logo SOV

King Charles

Interview publiée par Olivier Kalousdian le 27 avril 2012

Bookmark and Share
L'Angleterre a toujours été un peu schizophrène. Royaliste et ultra libérale ; offrant au monde le Punk puis le Thatchérisme ; formant pendant des siècles le plus grand empire du monde mais acceptant aujourd’hui d’être inféodée aux Etats-Unis.
King Charles, jeune artiste désinvolte que l’on croirait tout droit sorti d’Indiana Jones et le Temple Maudit, coté aristocratie anglo-indienne, ne fait pas exception à ces antagonismes et tente de s’imposer en synthèse de l’histoire musicale britannique des cinquante dernières années. Visage fin et anguleux orné d’une moustache fine et travaillée, cheveux traînant jusqu’au bas du dos et tenues empruntées au temps des colonies, Charles ne renie ni ses origines, plutôt aisées, ni son goût prononcé pour le lyrique sans ne jamais oublier l’image qu’il véhicule et qui lui importe presque autant que le style musical qu’il invente pour l’occasion : le glam folk ! Comme le faisait Freddy Mercury à son époque, King Charles réussit la prouesse des concertos pop rock où toutes les influences se mélangent, portées par un chant, le plus souvent, collégial.
Un extravagant musical dont le personnage exhibe et exige un je-ne-sais-quoi de suffisance rendant cette interview plutôt déconcertante...

Tu es assez discret sur ta personnalité et ton parcours, Charles est-il ton vrai nom ?

Absolument !

D’où vient ton nom de scène, King Charles ?

Peut-être un je-ne-sais-quoi de Prince... Plus sérieusement, j’ai toujours eu ce surnom, donc je l’ai gardé.

Tu sembles avoir des origines asiatiques ou moyen-orientales...

C’est vrai, plus ou moins. Je suis Anglais, mais mon père est né en Afrique du sud et ma famille vient du Liban, au niveau de mes grands parents.

Je crois que tu as reçu une éducation assez classique ; quand as-tu appris la musique et quand as-tu décidé que tu en ferais ton métier ?

J’ai appris à jouer de la musique très jeune mais j’ai commencé à écrire des chansons quand j’avais dix-sept ans. Quant à décider que ce serait là mon unique métier, j’ai dû me m’en convaincre aux alentours de mes vingt-et-un ans. Mais de là à dire que j’en vis aujourd’hui... (sourires) ! Quand j’étais plus jeune, j’ai pris des cours de violoncelle et de chant. Ensuite, j’ai touché un peu à tout en apprenant par moi-même. Guitare, percussions...

Tu es issu d’une famille de musiciens ?

Oui. Ma mère était très à cheval sur mes cours de musique et s’assurait que je travaillais correctement mes leçons de solfège et de violoncelle.

Tu es né à Londres en 1988 et, en 2010, tu as gagné l’International Songwriter Competition par un vote unanime. Ç'a été un vrai coup de pouce pour démarrer ta carrière en tant que King Charles ?

Un gros coup de pouce. Ça a mis du temps à se faire savoir et à arriver aux oreilles des gens du métier mais cela m’a vraiment aidé à avoir toute l’attention d’Universal.

Plus jeune, tu as joué dans un groupe qui était spécialisé dans les reprises de Kiss, tu y tenais le rôle de Paul Stanley (ndlr : guitariste de Kiss) mais sans les poils sur le torse !

Comment sais-tu ça ? Je crois que je peignais les poils sur mon torse à cette époque (rires) !

Tu as ensuite joué dans un groupe appelé Adventure Playground après avoir fait des études de sociologie. Ces études t’ont-elles aidé à trouver ta propre voie dans la musique ?

Cela m’a aidé à réaliser que la musique était la seule chose que je voulais faire. Il n’y avait rien d’autre qui m’intéressait vraiment. J’ai donc quitté l’université assez tôt et suis revenu m’installer à Londres pour démarrer ma carrière.

Tu veux dire que la sociologie t’a aidé dans ton choix ? Ou n'avais-tu pas beaucoup d’intérêt pour les études de sociologie ?

Un peu des deux (rires) ! On ne peut pas dire que j’étais très intéressé par les études mais j’aimais bien la sociologie. Je ne veux pas savoir tout ce que pensent les autres et le coté pratique ou appliqué de ces études ne me passionnais pas. Je n’aime pas les devoirs et travailler trop dur (rires). Ce que appréciais, c’était l’aspect romantique de ces études ou l’intensité historique de lieux comme Oxford ou Cambridge.

J’ai lu que tu n’écoutais que de la musique classique jusqu’au jour où un de tes amis t’a fait découvrir l’album Blonde On Blonde de Bob Dylan...

C’est vrai. C’était quasiment ma première expérience rock. »

C’est ce background classique qui, aujourd’hui, te permet d’exceller dans les productions complexes, riches et orchestrées par beaucoup d’instruments différents ?

Je crois que oui. Je veux que ma musique soit la plus riche et intéressante à écouter possible. C’est un mix entre musique classique, pop, folk et rock. Je crois que j’ai trouvé ma voie au travers tous ces styles réunis.

Même ton flow et ta voix empruntent à des influences très hétéroclites. Dans un titre comme Ivory Road, c’est assez frappant. Quelles sont tes influences en pop et en rock, aussi hétéroclites soient-elles ?

Vampire Week End, Bob Dylan, Kanye West, Rihanna et Laura Marling que j’adore totalement. Elle jouait à Paris hier soir mais, comme je jouais également, je n’ai pas pu la voir et j’en suis très triste.

Que rêvais-tu de faire plus jeune, avant de vouloir être musicien ?

Je voulais être médecin ! Mais il y avait trop d’études et, surtout, trop de chimie et de mathématiques (rires). J’adore la chimie mais la chimie organique, celle que je peux réaliser dans équations (rires) !

Si tu n’étais pas musicien aujourd’hui, que voudrais-tu être ?

Je crois que je serais un universitaire raté (rires) !

Au départ, ton premier album, LoveBlood avait été présenté sous le nom de Mississipi Isabel...

Mississipi Isabel était le premier single de l’album pour l’Angleterre. Et LoveBlood était le premier en France, le label a donc décidé de renommer l’album LoveBlood.

Que signifie ce terme ?

Parce que c’est mon hommage à l’amour, le sang de l’amour !

Combien de temps ont nécessité l’écriture et l’enregistrement de cet album ?

En tout, cela nous a pris cinq ans, je crois...

Tu as notamment enregistré l’album à Hollywood. Comment as-tu atterri là-bas pour ton premier disque ?

Nous avons collaboré avec Matthew Wilder qui habite et travaille à Los Angeles. Il nous a ouvert les portes du studio Capitol, un studio incroyable pour un musicien ! Mais la majeure partie de l’album a été enregistrée au studio MI7 de Londres.

Que penses-tu du terme stylistique que certains médias t’ont accolé : Modern Dandy Of Pop Rock ?

Super ! C’est plutôt bien vu non (rires) ? Mais je préfère qualifier ma musique de glam folk.

Sur le titre Lovelust, on sent des influences de Queen, sur Ivory Road, ta voix ramène à celle de Dylan à ses débuts, et tu ne renies pas les lourdes guitares hard-rock non plus. King Charles est un peu une synthèse de cinquante ans d’influences rock ?

Oui, je crois que notre but est de faire du rock universel. J’aime toutes les périodes du rock et toutes ses influences.

Qui joue avec toi sur scène ?

Il y a James aux claviers, le jeune David à la batterie, Tom à la basse, Max, qui est en quelque sorte notre musicien couteau suisse en tournée, et Candice, pour les chœurs. Ce sont des amis maintenant, mais nous nous sommes rencontrés dans un cadre professionnel.

Tu as repris un titre de Billy Joel, We Didn’t Start The Fire, mais en modifiant les paroles pour les remettre au goût de l’actualité de notre époque. Par quoi as-tu été attiré dans cette chanson assez engagée ?

J’ai aimé, non pas son côté engagé, mais son histoire et la description de notre histoire passé que Billy Joel fait en citant les grands évènements qui ont jalonné le siècle. Marilyn Monroe, JFK, le Watergate... Mais, je préfère toujours m’attacher aux gros titres qu’à l’article lui-même, à la conclusion de l’histoire qu’au roman ! C’est un titre très puissant pour moi.

Ce titre est toujours d’actualité grâce à tes paroles notamment mais, si Nous n’avons Pas Allumé Ce Feu et que le monde s’est toujours consumé d’une manière ou d’une autre, qui l’a allumé à l’origine ?

Qui a allumé le feu ? Ce que j’aimerais et ce que j’essaie de dire au travers de cette reprise à cette nouvelle génération, c’est justement d'allumer ce feu ! Bougeons-nous, mettons les choses sens dessus dessous. Pas nécessairement par une politique précise ou par la violence mais par la culture, l’esprit et l’art. Je veux voir des flammes émerger des créations de cette génération. Le monde est, certes, très troublé mais nous avons besoin, justement, de travailler sur notre unité et notre identité par la culture et l’art. Tout cela sera vu et entendu bien plus fort que toute autre politique.

Quel serait ton rêve en tant que musicien ?

Être le premier à jouer sur la Lune !

Quel est le futur proche pour King Charles ?

Enregistrer le plus de disques possibles, tourner dans le monde entier... Je crois que ce serait déjà très bien ! Mais, encore une fois, pour le futur, ce dont je rêve le plus : je suis assis sur un coin de la Lune et je joue Love Lust !