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King Charles

Paris, Maroquinerie - 8 juin 2012

Live-report par Natt Pantelic

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On avait pour habitude de voir le dandy auto-couronné d'Albion sous des dehors d'échappé du Marie-Antoinette copollesque pour les uns, de composite dandy-rasta-baroque-glam de Prince et Willy DeVille pour les autres, ou toute autre comparaison imagée et pour le moins flatteuse. Ce soir sur la scène de la Maroquinerie, King Charles apparaît tout d'orange vêtu, dans cette improbable combinaison de pompiste façon Redneck, mais sans la casquette élimée : son imposante tignasse ne le permet pas.

Et puis, après quelques morceaux, on se dit que la tenue choisie ce soir n'est pas totalement dénuée de sens. On le sait, les inspirations de l'artiste sont multiples, colorées, et l'on ne s'étonne plus de trouver dans sa musique des sons caribéens, blues, rock, pop, folk voire même country confinant au cajun. CQFD. Une nouvelle tenue pour sortir peut-être du cliché dandy-glam qui lui colle à la peau, qu'il a rapidement découverte jusqu'au nombril, ce dézippage laissant apparaître son torse velu couvert de sueur... Double explosion de thermomètre interne. Sexy King Charles et ses acolytes aiment donc séduire et surprendre, et ceci pour notre plus grand plaisir.

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Le courant passe très vite entre le groupe et le public venu en masse pour applaudir ces chansons d'amour aux mélodies entêtantes qu'il semble déjà connaître, issues pour la plupart d'un premier album enthousiasmant, LoveBlood, sorti le mois dernier sur le label Mi7 Records. Le live de ce soir est non moins enthousiasmant. Le King aime la scène, adore jouer de ses charmes auprès du public, l'enjôle de viles flatteries très prévisibles mais, allez savoir pourquoi, ça marche. On lui pardonne son « j'adore les parisiennes » ou son humour bad taste so british (« long live the King ! » crie un fan… « it's been a while since a french said that ! répond-il »] après avoir dégusté les cocktails tropico-pop Mississippi Isabel et Lady Percy. Le glaçage du clavier façon violons sur l'histoire d'amour déçu de Polar Bear rafraîchissent l'ambiance qui se fait là plus dramatique, accentuée par le doublé de percussions de la choriste et du batteur.

Un morceau lyrique et théâtral suivi du délire blues folk mâtiné de country aux accents celtiques d'un Brightest Lights dont le final tient aussi du trip woodstockien, avec un King Charles en guitar hero faisant hurler une électrique très hendrixienne. Parce que cette musique, c'est ça : un grand road-trip à la Sufjan Stevens à travers les États-Unis mais à plus large spectre ici, un road trip qui nous embarque dans une aventure humaine où tout se recoupe, où des personnages ressurgissent d'une histoire d'amour à l'autre (« I wrote you a song, Mississippi Isabel » - Love Lust), montrant un art de la narration aux thématiques universelles et d'une musicalité chamarrée, électrisante et hautement communicative.

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Certains esprits chagrins disent en sortie de salle que ce n'était pas assez enthousiasmant, contrairement au moment magique de leur découverte de cet artiste à Bourges ou ailleurs, d'autres à tendance hipster argueront que le public en plein trip choral pour le rappel sur scène faisait « vraiment trop concert de Johnny, non mais la honte quoi ! » ou que « vraiment là, il se prend pour Freddy Mercury, le talent en moins... », en rapport à son éducation musicale classique, sûrement, mais mis à part quelques arrangements lyriques et vocalises poussées par le chanteur, la comparaison s'arrête là. Un petit regret quand même quant à ce live : on sent que la setlist a été établie pour satisfaire le plus grand nombre, au détriment d'une profondeur dans laquelle le groupe aurait pu aller pour encore plus de plaisir musical.

Est-ce sa signature chez Universal qui le pousse à une ouverture plus consensuelle, plus superficielle ? L'avenir nous le dira. Mais quoi qu'il en soit, ne soyons pas cavaliers : King Charles, c'est royalement bon pour le poil.
setlist
    Mr Flick
    Bam Bam
    Mississippi Isabel
    Lady Percy
    Love Blood
    Polar Bear
    Brightest Lights
    Mmm
    Beating Hearts
    Love Lust
    Co Co Chitty
    Wild Love
    ---
    Love Is The Cure
    Ivory Road
    We didn't Start The Fire
photos du concert
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