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CITIZENS!
The Ting Tings
King Charles

Montreux, Montreux Jazz Festival - 13 juillet 2012

Live-report par Aurélien

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Dernier weekend sur les rivages du Montreux Jazz Festival. Grosses gouttes de pluie et températures inhabituellement basses en cette saison nous accueillent pour une soirée qui s’annonce bien remplie. A notre programme, pas moins de cinq groupes se succédant sur deux scènes, à voir et écouter. Dans le lot, beaucoup d’Anglais bien sûr, mais aussi une pincée d’Américains et un soupçon de Suédois. C’est parti pour une soirée TGV qui passera aussi vite que la vitesse du son.

Pas même le temps de sortir du train que King Charles a déjà débuté son set depuis quelques minutes sur la scène du Miles Davis. Ce soir, le Londonien, tout de blanc vêtu, a des airs de Freddie Mercury avec sa belle moustache et sa tunique col en V qui laisse apparaître une abondante pilosité visiblement assumée. Accompagné sur les planches par sa bande de musiciens talentueux, le jeune homme auteur compositeur fait salle comble. Une salle qui dans l’ensemble semble visiblement apprécier les longs moments d’égarement de l’artiste, ou devrait-on dire d’improvisation, à la guitare. Le chevelu, tournoyant et s’excitant sur ses six cordes, nous dévoile une longueur de cheveux infinie, pendant qu’il joue sa suite de titres à rallonge. Un peu ennuyé, on s’amuse à observer l’Anglais qui s’empresse de renouer sa tignasse au dessus de sa tête, tel un turban majestueux, après chaque titre de son LoveBlood, encourageant premier album qui n’a finalement pas démérité ce soir sur scène.

Pas même le temps de croquer un bout au bord du lac Léman que nous voilà repartis pour un tour musical au Miles Davis avec cette fois-ci les Américains de Nada Surf. Endurant, le groupe en est déjà à défendre son septième album sur scène. Un album que l’on remarque ne pas lésiner sur les mélodies pop, tout en gardant cette énergie rock incisive propre au groupe vingtenaire.
La salle semble s’être légèrement vidée, mais peu importe. Entre deux morceaux, le groupe et son bassiste nous annoncent fièrement, dans un français impeccable, démarrer sa tournée estivale Européenne à Montreux. Accompagnée pour l’occasion par deux nouvelles recrues, le claviéiste de Calexico et un guitariste supplémentaire, la formation donne une bonne profondeur sonore à ses compositions devant une salle satisfaite qui finit par complètement se lâcher à l’écoute du titre Blankest Year, dont le refrain blasphème « fuck it » est joyeusement répété en chœur par les festivaliers dans un acte défoulant et partagé à l’unisson.

Encore déçu d’avoir quitté Nada Surf sans la moindre note de son fameux Popular, on fonce du côté du Montreux Jazz Café pour se consoler en attrapant au vol les dernières envolées des étonnants musiciens de Niki And The Dove. Univers mystique, musiciens bariolés de la tête aux pieds, le groupe suédois semble ne plus avoir les pieds sur terre. Tant mieux, un peu d’originalité ne fait pas de mal. Le trio et son électro pop alterne titres planants et morceaux possédés se reposant continuellement sur le talent vocal d’une chanteuse impliquée, arborant plumes multicolores et peintures corporelles. Soutenue par deux vikings blonds barbus, bague fluo pour l’un, casquette de marin pour l’autre, la demoiselle finira, en transe, par pianoter frénétiquement sur une boîte à samples, pendant que de notre côté, on s’empresse déjà à retrouver The Ting Tings un peu plus haut sur scène.

Il est 23h passé, le Miles Davis Hall s’est à nouveau bien rempli pour accueillir le duo anglais sur scène. T-shirt bleu et lunettes noires à la mode vissées sur le nez d'un Jules De Martino devenu blond décoloré. Mini short et t-shirt noir, chemise à carreaux et casquette rouge pour Katie White. Le groupe semble soigner son look au milieu de deux gros amplis Marshall. Cela dit, pas le temps de penser davantage à la tenue vestimentaire ou à la décoration choisie par le duo britannique, car le concert démarre rapidement au son de l’usé Great DJ, suivi du rythmé Hang It Up, où l'on se distrait à regarder la moitié masculine du groupe jonglant entre divers instruments. Guitare, mini synthétiseur, tout y passe pour ce véritable homme orchestre. La salle apprécie, acclamant chaudement The Ting Tings par intermittence.
Intercalée entre deux pistes, Katie White lit un texte en français pour amuser la galerie, avant de jouer Guggenheim et son refrain rythmé et explosif sous des lumières rouges pesantes. Une réussite sur scène. Quelques instants plus tard, le batteur prend sa guitare. A cet instant, on reconnaît le tube Hit Me Down Sonny et sa boucle de cloches en fond sonore. La demoiselle, elle, danse et virevolte tel un électron libre, sous des spots violet éclatant. Emporté par l’élan de la foule, le mâle du groupe nous offre un pseudo discours punk à la fin du morceau. Mais, qu’on se le dise, on n’y croit pas du tout. Passons.

L’heure tourne, on est tiraillé entre une version revisitée de We Walk et son duo de voix, accompagné d’une simple guitare en introduction puis Fruit Machine et les bidouillages de la demoiselle à terre sur scène, ou le concert, déjà bien entamé, des jeunes sensations de CITIZENS!, plus bas au Montreux Jazz Café.
Ni une, ni deux, le dilemme prend fin, quittant sans gros regrets le duo expérimenté et ses fans captivés pour la découverte d’un quintette à l’allure juvénile. Un chanteur guitariste à la chemise bleue et au pantalon noir trop court nous reçoit à coup de pistes accrocheuses sur un fond de synthés pop. Sa voix si particulière ne nous est pas inconnue. En effet, on réalise que le jeune homme officiait chez Official Secrets Act, il y a quelques années déjà, dans une indifférence quasi totale. Mais ce soir, à la vue de la foule joyeuse massée devant la petite scène, on se dit que le jeune homme, accompagné de trois anciens du groupe et d’un nouvel acolyte, est en train de prendre une belle revanche sur la vie. Visiblement, les musiciens en profitent. Enjoués, ils se font tantôt des blagues entre eux, tantôt vont au contact de leurs premiers rangs.
Sous des spots floraux monocolores, le groupe dégage tout au long une fraîcheur musicale décontractée et bien venue. Puis, dernière dédicace du chanteur à son public, en particulier un clin d’œil à tous les mecs de la salle, il finit la soirée par un (I'm In Love With Your) Girlfriend amusé, debout sur la barrière, à toiser ce succès musical probant qui avait pourtant mis du temps à venir, nous et l’amas de festivaliers gesticulants et heureux à ses pieds évidemment.