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King Charles
Charlie Winston

Paris, Olympia - 7 juin 2012

Live-report par Olivier Kalousdian

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Nouveau Casino, Les Combustibles, Festival Chorus... et, ce soir, l’Olympia avec ses lettrages en néons rouges et sa salle légendaire. En deux ans, King Charles bénéficie d’une exposition remarquable en France.

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Jouant en première partie du phénomène de ces dernières années, Charlie Winston, King Charles et ses musiciens ont la lourde et difficile tâche d’ouvrir le bal en ce jeudi frais et pluvieux, devant un public très hétéroclite mais venu en majorité pour l’artiste principal et souvent méconnaissant du glam folk du pirate anglo-libanais. Difficile car, si King Charles joue les têtes d’affiches dans des salles plus intimistes fréquentées par des amateurs de sons nouveaux, à l’Olympia, il joue les challengers.
Exceptée sa Majesté, tous les musiciens sont vêtus de costume assez rigides ou d’une robe graphique de belle facture pour la choriste, ce qui constitue sûrement un précédent pour cette formation qui nous avait habitués à plus de fantaisies dans les looks et même dans la mise en scène. Une fois de plus habillé en aventurier chic, pantalon blanc, veste noire sur une chemise blanche ouverte et des cheveux qui n’arrêtent plus de pousser, King Charles n’arrive pas à prendre le pouls ni la mesure de sa salle. Méforme ou stress de jouer sur une scène qui a vu passer les plus grands, le groupe a laissé au vestiaire les solos, les improvisations et la folie qu’on lui connaît. Or, de la folie, il en faut pour conquérir un public très sage et non amateur, venu écouter, en priorité, les titres de Charlie Winston que jouent les radios depuis quelques mois. Exécutés plus que ressentis, les titres comme Mississipi Isabel ou Love Blood ne dégagent pas leur brillance habituelle et n’arrivent pas à faire monter la sauce. Il s’en suit un set en demie teinte où le King en oublie même son légendaire lâcher de cheveux. Il en sera bien différemment sur la scène de la Maroquinerie, dès le lendemain soir.

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Les cadres supérieurs n’ont pas eu le temps de rentrer se changer et les costumes cravates, parfois dans la poche, sont aussi nombreux qu’à un meeting politique place de la concorde. Charlie Winston rassemble et fédère plus qu’aucun parti en cette période de campagne électorale ! Accompagné d’un nouvel album, Running Still, Charlie Winston fait partie de cette catégorie d’artistes multi-instrumentaliste et multi-compétences dont la voix n’est pas la moindre des qualités.
Avec des airs doux, jazzy ou blues, parfois a capella, que ne renieraient ni Michael Kinawuka ni Lenny Kravitz quand les guitares s’électrifient, Charlie, pour son ton de voix, sa funky attitude et pour tous ceux qui ne connaissent son œuvre qu’à travers les ondes radios, aurait du naître black ! À l’instar d’un General Electriks, il fait pourtant partie de ces musiciens blancs qui ont hérité du meilleur de leurs aînés métissés, Bob Marley en premier lieu (Hello Alone). Rempli d’idées qui font mouche et de titres aussi différents les uns que les autres, il passe de vocalises seules, rapides, à des chansons qui tutoient le funk blanc d’un Randy Newman ou d’un Joe Jackson. Il n’est plus le vagabond admirable de l’album Hobo (600 000 copies écoulées en 2009) et le décor et les lumières originales qui l’entourent, comme la parfaite prestation de ses musiciens, marquent une entrée remarquée et remarquable dans la cour des grands sur une scène qu’il occupe parfaitement et un public qui entonne avec lui ses titres les plus connus (Like A Hobo). Il se lancera même ce soir dans un beatbox solo, contribuant à fidéliser et faire frissonner même les plus âgés.
Talentueux artiste-citoyen du monde – son premier opus sous le label Real World et le soutien de Peter Gabriel ne sont pas des hasards – Charlie donne généreusement, et pas que sur scène ; il soutiendra le 25 juin à Paris le réseau MicroWorld.org au cours d’un concert privé. Il n’oublie pas qu’il doit beaucoup à la France pour son succès dès ses débuts et il rend ce soutien au public présent en échangeant, en franglais, quelques anecdotes sur le fait qu’il n’est plus sans domicile fixe avec la maison qu’il vient de s’acheter et les problèmes inhérents, comme ceux de la plomberie de ses toilettes, la veille du concert !

Comme d’autres avant lui, il chante la vie, celle de tous les jours, celle qu’il a vécue, celle qui voit le climat changer notre monde, celle qui laisse à terre les plus démunis. Comme ses plus illustres aînés – on ne peut s’empêcher de penser à un Bob Dylan qui aurait émergé trente ans plus tard – Charlie Winston est de ces artistes, fils de mais sans en jouer (ndlr : ses parents sont musiciens chanteurs, hippie folk) qui sont nés et ont grandi dans les endroits les plus incongrus (ndlr bis : sa mère vivait dans une ferme avec une douzaine de chats sauvages !) et qui nous rappellent que toutes les couches de la société peuvent receler pas mal de talents certains.
setlist
    KING CHARLES
    Non disponible

    CHARLIE WINSTON
    Wild Ones
    Hello Alone
    The Great Conversation
    Kick The Bucket
    Where Can I Buy Happiness?
    Unlike Me
    Tongue Tied
    I'm A Man
    My Life As A Duck
    Boxes
    My Name
    Summertime Here All Year
    Speak To Me
    Until You're Satisfied
    In Your Hands
    Rockin' In The Suburbs
    Like A Hobo
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    Generation Spent
    I Love Your Smile
    Au suivant (Jacques Brel cover)
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    She Went Quietly
photos du concert
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