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Transmusicales

Rennes, du 1er au 5 décembre 2021

Live-report rédigé par François Freundlich le 15 décembre 2021

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C'est reparti aux Rencontres Transmusicales de Rennes pour une soirée de vendredi qui va nous faire voyager aux quatre coins du monde avec des groupes d'une grande variété. On commence en fin d'après-midi dans le club de l'Ubu avec deux groupes Néerlandais très attendus.

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Le quatuor Donna Blue entre en scène, déployant une ambiance cinématographique et ensoleillée de bande originale de western mélangée à un yéyé 60's rappelant Gainsbourg. La chanteuse à frange et au regard fougueux attire tous les regards avec sa voix juvénile tantôt parlée, tantôt chantée. On tombe immédiatement sous le charme de ces douces mélodies sucrées qui illuminent tranquillement notre après-midi. Quelques notes de guitares électriques désertiques se mélangent à des ondulations synthétiques avec Ennio Morricone dans le rétroviseur. Une certaine innocence se dégage de ces morceaux rêveurs dont les ambiances nous rappellent parfois Nouvelle Vague mais avec un chapeau de cow-boy. Une sucrerie parfait pour l'heure du thé.

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L'Ubu va s'enflammer davantage avec le trio Néerlando-New Zélandais My Baby et son électro-pop fiévreux. La chanteuse et bassiste Cato Van Dijck se déchaine complètement en libérant sa voix dans des chants hypnotiques, accompagnée d'une batterie torride hyper-rapide et d'une guitare insaisissable. Le coté ultra-pop de la voix tranche avec des influences funky, voire saharienne, faisant penser à la rencontre improbable entre CHVRCHES et Mdou Moctar. Pour ajouter encore plus d'originalité, Cato n'hésite pas à sortir son violon électrique pour enflammer davantage des fans qui semblent avoir fait le déplacement pour voir le groupe. Il y'a quelque chose de chamanique dans l'expérience vécue avec My Baby, l'Ubu a vibré comme à ses grands jours.

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La soirée débute lentement sur la Bretagne et nous retournons au Parc des Expositions pour l'entrée en scène de Loharano, venus de Madagascar. La communauté Malgache du coin est venue les accueillir avec drapeaux et headbang chevelus. Car oui il s'agit bien d'un groupe de métal en power trio avec évidemment de fortes influences musicales des musiques traditionnelles de l'île et un chant en Malgache. La chanteuse et guitariste est surexcitée derrière ses dreads, déclamant ses textes et haranguant la foule avec une fierté toute particulière. Le guitariste torse nu et caché sous une masse capillaire impressionnante enchaîne les passages techniques avec habileté. Loharano n'hésitent pas à expliquer la source de chacune de leurs compositions avant de libérer la bête et de faire trembler les murs. Index et auriculaire levés pour tout le monde.

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Elles sont l'attraction de cette troisième journée au Transmusicales, je parle des béninoises de Star Feminine Band, récemment signées sur le label Born Bad Records. Sous la houlette de leur professeur de musique, ces sept jeunes filles âgées de dix à dix-sept ans enchainent les titres d'inspiration traditionnelle mais avec une technique fascinante. Trois danseuses et chanteuses multiplient les chorégraphies à l'avant de la scène, tout en jouant des percussions. Pour elles, cela semble facile, mais ce qu'elles parviennent à réaliser est impressionnant. Le niveau des quatre autres musiciennes l'est tout autant et on réalise le gros travail technique réalisé par le Star Feminine Band pour en arriver là. Elles entraînent le Hall 8 dans la danse avec leurs quelques tubes dont La Musique ou Femme Africaine parlant de leur passion pour leur art et de l'émancipation de la femme. Le mélange des sept voix est complètement entêtant et on reste bouche bée devant ce spectacle assez unique. Plusieurs moments d'émotions se font ressentir, comme ce cri de la plus jeune des demoiselles contre les maltraitances faites aux enfants. On admire également ce passage de danses traditionnelles rythmées uniquement par des percussions. Star Feminine Band feront chanter au public « Femme, mère de la nation » montrant que le chemin de l'émancipation du patriarcat national est encore long. Ce concert unique restera à n'en pas douter dans les mémoires des festivaliers.

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On continue avec les londoniens de Bob Vylan (prononcer Vilain), arrivés en retard dans le Hall 8 et pour cause : tout leur matériel a été perdu par une compagnie aérienne. Résultat, l'organisation a installé tout le nécessaire pour que leur concert ait lieu et le duo est bien là pour envoyer du décibel. La guitare punk semble enregistrée mais le batteur est bien présent pour un set furieux au possible. Le punk débridé des instrumentaux se mélange aux textes du rappeur Bob balançant ses dreads dans toutes les directions. Ce dernier est surexcité dès le premier titre, hurlant « said you want your country back » en lançant son premier stage diving de la soirée. Pour leur premier concert en France, Bob Vylan déploient une énergie folle, rappelant Rage Against The Machine en plus acide, enchainant les lyrics militants d'un flow agressif. Les générations semblent unies dans le public avec les jeunes amateurs de rap qui se mettent à lancer un mosh pit avec les vieux métalleux. On a rarement vu une telle ambiance de furie collective et Bob Vylan sont clairement adoubés par le public des Trans'. Le son est gras, lourd et abrasif, le chanteur demandant finalement si le public essaye de le tuer après son énième passage dans la fosse. Le paroxysme est atteint sur le tube Pretty Songs et son intro acoustique dérivant vers un refrain au riff ravageur. Quelle énergie folle Bobby !

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Le Hall 8 accueille le groupe d'électro pop IA404, en remplacement des punks australiens de Amyl And The Sniffers dont on pleure toujours l'annulation. Le trio breton débarque tout de blanc vêtu pour déployer un gros son synthétique porté par la voix robotique d'une chanteuse aux mouvements du corps hypnotisant. On n'a pas vraiment l'impression d'assister au concert d'un groupe venu du Finistère tant les influences planantes à la Massive Attack ou plus agressives à la Aphex Twin sont digérées. La mise en scène est réussie avec ces deux musiciens masqués en blanc, placés en hauteur, et laissant toute sa place à une chanteuse à la chevelure bleue et à la voix sulfureuse. Les tubes synth-pop s'enchainent avec ce petit côté dissonant et acide, passant d'un rythme à l'autre sans pause ni transition. Les cyborgs IA404 ont frappé de toute leur clarté.

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L'un des artistes les plus attendus de la soirée est sans conteste le londonien Wu-Lu que j'ai enfin la chance de voir sur scène après l'avoir manqué au Reeperbahn Festival de Hambourg, pour cause d'annulation du concert. Cette fois, le groupe au complet est bien là pour nous ébouriffer le cerveau et faire monter le tensiomètre au maximum. Dépassant tous les genres, Wu-Lu parvient à unir le punk, le hip-hop, le grunge et des influences free jazz dans des morceaux à l'énergie multipliée. Les grosses basses se déploient et nous remuent les organes tandis que Mile Romans-Hopcraft alterne passages rappés à l'avant d'une section rythmique. Les guitares écorchées s'exhaltent également sur les passages plus rock noisy ou un chant brumeux et sombre sort de l'ombre. Je ne peux que m'accrocher à la barrière du premier rang pour remuer la tête en rythme sur ces riffs torturés complètement déments. La subtilité est également au rendez-vous avec des passages atmosphériques psyché où le silence est mis en valeur avant des reprises cataclysmiques. Wu-Lu est assurément l'un des artistes britanniques les plus en vue du moment avec un live qui casse tous les codes et une classe folle. On en redemande.

C'est donc sur ce qui restera probablement le meilleur show du festival que nous terminons cette aventure aux 43èmes Rencontres Transmusicales de Rennes ! Wu-Lu restera gravé dans les mémoires, mais on se souviendra aussi de cette soirée passée aux cotés de My Baby ou Bob Vylan. Malgré quelques annulations, plus de 56 000 personnes ont assisté aux cinq jours du festival cette année : une réussite totale pour un retour en force du festival Rennais.

© Photographies : Nico M
artistes
    MASMA DREAM WORLD
    DONNA BLUE
    MY BABY
    FREAK IT OUT
    KIND OF GURU
    HEY DJAN
    KOMODOR
    JEAN LOUIS PRESQUEinvite presque VLAD
    LOHARANO
    MARUJA LIMÓN
    GUADAL TEJAZ
    WU-LU
    IA404
    JANKEV
    STAR FEMININE BAND
    BOB VYLAN
    LALALAR
    ALVAN
    CHRIS DOGZOUT
    ZIAK
    ALEKSANDIR
    S+C+A+R+R
    PALOMA COLOMBE
    PRIYA RAGU
    ANTOINE
    BARBARA RIVAGE
    LUJIPEKA
    ABILE
    ZAZU
    GЯEG
    VAPA