logo SOV

Sons And Daughters

Interview publiée par Valy le 22 janvier 2008

Bookmark and Share
Proches de Franz Ferdinand et dignes représentants de la scène pop écossaise, Sons And Daughters reviennent en ce début d'année avec un nouvel album des plus réjouissants, This Gift. Rencontre avec une formation des plus attachantes...

Vous avez déclaré vouloir surprendre votre public à chaque album, "This Gift" est en effet différent de ce que vous avez fait précédemment, comment définiriez-vous précisément son identité?

Scott Paterson : C'est un disque de pop.
Adele Bethel : Populaire!
S.P. : On voulait quelque chose de catchy, pour les dancefloors, mais avec des paroles intéressantes, pas seulement du bubblegum.

Franz Ferdinand meets Arab Strap?

Adele Bethel : Oui! Une musique à deux visages, c'est ce qu'il y a de plus intéressant.

Le plus naturellement, qu'est-ce qui vient en premier? Cette musique pop puis les paroles plus graves ou l'inverse?

Adele Bethel : Ca dépend, vraiment. Parfois les paroles sont écrites puis la musique vient s'y ajouter, parfois la musique entraîne les paroles.

Vous avez travaillé avec Bernard Butler à la production pour la première fois, comment s'est passée cette rencontre, a-t-il amené des changements dans votre façon de travailler?

Scott Paterson : Eh bien, nous avions les mêmes goûts, il aime la pop, les Smiths, les girls groups des années 60, tous ces trucs là, et on s'est dit que ça apporterait de bonnes choses, neuves pour nous. L'album précédent était plus sombre, plus ou moins punk.
Adele Bethel : Il nous a été suggéré par le label.

Il paraît qu'il vous a permis de jouer sur la guitare de Johnny Marr?!

Scott Paterson : Ouaaais ! Johnny Marr est mon héros, ainsi que celui de Bernard, et il m'a amené cette guitare un jour en me disant "voilà, c'est la guitare de Johnny Marr". Le Graal.

On l'entend donc sur le nouvel album?

Scott Paterson : Surtout en "arrière-plan" de tous les morceaux, mais elle est plus particulièrement mise en avant sur The Bell et le titre qui s'appelle Iodine.

Vos idoles, Marr et Morrisey ont déclaré qu'ils vous appréciaient, justement, j'imagine que c'est plaisant pour des fans des Smiths comme vous...

Adele Bethel : Oh que oui ! La première fois que j'ai entendu que Morrissey nous trouvait à son goût, je n'y croyais pas, puis Scott a rencontré Johhny Marr qui s'est dit fan du groupe, c'est carrément incroyable. C'est encourageant en tout cas.

Je crois que vous étiez très isolés, en Ecosse, pour enregistrer This Gift ?

Scott Paterson : Non, en fait on a enregistré l'album en plein coeur de Londres mais on s'est en effet isolés dans une ferme de la campagne écossaise pour l'écrire.
Adele Bethel : On s'est retrouvés tranquillement dans une petite maison de campagne au milieu de l'Ecosse, sans téléphone, sans télévision. On voulait vraiment se retrouver loin de toutes distractions, et ça a été très inspirant.

Les albums précédents avaient été enregistrés avec un son live, est-ce que le fait de changer d'environnement a influencé votre manière d'aborder ce nouveau disque différemment?

Scott Paterson : Oui les deux albums précédents devaient être mis en boîte en deux semaines, sous pression, pour celui-ci on a eu neuf semaines, et c'est vrai que ça change tout.

Quelle méthode finalement vous convient le mieux ?

Adele Bethel : Avec plus de temps c'est quand même mieux. On avait trente chansons sur les bras, et c'est tellement moins stressant d'avoir du temps pour changer des choses, etc...
Scott Paterson : Peut-être qu'on fera quand même les choses différement les prochaines fois, mais toujours avec plus de temps.

Pour l'écriture vous vous y prenez comment ? Adele, tu écris les paroles, Scott tu t'occupes de la musique, ça marche comment?

Adele Bethel : Oui j'écris les textes, il a des sons et on travaille tout ça ensemble...

Et les deux autres alors ?

Scott Paterson : En fait, avant nous jouions tous ensemble, et ça venait comme ça. Aujourd'hui ça va beaucoup plus vite finalement, on arrive avec les chansons prêtes à être travaillées ensemble.
Adele Bethel : Ca pouvait parfois devenir très très ennuyeux et long ! C'est sympa mais ça peut tellement partir dans tous les sens, c'est un peu stressant.
Scott Paterson : On passait deux mois sur une chanson, ce n'était plus possible ! Quelque part, une fois qu'on avait travaillé tout ce temps dessus en s'acharnant, c'est un peu moins amusant quand il faut la rejouer en concert... On a appris à faire plus vite, et ça se passe bien mieux ainsi.

Vous jouez presque tous les soirs pendant la tournée actuelle, j'imagine que ça vous facilite la tâche?

Scott Paterson : Oui, et c'est intéressant de voir comment les nouvelles et les anciennes chansons collent ensemble, et ça marche super bien, c'est vraiment rafraîchissant. Ca amène de la nouveauté aux vieilles chansons, on change les tonalités, et ça marche plutôt bien de cette façon, le public a l'air d'apprécier en tout cas.

Robbie Stern de Cajun Dance Party est venu vous prêter main forte sur un titre je crois, pendant l'enregistrement de l'album ?

Adele Bethel : Oui il joue du violon sur Split lips. Il est excellent, il est vraiment jeune et assez timide, mais il a un talent incroyable pour son jeune âge. Il était capable d'expliquer certaines choses à Bernard, qui est quand même quelqu'un, car il connaît les bases du classique.

Que reste-t-il pour vous en tant qu’artiste de votre expérience avec Arab Strap ?

Adele Bethel : J’ai appris ce qu’était la vie d’un groupe, ce que c’est de tourner, ce fût une expérience très enrichissante sur le fonctionnement de l’industrie de la musique. Aidan est très drôle, c’est un bon souvenir, nous restons en contact.

Lorsque tu écris tes textes, je crois que tu t’inspires beaucoup de littérature, de cinéma... peux-tu nous en parler ?

Adele Bethel : C’était particulier pour cet album car j’avais le temps d’aller dans des galeries de peintures par exemple, nous n’avons pas fait l’album en pleine tournée. J’ai vraiment pu prendre le temps d’avoir un œil sur la poésie par exemple, c’est très inspirant. La lecture de poésie t’apprend à faire sonner les mots ensemble, à mieux maîtriser la langue. J’écris des chansons, je ne suis pas écrivain, je ne suis pas poète, mais la lecture influence profondément ma façon d’aborder l’écriture. J’ai étudié certains auteurs en particulier à l’université et j’aime toujours les lire, ça finit par imprégner ce que je fais quelque part. Et en tournée c’est très difficile d’avoir l’énergie pour se concentrer sur quoi que ce soit de ce genre, ça peut même être quelque peu déprimant de tourner, de ce point de vue. Les disques précédents sont donc peut-être plus personnels et celui-ci plus tourné vers le monde.

Pour la musique, le terme de « pop » que vous évoquiez au tout début peut recouvrir pas ma de choses et être lui-même tourné vers d’autres genre, chez vous on perçoit des sonorités rockabilly, plus aujourd’hui qu’auparavant encore, et vous n’êtes pas les seuls en ce moment en Grande-Bretagne...

Scott Paterson : Oui, comme Vincent Vincent and the Villains ! Chez nous il y a surtout en ce moment la tendance de se rapprocher du son des Clash, et les Clash étaient des fans de rockabilly, et je pense que ça doit venir de là, cette tendance actuelle qui perce en effet chez nous depuis quelques temps. On connait d’ailleurs les Villains, avant l’enregistrement du nouvel album on leur avait proposé de faire la tournée avec nous, et ils ont donc fait nos premières parties il y a environ deux ans. Ils sont excellents sur scène !

En parlant de scène, vous êtes déjà venus une poignée de fois en France, vous connaissez un peu vos fans français ?

Scott Paterson : Pour un festival on avait joué à la Boule Noire, et le public était vraiment génial.
Adele Bethel : C’est clair, c’est même un de nos meilleurs concerts! On n’en revenait pas que les gens soient si enthousiastes ici avec nous, qu’ils aient l’air de si bien nous connaître.

Il se passe beaucoup de chose pour la musique autour d’Internet depuis plusieurs années, ça permet de vous faire connaître plus rapidement et facilement à un certain public, on sait aussi les limites que ça peut avoir, qu’en pensez vous ?

Scott Paterson : D’un côté je trouve ça plutôt cool comme période, parce que personne ne sait vraiment ce qui va se passer. Je trouve que ce que vient de faire Radiohead est dingue, c’est une idée formidable. Mais en tant que fan de musique, je crois que les gens de ma génération sont encore attachés à la valeur de la musique, qui est quelque chose pour lequel il est normal de payer. La plupart des ados en Angleterre n’ont par contre jamais acheté un CD, un disque, la musique pour eux doit être gratuite et ils trouvent ça naturel. Je comprends mais il faut aussi penser que le temps et l’énergie passée au travail de la musique méritent salaire. Internet est génial pour faire entendre toute les musiques très vite et à travers le monde, en même temps il pourrait peut-être aussi tuer la musique, on ne sait pas trop sur quoi tout cela va finir par déboucher. Je ne pense pas que le CD est voué à disparaître comme on l’entend.
Adele Bethel : C’est un peu effrayant quand même. Un groupe doit bien avoir de quoi exister…