaise ose le pari de la nouveauté, un choix judicieux de part la qualité des nouvelles compositions présentées, à l'image de Indies Or Paradise, As A Man et surtout du très convaincant Don't Beat The Girl Out Of My Boy, moment choisi par la musicienne pour faire étalage de ses impressionnantes capacités vocales.
Captivé, le public lui répond à l'issue de chaque titre par des applaudissements nourris, depuis la traditionnelle introduction instrumentale Rider To The Sea jusqu'à l'intense reprise finale du Ghost Rider de Suicide. Un retour marquant pour Anna Calvi que l'on avait rarement vue aussi épanouie et dans son élément sur scène.


Alors que les stakhanovistes du rock progressif et psychédélique, à savoir King Gizzard & The Lizard Wizard, font parler les décibels sur la Grande Scène, le side-project Insecure Men de Saul Adamczewski (Fat White Family) et Ben Romans-Hopcraft (Childhood) leur emboîte le pas sur la scène du Bosquet. Pas moins de neuf musiciens, dont certains se produiront également plus tard dans la soirée au sein de Fat White Family, constituent le line-up du soir où coexistent guitares, claviers, saxophone et même xylophone. Le set proposé au public ce soir se veut court et concis, mais aussi sage et maîtrisé alors que l'on aurait aimé que la petite troupe apporte un peu plus d'électricité et d'excentricité à une pop somme chaleureuse mais somme toute trop sage. Les deux leaders du groupe se partagent le chant et prennent un plaisir certain durant une petite quarantaine de minutes, plaisir partagé par un public semblant apprécier la légèreté de l'ensemble et l'ambiance bon enfant. On retiendra principalement de ce set l'entêtant Teenage Toy, efficace titre surnageant de l'ensemble.


Près de neuf années jour pour jour après l'explosion en plein vol d'Oasis lors de l'édition 2009 de Rock en Seine, Liam Gallagher est enfin de retour dans le Domaine national de Saint-Cloud pour y défendre son premier album solo paru l'année passée. D'humeur joviale et multipliant les échanges avec le public, notamment en référence aux événements passés, le mancunien montre malgré tout ce soir quelques limites vocales déjà entrevues de temps à autres, ses interventions rythmant ainsi plus sa prestation que les titres joués en eux-mêmes. Introduit sur scène successivement par l'hymne du club de football de Manchester City puis le Fuckin' In The Bushes d'Oasis, Liam ne cache pas ses intentions du soir en démarrant son set par deux titres de son ancien groupe, et non des moindres : Rock 'n' Roll Star et Morning Glory. Passée cette entame réussie, c'est avec quatre titres de son album solo qu'il poursuit le concert, le tout pour un résultat mitigé, avant de passer la vitesse supérieure en multipliant les reprises de son groupe d'origine. Si Champagne Supernova, avec un piano pour seul accompagnement et dédiée à son frère, est une poignante réussite, tout comme Supersonic ou un Wonderwall réveillant enfin un public très attentiste, Whatever s'avère quant à elle plus brouillonne, peut-être en raison du niveau inégal des musiciens l'accompagnant sur scène. On préfèrera retenir le final sur Live Forever, chanté une fois avec une conviction évidente. Sans briller, et peu aidé par une foule guère acquise à sa cause, le plus jeune des Gallagher aura malgré tout su tenir son rang ce soir.


Retour vers Londres et la scène du Bosquet pour se joindre à la messe des Fat White Family. Réputés depuis leurs débuts par le chaos émanant de leurs prestations scéniques, les anglais surprennent paradoxalement aujourd'hui avec une formation à huit musiciens aussi rodée que sage. Au centre de la scène, Lias Saoudi, que l'on a souvent connu dissipé et adepte des substances de tous bords, se contente ce soir de sagement énoncer les paroles des chansons tout en enchaînant les cigarettes et s’autorisant quelques déhanchés. Si l'énergie n'est ainsi guère au rendez-vous, il reste appréciable de redécouvrir le répertoire des anglais sous un jour nouveau, même sans la touche de folie les caractérisant souvent et avec un chant le plus souvent noyé dans les couches d'instruments. Le temps de quarante-cinq minutes, ce sont ainsi douze titres essentiellement tirés de leurs deux derniers disques en date qu'ils offrent au public parisien, notamment I Am Mark E. Smith, un noisy Whitest Boy On The Beach et enfin Touch The Leather, revisité et au refrain repris en choeur par les musiciens. Plus psychédélique que punk, la prestation de Fat White Family aura eu pour mérite de permettre au collectif de londonien de montrer la variété de son univers et de ses incarnations.


Indéniablement réussie, cette seconde journée du cru 2018 de Rock en Seine s'achève pour beaucoup par le show à l'américaine, à l'intérêt plus visuel qu'artistique, de Thirty Seconds To Mars et leur leader shamanique Jared Letho. En attendant un dimanche plus orienté grand public avec, entre autres, Justice, Macklemore ou encore Post Malone, aux cotés des plus indés Wolf Alice et IDLES !
artistes
    Thirty Seconds To Mars
    Liam Gallagher
    Cigarettes After Sex
    King Gizzard & The Lizard Wizard
    Theo Lawrence & The Hearts
    Charlotte Gainsbourg
    Black Star
    Anna Calvi
    SG Lewis
    PLK
    Casual Gabberz
    Malik Djoudi
    The Psychotic Monks
    Octavian
    Insecure Men
    Fat White Family
    Tamino
    Onyx Collective
    YOTA Youth Of The Apocalypse
    Moussa
    Ouai Stephane
    La Veine
    Lily
    8 In Bloom
    Welshly Arms
    Royaume
    Waste
photos du festival