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Palma Violets

Interview publiée par Laurent le 1er mars 2013

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Phénomène hype londonien depuis l’été dernier, les Palma Violets sortent aujourd’hui leur premier album, 180. Sam Fryer (guitare/chant) et Pete Mayhew (clavier) ont répondu à nos questions à la veille de l’enregistrement de l’Album de la Semaine à Paris, alors que le bassiste Chilli Jesson et le batteur Will Doyle se trouvaient en promo à Bruxelles.

Ce n'est pas un peu stressant de rencontrer tous ces journalistes qui ont écouté votre bébé ?

Sam : Maintenant que la vérité est connue, tout le monde s’aperçoit de la supercherie ! On peut nous dire « c'est bon les garçons, vous pouvez rentrer chez vous ! ».
Pete : « Il est temps d'aller à la fac ! »
Sam : « Allez écouter un peu de Leonard Cohen et revenez ! »

Vous avez été produits par Steve Mackey de Pulp, comment cela s'est-il passé ? L'avez-vous choisi ?

Sam : C'est un ami du label, c'est eux qui nous l'ont proposé. Mais on avait vu d'autres producteurs avant et c'est celui qui nous correspondait le mieux. Il arrivait à nous faire nous relaxer quand les choses devenaient un peu tendues en studio. C'est important d'avoir quelqu'un qui peut te faire te sentir bien en studio parce que c'est un endroit assez affreux, tu joues en boucle les mêmes morceaux, encore et encore...
Pete : Il n'interférait pas trop, il n'avait aucune idée préconçue sur comment l'album devait sonner. Au contraire, il nous a laissés nous exprimer comme on le souhaitait. Tout en permettant de rendre nos idées concrètes puisque nous ne savions pas gérer notre son avant.
Sam : Certains producteurs veulent changer le son mais Steve se contentait de capturer l'énergie live de nos chansons.

Vous avez tout enregistré en live ?

Sam : Oui, tout est capturé live.

Vous avez des chansons préférées sur l'album ?

Sam : On les aime toutes. Personnellement, c'est un peu par périodes. Quand on travaille une nouvelle composition et qu'on la joue beaucoup, c'est ma préférée du moment. Et puis la semaine d'après, on va redécouvrir un vieux morceau et le retravailler alors ce sera celui-ci.

Il n'y a pas de chansons que vous préférez jouer en concert ?

Sam : Les dernières compositions, celles qui s'accélèrent pas mal comme We Found Love ou Johnny Bagga' Donuts.
Pete : Certaines de nos premières chansons, on aurait jamais pensé les enregistrer sur un album, c'est assez fou ! Donc on les chérit tous ces morceaux, on est fier de tout l'album.

Au niveau des paroles, quelles sont celles que vous préférez ?

Sam : Elles sont toutes assez différentes, elles viennent de diverses histoires... Mais ce sont aux autres de décider ce qu'elles ont de bon ou pas !

Mais c'est quand même toi qui les as écrites, tu as l'air bien placé pour en parler...

Sam : Mais ce sont aux gens de juger, bien qu'elles viennent de nos histoires personnelles. Même si c'est vrai que même moi je ne les comprends pas parfois ! J'aime quand même beaucoup les paroles de 14.

Vous avez beaucoup de paroles simplistes dont ce titre est le meilleur exemple. C'est plus comme un instantané d'un moment qu'une histoire, est-ce un choix ?

Sam : Oui, ne pas trop penser les choses... Que ça monte au cerveau l'air de rien et prenne contrôle de l'esprit pour poser certaines bases, comme un canevas autour duquel on peut vagabonder et s'inventer sa propre histoire. Mais, par exemple, une chanson comme All The Garden Birds relève plus d'une espèce de rêve que j'avais fait.

C'était votre premier enregistrement, personne n'a eu du mal avec les exigences du studio ?

Sam : Non, il y a un bon équilibre au sein du groupe puisque aucun de nous ne sait vraiment ce qu'il fait.
Pete : Il n'y a aucun musicien parfait parmi nous.
Sam : On pourrait croire que Chilli, qui n'est pas un excellent bassiste, a eu du mal mais en fait pas du tout, c'était lui le plus à l'aise.
Pete : Oui, il joue de la même manière en live ou en studio. Il est tellement dans son truc qu'il ne s'en rend pas compte s'il fait une erreur. Mais ça a justement bien marché parce que nous n'avons jamais essayé de jouer parfaitement pendant l'enregistrement.

Sam, tu as quelques moments de bravoure à la guitare sur l'album, comme le final de Johnny Bagga' Donuts. C'est quelque chose que tu veux travailler ?

Sam : Pourquoi pas ? Mais en fait je me demande si je m'améliore ou régresse à la guitare ! Je ne me considère pas comme un guitar hero mais c'est vrai que j'aimerais bien mieux contrôler mon son.

Lors de l'enregistrement, aviez-vous des albums références comme lesquels vous vouliez sonner ?

Sam : Sûrement Snatch And Poontangs ! On espère que 180 aura encore de l'impact dans cinquante ans, que des gamins le découvriront, l'adoreront et l'écouteront, seulement une fois par mois parce qu'ils le chérissent trop... Non, honnêtement, on n'avait pas d'album spécial en tête, on le faisait d'abord pour nous, on voulait juste pouvoir être fiers du résultat.

Et vous allez vous mettre à écrire des paroles sexuellement explicites comme Snatch And The Poontangs ?

Sam : Oui, j'espère. Mais d'abord il faudrait qu'on ait un peu plus d'expérience en la matière !
Pete : Il faudrait qu'on en sache plus sur le sujet.

Avec les groupies, ça devrait aller...

Sam : Ouais, mais où sont-elles ?!

Pour en revenir à Snatch And The Poontangs, pourquoi avez-vous raconté dans toutes vos interviews que c'était votre groupe préféré ?

Sam : C'était une obsession qu'on avait à l'époque où on a commencé la promo.

Mais ce n'est même pas un groupe...

Sam : Oui, je crois que c'est un side-project (du bluesman Johnny Otis, avec son fils Shuggie Otis et le chanteur Delmar Evans, ndlr). Mais c'est un album important. Lorsque Chilli essayait de le trouver, il a fait tous les disquaires autour de Londres pour rien. C'était impossible. Alors on a du l'acheter avec cette chose qu'ils appellent un ordinateur. C'était un import d'Italie.

Le groupe existe depuis à peine plus d'un an, toutes les chansons de l'album ont donc été écrites récemment. Profitez-vous de cette créativité des débuts pour commencer à écrire la suite ou bien vous estimez avoir droit à un peu de repos après cette année à fond la caisse ?

Sam : J'ai toujours des idées de chansons que j'essaie de ne pas oublier. Parfois, je marche dans la rue, je pense à quelque chose et je le note pour plus tard. Quand on retournera au Studio 180, si on peut y retourner, on aura ainsi déjà des idées autour desquelles créer de nouveaux titres. Mais c'est également assez marrant de rentrer en studio sans idée particulière et de juste créer. C'est comme cela que quelques unes de nos chansons ont été créées, comme We Found Love après un jam d'une heure en studio.

Pourquoi avez-vous choisi Step Up For The Cool Cats comme single pour introduire l'album ?

Sam : Ce n'est pas nous qui avons choisi ! Nous avions quelques idées comme We Found Love ou Step Up For The Cool Cats mais c'est tout...
Pete : De toute façon, nous sommes satisfaits avec n'importe quelle chanson de l'album.
Sam : On aurait pu sortir n'importe quel morceau comme single.
Pete : On avait pensé à All The Garden Birds comme premier single. Finalement c'est Best Of Friends qui avait été choisi et c'était un très bon choix, une chanson qui bouge plus.
Sam : Et surtout plus ou moins la seule avec un refrain !

Brand New Song aurait pu faire un sacré single...

Sam : Ah oui, ça aurait été drôle à la radio !
Pete : On aurait pu utiliser l'enregistrement chaotique du Studio 180.
Sam : Ah, c'était génial ! On avait enregistré une démo lors d'un concert au 180 et au moment où j'ai chanté « it's two minutes fifty-one, » ça faisait exactement deux minutes et cinquante-et-une secondes, impressionnant...

Qu'aviez-vous pensé de votre premier concert parisien au Festival des Inrocks ?

Sam : Ce n'était pas facile parce qu'on était habitué au public déchaîné en Angleterre. En plus, on adore jouer avec le volume à font et il y avait une limite sonore donc on était un peu déçus. Mais c'était vraiment cool quand même, on a eu beaucoup de retours positifs en plus, les gens ont aimé.

L'an dernier vous aviez aussi joué dans un festival dans le sud de la France également, c'était comment ?

Sam : Oui, le Midi Festival. C'était vraiment bordélique. Tout le matériel se cassait, des gens du public ont bien essayé de m'aider avec ma guitare mais personne ne parlait anglais ! Mais c'était cool, on a bien rigolé, on n'était même pas censé jouer au départ... En tout cas l'endroit était vraiment très beau.

Vous allez bientôt jouer aux Etats-Unis ?

Sam : Oui, nous y partons en tournée dans quelques jours !

Mais aucun de vous n'a vingt-et-un ans ?

: Non, mais c'est ça qui va être excitant, retrouver le sentiment d'illégalité d'il y a quelques années.

Où allez-vous ?

Sam : On va rester à Williamsburgh à New-York. Mais nous allons aller faire des concerts un peu partout, à Philadelphie, Toronto, Chicago, Boston... Et on va donner dix concerts à New-York. Nous aurons une sorte de résidence dans une petite salle où on jouera chaque semaine. Et puis plus tard nous jouerons des festivals comme Coachella ou Lollapalooza. On ne sait pas encore si l'on va jouer au SXSW parce qu'il y a des histoires d'argent... Il ne faut pas oublier que l'on est sur un label indépendant. On aurait dû signer sur une satanée major américaine pour faire de l'argent (rires) !

Pour l'instant, en dehors de Londres, où avez-vous rencontré le meilleur public ?

Sam : A Hull et Middlesbrough. Ceux dont on n'attend pas grand chose sont en fait souvent les meilleurs publics. On devrait jouer dans plus d'endroits comme ça.
Pete : Comme Stoke !
Sam : Mais Manchester est ennuyeux.

Vous avez joué au Deaf Institute là-bas, le lieu a pourtant bonne réputation, non ?

Sam : C'est un bon endroit mais ils nous détestaient là-bas... Le putain de promoteur ne pouvait pas nous blairer !
Pete : Oui, donc on a volé du matériel.

Et vous avez eu des ennuis en concert ? Des bagarres avec le public ?

Sam : Oui, tout le temps, spécialement Chilli. Une fois, à Bedford, au Sud de Londres, le public était raciste envers notre première partie. Ce n'est pas un très bon endroit où aller. C'est le genre de lieu très British National Party, c'est affreux… C'est dommage car la salle est très bien là-bas, mais le public craint.

Avez-vous hâte de jouer les grands festivals européens comme Benicassim cet été ?

Pete : On joue à Benicassim ?!
Sam : On ne nous a pas prévenus.
Pete : Il faut aller voir ça sur le site internet.
Sam : Pour en revenir aux festivals, c'est une nouvelle expérience pour nous de jouer sur de grandes scènes mais ça va être marrant.

Vous arrivez à toujours vous sentir proches du public même sur une grande scène à plusieurs mètres du premier rang ?

Sam : Oui, c'est encore possible. Par exemple quand Chilli fait participer le public, il arrive à faire agiter toutes les mains en même temps, en levant les bras petit à petit. Mais c'est vrai que certains groupes se perdent sur une grande scène, ils perdent leur énergie. Il faudra y penser et rester proches les uns des autres sur scène, comme au Studio 180.

Pour finir, je vous ai préparé la pire question possible parce que je vous apprécie. Si votre album était comestible, que serait-il ?

Pete : Disco Biscuit !

Qu'est-ce que c'est ?

Sam : Ce n'est pas de la nourriture, c'est de la drogue (une sorte d'ecstasy, ndlr).
Pete : Ça pourrait aussi être un chocolat fourré à la liqueur, ça y ressemble.
Sam : Il faut s'éloigner de cet univers de sucreries, déjà qu'on a nommé notre groupe d'après une sorte de bonbons... Je pense que ça pourrait être... qu'est-ce que c'est que des amuse-bouches (en français dans le texte, ndlr) au fait ?

Ce sont de petites entrées apéritives.

Sam : C'est exactement ça ! Ce n'est que le début avant quelque chose d'énorme ! 180 est un amuse-bouche.