Pour cette deuxième journée glacée du Iceland Airwaves, on constate avec déception l'annulation de la tête d'affiche English Teacher : les lauréats du Mercury Prize ont préféré céder à l'appel de la BBC plutôt que de venir jouer en Islande. On espère que ce ne sera que partie remise.
On se réconforte avec certainement le meilleur groupe islandais vu cette année : le trio
Virgin Orchestra. La formation de Reykjavik déploie une dream pop noisy envoûtante dotée d'un son lourd et puissant porté par la voix de la malicieuse chanteuse Stefanía Pálsdóttir. Un guitariste et une violoncelliste électrique l'accompagnent pour déployer des sonorités angoissantes aux nappes synthétiques prenantes. Entre longues plages instrumentales aux ambiances glacées, grincements larges de guitares saturées et voix lointaine, Virgin Orchestra ensorcelle le club rock du Gaukurinn avec un son froid. Leurs compositions aux influences post-punk sont emplies de terreur mais gardent un fond pop qui les rend purement addictives. Un concert tempétueux qui lance idéalement ce vendredi soir.
Les punks anglaises
Lambrini Girls se lancent à l'assaut du Art Museum pour faire trembler les murs et réveiller un public encore en mode "début de soirée". Pas le temps pour ça avec le trio queer et féministe qui livre un set éminemment politique, contre toute forme d'oppression et de colonisation. Les fameux tubes
Big Dick Energy ou
Help Me I'm Gay sont entrecoupés de discours de la chanteuse Phoebe Lunny qui encourage le public à la soutenir. Elle n'hésite pas à se jeter dans le public, se faire porter ou lancer des mosh pits, pour les personnes qui en ont l'envie. Les guitares électriques saturées et la batterie hyper rapide et hyper puissante se mélangent pour un punk rock incisif et radical. Le show des Lambrini Girls est millimétré et extrêmement remuant même si on a parfois l'impression de voir les clichés habituels du punk, comme ce fuck envoyé au président de l'Islande pour finir le concert. Qu'importe, l'énergie déployée semble sans limite lorsque Phoebe et Lilly s'enragent.
Retour au Gaukurinn pour apercevoir le folk rock psyché de
Spacestation. Avec un chant en islandais et des influences pop, voici le groupe parfait pour danser et dodeliner de la tête au son des guitares électriques remuantes. Des compositions aux allures d'hymne sont repris à tue-tête par un public composé de fans, ce jeune groupe de Reykjavik aura fait bonne impression dans le plus gros festival du pays.
Pour la suite, c'est un groupe venu d'Alaska qui s'empare de la salle du Gaukurinn.
Sundog oscille entre glam rock, folk rock et grunge, porté par sa chanteuse hyper charismatique et à la voix puissante. On retiendra ses déploiements vocaux sur le titre
Paint Me où les guitares saturées explosent, rejoint par un excellent bassiste qui donne tout. On pense parfois à Big Thief avec ce côté écorché dans des compositions oscillant entre quiétude et ferveur. Le trio d'Anchorage nous aura ému avec son rock énervé teinté d'émotions fragiles et de morceaux qui prennent aux tripes. On les suivra avec attention.
On continue la soirée à l'Art Museum où le concert de
Charlotte Adigery & Bolis Pupul a déjà commencé pour des déploiements électro-pop hyper dansant de Bolis, portés par la voix profonde de la charismatique Charlotte. Le duo fonctionne et se complète à merveille dans ce côté décalé qui se rejoint sur la fête et la danse. Le dancefloor s'enflamme alors la chanteuse s'approche de l'avant de scène, rejointe par plusieurs personnes du public se livrant à des mouvements endiablés. Il faut dire que la synth-pop minimale déployée par le DJ Bolis Pupul est hyper addictive et se laisse danser sans même y penser. Les boucles électro et le light show font remuer l'ensemble de l'audience tandis que la classe absolue du duo belge termine ne nous transporter entre rythmes afro et disco. Grosse ambiance au Iceland Airwaves.
La soirée s'achève avec la tête d'affiche
The Vaccines, de retour douze ans après dans cette même salle (souvenez-vous de la
chronique dans nos pages) ! Il est vrai que leur bassiste Árni Hjörvar est islandais et nous a même réservé une surprise en fin de set. Les anglais enchaînent les tubes de leurs six albums et on se fait plaisir sur
Post-Break Up Sex (le tube britpop des années 2010) ou encore l'entrainante
If You Wanna qui fera décoller sauter sur place la fin de soirée. Le charismatique chanteur Justin Young s'enflamme, déployant sa voix si reconnaissable et ses déhanchés pouvant s'inspirer de Jarvis Cocker ou Brett Anderson, au choix. L'efficacité des tubes britpop n'est plus à démontrer avec l'entrainante
Teenage Icon ou encore les cris de
Wreckin' Bar (Ra Ra Ra) entamés dès le début du concert pour nous mettre dans l'ambiance. Le groupe terminera avec une reprise surprise du groupe islandais Purrkur Pillnikk, rejoints sur scène par Einar Örn, qui accompagnait notamment Björk au chant dans son ancien groupe The Sugarcubes. Un moment de joie commune avec The Vaccines pour un saut dans le temps des plus réussis.
Malgré la déception de l'annulation d'English Teacher, l'ambiance fût à la fête pour ce deuxième jour avec les prestations dansantes de The Vaccines ainsi que Charlotte Adigery & Bolis Pupul. On a découvert Virgin Orchestra, à coup sûr la découverte islandaise du festival, sans oublier les excellents shows de Lambrini Girls et Sundog.
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