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Fujiya & Miyagi

Paris, Point Éphémère - 19 février 2015

Live-report par Marc Arlin

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Huit mois après leur dernier passage au Nouveau Casino, les faux Japonais mais vrais Anglais font à nouveau escale à Paris en ce mois de février toujours riche en concerts de tout poil. C'est une salle à la capacité similaire, le Point Éphémère, qui a été choisie cette fois pour recevoir le quatuor de Brighton.

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Alors que la première partie n'a pas encore commencé, on en profite pour faire un tour côté bar/restaurant et on tombe nez-à-nez avec une foule assez impressionnante : Fujiya & Miyagi seraient-ils devenus les coqueluches de la faune parisienne ? Un rapide coup d’œil et on s'aperçoit qu'il s'agit en fait d'une soirée de rencontres entre particuliers pour chercher une colocation, organisée par un site web (!). Retour donc dans la pénombre de la salle de concert pour écouter Steeple Remove, combo français chargé de réchauffer l'ambiance avant l'arrivée des têtes d'affiche de la soirée.
A vrai dire, il s'agit presque d'une double affiche car Steeple Remove profitent de cette date pour célébrer la sortie de leur quatrième album. Ils sont d'ailleurs plus qu'adoubés par leurs camarades anglais et on comprend pourquoi à l'écoute des premiers morceaux : les deux formations partagent des inclinaisons évidentes du côté du krautrock et de la musique électronique obsédante. Leurs dix-sept ans de carrière sont propices à la maitrise technique de leurs instruments, aux inflexions parfois impressionnantes. Dommage que le chant en anglais en pâtisse parfois, comme si la voix avait du mal à se faire une place au milieu d'un son si omniprésent.

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Un quart d'heure plus tard, c'est au tour de Steve Lewis et ses comparses de prendre la scène. Enfin, « prendre la scène » quand on parle d'un concert de Fujiya & Miyagi, c'est un bien grand mot. Quiconque a déjà assisté à un de leurs shows sait à quel point le spectacle ne sera pas visuel, en dehors d'un écran diffusant des images pas vraiment marquantes. Habillés comme votre voisin de retour du supermarché, les quatre hommes ne font pas dans le glamour, à tel point qu'on les confondrait presque avec les roadies qui les aident à installer leur matériel. Pas grave, le plus important reste bien sûr la musique, et là-dessus, les anglais en ont sous la pédale d'effets. Sans prendre la peine de ressortir de scène pour faire une entrée en bonne et due forme, le groupe attaque Artificial Sweeteners, le morceau titre de son dernier album. Son synthé très 80's fait déjà rugir le public avant que Steve Lewis ne nous régale de son débit chuchoté, reconnaissable entre mille.

« Sweet as sugar » chante t-il et effectivement on ne se lasse pas des petits bonbons mélodiques que sont Knickerboxer, Flaws et le sexy Uh. Bien que celui-ci soit désormais utilisé dans un spot publicitaire en France et qu'il soit ici retranscrit dans une version un peu expédiée, il garde tout son pouvoir de bombe pop, capable de déclencher des déhanchements chez les plus coincés du public. Mais on sent bien que là où les musiciens s'amusent le plus ce sont finalement sur les morceaux les moins évidents du set, tel l'instrumental Rayleigh Scattering où le fantôme de Kraftwerk vient nous saluer d'un sourire désincarné. Chacun dans son trip mental, les quatre anglais intiment au public, sans même le verbaliser, de faire son propre petit voyage intérieur. Si la tension redescend quelque peu lors de ces passages, c'est aussi ce qui fait le sel de ce concert.

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Pour rattraper les distraits, rien de mieux qu'un Collarbone et sa basse létale qui applique à la perfection la recette du Fujiya pop. Comme à son habitude, Steve est peu disert sur scène mais prend le soin de distribuer quelques sourires et de bafouiller quelques mots en français. Sans même s'en rendre compte, sous les envolées grinçantes du bien nommé Tetrahydrofolic Acid, le concert tire à sa fin. Etonnamment, c'est le premier rescapé de leur album précédent qui clôt cette partie du set : Minestrone et ses glissements mélodiques prennent un nouvel aspect sur scène, plus liquide et envoûtant. Comme souvent, les petits gars de Brighton nous laissent sur notre faim. On voudrait un concert plus long, d'autres titres du méconnu premier album par exemple. Mais nous n'aurons qu'un rappel quelque peu convenu avec l'incontournable Ankle Injuries en machine à groover une ultime fois puis l'autre extrait de Ventriloquizzing, le tendu et menaçant Tinsel & Glitter, pour clore cette heure de concert somme toute appréciable.

Avec un répertoire désormais bien fourni, on rêve toujours du jour où Fujiya & Miyagi nous offrira une performance roborative en plus d'être robot-friendly.
setlist
    Artificial Sweeteners
    Knickerboxer
    Flaws
    Uh
    Acid To My Alkaline
    Rayleigh Scattering
    Collarbone
    In One Ear & Out The Other
    Tetrahydrofolic Acid
    Minestrone
    ---
    Ankle Injuries
    Tinsel & Glitter
photos du concert
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