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Airship

Interview publiée par Sandra Stefanini le 28 octobre 2011

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Les mancuniens de Airship sont de retour à Paris, mais cette fois-ci en tête d’affiche. A quelques heures de leur concert à la Boule Noire, Elliott Williams et Marcus Wheeldon, respectivement chanteur et guitariste, nous reçoivent dans leur log pour parler nouvel album, Manchester et tapas.

Commençons par une question sur votre nouvel album. Pouvez-nous nous dire d’où vient le titre Stuck In This Ocean ? Est-ce en rapport avec la couverture de l’album (ndlr : une échographie) ?

Elliott : Le titre est également celui de la dernière chanson de l’album, et cela fait référence à la situation dans laquelle nous étions coincés à l’époque, être un groupe parmi tant d’autres groupes en Angleterre et se demander comment faire pour se démarquer et sortir un album. Quant à la photo du bébé sur la couverture, on cherchait une image qui pourrait illustrer ça sur un plan plus général, comme une naissance à la société.
Marcus : Le titre et la photo sont une métaphore, et Elliott t’a donné la vraie réponse, mais chacun peut y voir ce qu’il veut en fait.

Qui a eu l’idée de la photo pour la pochette ?

Marcus : C’est Steven, notre batteur. C’est une photo de son neveu. Et il y a une super photo sur Internet du bébé, qui a maintenant deux ans, qui tient l’album et se regarde. C’est sympa, en grandissant il se dira « Je suis sur la pochette d’un album ! ».

Vous avez enregistré cet album en seulement deux semaines. Pouvez-vous nous dire comment cela s’est passé ?

Elliott : En fait, ça faisait un moment qu’on tournait et donc tous les morceaux étaient déjà prêts, il fallait juste que le son soit bon, et par le passé nous n'en n’étions jamais vraiment satisfaits. En travaillant avec Dan Austin, on trouvé ce qu'il nous manquait.

Travailler avec Dan Austin était un choix évident pour vous ?

Elliott : On a rencontré quelques personnes. On insiste toujours pour rencontrer les gens, c’est important pour nous de voir comment on peut s’entendre. Quand on a rencontré Dan, il était tellement enthousiaste, il avait déjà plein d’idées...
Marcus : Il avait beaucoup d’idées pour les chansons, mais il ne voulait pas les changer, juste rajouter de petites choses. Il ne voulait pas modifier la structure des chansons, et tant mieux car elles étaient quasiment toutes déjà écrites et elles nous plaisaient comme ça. On a eu du mal par le passé à rendre en studio ce qu’elles donnaient en concert, et il a été d’accord pour retranscrire le son du live en studio et l’améliorer. Dan fait très attention aux détails, ce qui était vraiment bien compte-tenu du peu de temps en studio dont on disposait. Il existe une connexion forte entre notre producteur et nous, c’était une collaboration très étroite. Une vraie relation amicale s’est développée durant ces deux semaines et cela te met dans un bon état d’esprit pour enregistrer, ça te permet de rester concentré sur la musique.

Quelle est votre chanson favorite sur l'album ?

Marcus : Celle que je préfère écouter, c’est Vampires, mais celle que je préfère jouer c’est The Trial Of Mr. Riddle.
Elliott : Stuck In This Ocean.

Durant l’enregistrement de l’album, qu’écoutiez-vous comme musique ?

Elliott : Durant ces deux semaines, on était en studio jusque vers 2h du matin tous les jours et en rentrant on regardait peut-être un peu la télévision mais c’est tout...
Marcus : On écoute beaucoup de musique tout le temps habituellement. J’ai du écouter de la musique à cette période, mais on était tellement concentrés sur notre musique que je ne pense pas que cela ait influencé l’enregistrement de l’album. On peut peut-être trouver des influences extérieures si on écoute un son de guitare ou de synthé, mais d’une façon globale non. Car au final nous n’avons effectivement pas écouté beaucoup de musique pendant cette période, il faut reposer ses oreilles, pour être sûr que le lendemain tu pourras entendre de petites choses qui t’auraient échappées avec la fatigue à 2h du matin.

Comment cela se passe-t-il lorsque vous composez les chansons ?

Elliott : On va partir d’une idée et puis on va jammer, c’est assez différent à chaque chanson. C’est assez étrange en fait, ça peut évoluer de tellement de façons différentes...

Votre style de musique repose sur des titres efficaces et entraînants, peut-on vous qualifier de groupe à singles selon vous ?

Marcus : Non pas vraiment. C’est toujours assez étrange quand tu crées un album de décider quelles chansons pourraient être des singles. J’aime chacune de nos chansons pour ce qu’elles sont, et nous avons toujours été un groupe qui porte beaucoup d’attention aux mélodies. On sait qu’une mélodie est très importante, que ce soit au niveau du chant ou de la guitare. Chaque chanson que nous avons composée depuis nos débuts a toujours quelque chose dont tu peux te rappeler, comme une mélodie accrocheuse, mais être un single je ne sais pas. Algebra est naturellement un single et Kids aussi.
Elliott : Je peux considérer tous nos morceaux comme des singles potentiels, mais lorsque je parle avec la personne qui s’occupe de nos passages radio elle ne verra qu’un single potentiel sur tout l’album. Je crois que le but était de faire un album que tu peux écouter en entier, créer ton propre voyage personnel plutôt que de faire une succession de singles.
Marcus : Il vaut mieux écouter l’album en entier, de la chanson 1 à la 11, à l’ancienne. Si tu ne veux écouter qu’un morceau puis un autre, ça fonctionne aussi, mais je crois que tu apprécieras plus Stuck In This Ocean si tu consacres cinquante minutes à l’écouter en entier.
Elliott : On a un son assez puissant, mais il y a aussi beaucoup de détails. Un type a comparé notre groupe à des tapas, c’est consistant mais composé de plein de petites choses à picorer. Je trouve que c’est une très bonne description.

Vous êtes signés chez PIAS, pourquoi les avoir choisis ?

Elliott : On a rencontré des majors en Angleterre, mais on ne voyait pas les choses de la même façon. Avec PIAS on était sur la même longueur d’onde. En plus, ils ont des moyens, ils sont basés en Angleterre mais aussi en Belgique par exemple. Ils ont tout de suite été clair sur le fait qu’ils nous permettraient de nous développer en tant que groupe.

Vous avez passé beaucoup de temps sur la route depuis vos débuts, notamment aux cotés d'Editors, The Joy Formidable et Biffy Clyro. Ces expériences passées vous ont-elles aidé à devenir ce que vous êtes ?

Marcus : Je ne pense pas que cela nous ait changé en tant que personnes. Ça nous a par contre montré ce qu'est une tournée à ce niveau, lorsque tu es un groupe plus établi avec trois albums ou plus et que ça fait cinq ou dix ans que tu vis cela comme Biffy Clyro. En fait, ça nous a peut-être changé dans le sens où ça nous a donné encore plus de force et de passion pour atteindre ce niveau. On peut se dire « si j’étais à ce niveau, qu’est ce que je ferai différemment ? ».
Elliott : Avant ces tournées on jouait devant cent personnes, et là d’un coup on s’est retrouvés à jouer devant des milliers de gens. Ça nous a permis de nous ouvrir plus en tant que performers, surtout moi qui était assez timide. On a appris beaucoup sur ce plan là, et aussi sur le son de notre groupe. Avant on jouait dans des petits clubs et quand on est arrivés dans des salles plus grandes on a dû jouer plus fort, et de retour dans des petites salles on a gardé ce son fort. Tout est devenu plus fort.
Marcus : Ce qu’on a appris, c’est que nos chansons fonctionnaient bien dans des salles plus grandes. Ça a été évident sur cette tournée. Les concerts avec Biffy Clyro nous ont beaucoup aidés, dans le sens où maintenant les gens viennent nous voir pour nous et non plus comme première partie.

Lorsque vous êtes en tournée, qu’est ce qui vous manque le plus ?

Elliott : Mon lit. Et je crois que c’est tout. Quand tu rentres chez toi après une tournée, au bout de deux jours tu t’ennuies tellement...
Marcus : Chacun aime son petit confort, son chez soi. Moi en revanche, j’aime vivre au jour le jour. Si je n’étais pas dans Airship je ne pourrais pas aller en Suisse, à Paris ou en Pologne. J’adore me réveiller et ne pas savoir ce qui va se passer. A ce stade de ma vie, j’aime cette spontanéité.
Elliott : C’est notre espace personnel qui peut nous manquer parfois, juste 24 heures loin des ces trois là (rires) !

A quel point a-t-il été difficile de sortir de la masse, du fait que vous êtes originaires de Manchester ?

Elliott : Je crois qu’on n’y avait jamais pensé avant d’avoir quitté Manchester. On a grandi dans cet environnement et au milieu de ces groupes, enfin pas à leur époque. Mais on ne s’est jamais dit « Oh les gens vont penser qu’on est comme Joy Division ou les Smiths ». On est juste un autre groupe de Manchester. Il y a beaucoup de bons groupes là-bas, mais nous ne sommes pas une scène, car tous ces artistes sont très différents.
Marcus : On est très fiers d’être de Manchester, c’est une ville absolument fantastique. Mais comme l’a dit Elliott, nous ne faisons pas partie d’une scène. Nous pourrions venir de n’importe où.
Elliott : On peut jouer et avoir Bez ou Badly Drawn Boy qui viennent nous voir, ça peut paraître étrange, mais en fait non, ils sont de Manchester, on est de Manchester...
Marcus : Oui, je peux me balader à vélo et croiser Peter Hook ou Johnny Marr.
Elliott : Et c’est normal. Tu gardes un respect énorme pour ces groupes, même en les voyant faire ces trucs normaux.
Marcus : Quand j’étais au lycée un jour mon professeur de musique est arrivé et nous a dit « ok vous n’aurez pas cours aujourd’hui car vous allez vous rendre en studio et Bernard Sumner va venir vous parler ». Il est venu et il avait apporté des démos de Blue Monday, puis il est resté parler avec nous. C’est une chance incroyable d’avoir vécu ça. Juste parce que des gens comme ça ont choisi de vivre où je vis, c’est juste une grosse coïncidence.

En parlant de tous ces groupes, vous rappelez-vous quel est le premier album que vous avez acheté ?

Marcus : Dangerous de Michael Jackson.
Elliott : Pareil.
Marcus : On est fans de Michael Jackson, mais en général quand on dit ça, les réactions des gens sont assez mitigées (rires) !