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Patrick Wolf
Abi Wade

Paris, Café de la Danse - 13 novembre 2012

Live-report par Natt Pantelic

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Complète, la salle du Café de la Danse est composée ce soir d'un public varié. Tous âges se confondent, assis ou confortablement vautrés pêle-mêle jusque devant la scène, le sac calé sous la tête pour mieux profiter du spectacle.

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Quelques minutes d'attente, comblées par la première partie de la femme-orchestre Abi Wade, vêtue de blanc satin aussi glitter-sweet que sa voix, puissante, qui mériterait une belle orchestration pour vivifier encore plus son art de la rythmique.
Entre le silence qui suit et celui dans lequel Patrick Wolf entre sur scène, une projection d'images pieuses en noir et blanc. Un cérémonial théâtral accentué par la couronne de lauriers sur la tête du songwriter londonien, lequel s'installe au piano pour une première Ghost Song, qui donne le ton pop-baroque de cette performance live, regardant du côté obscur de la force du Louloup. Intégralement acoustique, à l'instar de son dernier double album Sundark And Riverlight, sorti le 15 octobre chez Bloody Chamber Music et qui compile une bonne partie de titres issus des précédents, depuis Lycanthropy en 2003 jusqu'à Lupercalia en 2011, Patrick Wolf est accompagné pour ce concert par un clarinettiste et une violoniste, lui-même passant du piano à la harpe et au ukulélé, violon ou lap steel, en excellent multi-instrumentiste.

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Abi Wade et son violoncelle sont même conviés à remonter sur scène pour participer à l'Overture de The Magic Positions, une chanson écrite à l'école en 2007, quand il s'est aperçu que tout tournait autour de la musique et qu'il rêvait d'être une popstar.

Sur la vidéo projetée pendant London, on le voit endormi, ressemblant fort à Morrissey... Il y a fort à parier qu'un jour il rencontrera le même succès. Émouvant, triste et beau, Patrick Wolf maîtrise l'art de la narration, musicale et verbale. Parmi des titres qui en disent long sur son passé mouvementé, ce sublime Oblivion où il fait rimer « faster » et « father » avec « danger » en solo au ukulélé plus que noir, ou Theseus où s'exprime toute sa puissance vocale et émotionnelle.

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Patrick Wolf est capable de faire rire toute une salle de spectacle à l'évocation de ses premières performances dans des foires commerciales, « parce qu'il fallait bien vivre », coincé entre des aspirateurs et machines à laver, avec pour seul public une demi-douzaine de mamies chinoises derrière lesquelles passaient et repassaient des troupeaux de consommateurs à la recherche du bonheur domestique. Ou plus simplement, par un petit « and now, we gonna play a sad song » juste après un Teignmouth qui nous embarrasse d'un mouchoir tout trempé.

Qu'il se plante joyeusement sur les accords celtiques au violon de London ou qu'il quitte la scène à la fin du set, et des filles se mettent à hurler un drôle de « Patriiiiiick ! », lui faisant exprimer avec une grande tendresse toute sa reconnaissance d'être là avec un vrai public plutôt que cerné d'électroménager. C'est bien, c'est beau, c'est Wolf ! À consommer sans aucune modération.