Mogwai

Alors que l'été peine grandement à trouver son rythme de croisière ces dernières semaines, les Nuits de Fourvière battent déjà leur plein depuis près d'un mois avec les venues passées de FAUVE, Phoenix ou encore Pixies en attendant prochainement Franz Ferdinand, Portishead, Goldfrapp ou encore Babyshambles et Miles Kane. En ce dimanche 6 juillet, alors que Mogwai et Timber Timbre sont attendus dans les hauteurs de Lyon, les conditions météorologiques annoncées sont source de craintes pour les organisateurs et spectateurs. Après avoir subi une chaleur étouffante tout au long de la journée, éclairs et coups de tonnerre accompagnent l'ouverture des portes sur le coup de 19h30, la pluie faisant à son tour son apparition quelques minutes plus tard et laissant craindre le pire pour les heures à venir.

C'est un public déjà passablement rincé, principalement installé dans les gradins et engoncé dans des ponchos vendus pour une bouchée de pain, que l'on retrouve à 21h pour la montée sur scène de Timber Timbre. Si l'on pouvait s'attendre à ce que les spectateurs aient essentiellement fait le déplacement pour la tête d'affiche de la soirée, les réactions observées face aux compositions tantôt folk tantôt plus électriques du quatuor canadien nous font réaliser cette erreur de jugement. Si le choix capillaire et l'apparence de Taylor Kirk peuvent surprendre, c'est avant tout de par sa voix que vient le salut du groupe et que certaines envolées prennent une ampleur insoupçonnée. Une heure durant, Timber Timbre parcourent leur répertoire avec succès, incluant notamment le récent Hot Dreams acclamé par la critique. Face à un public parfois quelque peu anesthésié par la pluie s'abattant sans discontinuer sur le théâtre antique, les canadiens auront fait bonne figure.



Si l'obscurité prend progressivement possession des lieux, la pluie redouble ponctuellement d'intensité alors que les roadies installent le matériel de Mogwai. Certains mettent alors à profit la demi-heure d'attente pour trouver des abris de fortune et se restaurer ou hydrater, tandis que d'autres, minoritaires toutefois, décident de baisser pavillon et quitter les lieux. Lorsque les Écossais dont enfin leur apparition sur scène peu après 22h30, les trois quarts du lieu sont alors occupés par un public se faisant de plus en plus impatient face à l'attente lui étant imposée. Sans crier gare, les lumières s'éteignent une nouvelle fois alors que les cinq musiciens font leur entrée, lançant leur prestation avec le titre d'ouverture de leur dernier album en date, Rave Tapes, à savoir Heard About You Last Night. Décidément très mis en avant durant les premières minutes, le piano de Barry Burns se veut omniprésent et berce un public sous le charme quoique impatient de voir le groupe se décider à déverser la puissance sonore ayant fait sa légende, ce que le trop rare Friend Of The Night ne fait que confirmer.

Si la setlist du soir fait une fois encore la part-belle à de nombreux titres extraits de leur nouvel album, Mogwai n'oublient pas de satisfaire les fans de la première heure. Marqué par l'apparition de Luke Sutherland au violon, Take Me Somewhere Nice se voit superbement interprété par des musicien faisant l'étalage tant de leur maitrise technique que d'une application certaine. Alors que le groupe trouve progressivement son rythme de croisière, il est vrai applaudi par un public tout aussi enthousiaste que détrempé, Ithica 27ø9 offre une première occasion à Stuart Braithwaite et ses acolytes de faire parler les guitares, alors que le très accessible mais non moins exigeant Mexican Grand Prix est marqué par le retour de Luke Sutherland au chant, que l'on retrouvera également par la suite à la guitare ou encore aux percussions.



Laissant progressivement l'aspect noisy de leur musique se faire plus présent, Mogwai signent une fin de set principale de haute volée, quoique peut-être trop convenue. La puissance de la batterie fait alors des merveilles durant Auto Rock, tandis que l'hypnotique Remurdered constitue la meilleure preuve possible des aptitudes du groupe dans le domaine de la musique électronique.

Mené toutes guitares devant, We're No Here conclut près de soixante-dix minutes du concert dans un déluge de guitares. Il est désormais près de 23h45, la pluie continue encore et toujours de s'abattre sur Lyon, mais le groupe est décidé à ne pas en rester là et propose alors un rappel de deux titres. Lancé en douceur alors que plusieurs coussins volent jusqu'à la scène, Hunted By A Freak se veut salué comme il se doit par les irréductibles ayant décidé de braver les éléments, alors que les premières notes de Mogwai Fear Satan font font grimper l'engouement de tous dans le théâtre antique. Puissant dans un premier temps avant d'imposer un silence imperturbable, cette chanson phare de l'album Young Team restera comme la grandiose conclusion d'une belle performance de Mogwai dans des conditions pour le moins difficile.