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Soft Play

Paris, La Plage du Glazart - 6 août 2014

Live-report par Olivier Kalousdian

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Tous les étés, le Glazart offre aux Parisiens sa plage (où sont déversés quelques 50 tonnes de sable), ses food trucks et ses 250 groupes, sept jour sur sept et pendant plusieurs semaines. En accès libre, la Plage du Glazart a tout prévu, sauf la météo, exécrable de cet été. C'est dans d'énormes flaques d'eau et une atmosphère fraîche à l'extérieur que le Glazart reçoit deux formations encore peu connues : DEAD et Slaves.

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Les rennais de DEAD n'ont pas trente ans, mais connaissent leurs classiques sur le bout des doigts. En formation guitare, machines et voix, ils donnent dans les boucles sales, sombres et répétitives. Cachés sous leurs capuches grises, DEAD, qui avaient déjà foulé la Plage du Glazart il y a un an tout juste, masquent leurs visages mais pas leurs influences : Suicide, The Prodigy (pour les rythmes) ou, plus frappant encore, Spacemen 3. Les mauvaises langues diront qu'avec un tel niveau sonore de saturations en tout genre, il suffit de plaquer n'importe quel accord une guitare en constant larsen pour faire la blague. Et ce n'est pas totalement faux... Mais les longs titres sans construction de DEAD et leur chant grave et suicidaire fonctionnent tout de même. À l'instar de leurs aînés, ils implantent dans nos cerveaux un noisy rock hypnotique qui, avec le temps, qui sait, trouvera même une ou deux mélodies à se mettre sous la dent.

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La programmation de la Plage a de la suite dans les idées. En choisissant DEAD en première partie des Anglais de Slaves, on a la sensation d'assister à un concert du Roxy de Londres à l'époque où les groupes punk (dans le sens premier du terme) défilaient et se décomposaient, soir après soir... Salle humide et chaude couverte de béton brut, public peu nombreux mais hétéroclite et passionné, ça sent la sueur avant même que le groupe de garage punk originaire du Kent n'entre en scène !
Adeptes des tatouages vintage et de Fred Perry – drôle de mélange, il faudrait voir à leur parler d'un temps que les moins de vingt ans...) – ce duo encore intimiste fait dans la simplicité à tout rompre. Une guitare et une batterie en guise d'orchestration – on a déjà vu ça ailleurs – jouée debout et torse nu pour mieux faire admirer la carrure de pitbull d'Isaac, chanteur et batteur du groupe. Les titres sont courts, démarrent obligatoirement par les coups de marteau appliqués avec hargne par Isaac Holman sur ces toms et ses cymbales et finissent, haletants, par un larsen de Laurie Vincent. Laurie, lui, porte la guitare directement sur sa peau ornée de dizaines de tatouages colorés.

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Du punk blues au psychobilly, tout y passe (Live Like An Animal, Where Is Your Car Debbie ?...). Quand on sait que le film La Haine a changé leur regard sur la ville et qu'ils ont ouvert pour les deux frères allumés de Drenge, on se dit que la relève punk sera plus mixte et urbaine que jamais. La vidéo du titre Nervous Energy (un bon résumé de Slaves à lui seul !) s'affiche d'ailleurs comme un ersatz des vidéos clip, rares, que certains groupes agités des années 76 à 79 avaient tourné : image sale et délavée ; artefacts et bruit vidéo intense sur des montages de cartouches faits à la main. Quand le titre Beauty Quest ferme la marche, Isaac et Laurie, tels deux gladiateurs du rock, se font face, front contre front, mélangent leur transpiration suintante et se toisent de regards enflammés au Red Bull. Car, ces deux-là sont bourrés de paradoxes, parfois dérangeants : des polos et docs basses surmontés de coupes de cheveux straight et un régime sans alcool, historiquement apanages des Skins les moins pacifistes, mais des attitudes et une musique qui a, heureusement, plus à voir avec les groupes ska et punk qu'avec la white music, de triste mémoire.

En guise de confidence, Isaac nous confirmera la sortie de leur premier album chez Virgin EMI pour la rentrée. Récemment, les deux compères ont déclaré être fans de Robbie Williams, une plaisanterie n'est-ce pas ? Slaves, ou les New punks on the block !