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Foals
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Paris, Cabaret Sauvage - 4 septembre 2015

Live-report par Marc Arlin

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Premier gros rendez-vous de la rentrée et premier concert parisien très attendu après les festivals de l'été, cette date de Foals dans une petite salle au vu de leur popularité acquise depuis la rotation lourde de My Number sur les ondes sentait l'événement. Elle a pris une dimension presque dramatique dans les jours précédant le concert : le groupe s'est vu contraint d'annuler une session radio à la BBC et l'enregistrement de l'Album de la Semaine à cause d'une extinction de voix de Yannis Philippakis. Peur sur la ville, allait-on assister à un concert au rabais ?
> Le chanteur s'étant fait plutôt rassurant sur les réseaux sociaux, on part donc le coeur léger mais avec une certaine appréhension vers la salle de la Villette qui jouxte un centre équestre (quoi de plus normal pour accueillir des « poulains »...) La file d'attente est déjà longue et on remarque que les fans les plus assidus n'ont pas raté l'occasion. A titre personnel, ayant beaucoup aimé les deux premiers albums et moins les suivants, je suis dans l'inconnu. Retrouverais-je les bêtes de scène qui avaient enflammé la Cigale un soir de festival des Inrocks 2008 ou allais-je me confronter à une machine sans âme, désormais trop rodée ?

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Ces pensées traversent mon esprit au moment où Formation monte sur scène, à 20h précises. La fosse est déjà bondée, en attente de ses héros, mais ne va pas bouder son plaisir devant l'électro-rock très bondissante de la première partie. Les deux membres fondateurs du groupe, les frères Ritson, sont londoniens : ils ont pourtant vécu à Antibes, dans le Sud de la France, ce qui leur confère une aisance dans notre langue bien utile pour communiquer. D'autant plus que le chanteur affiche clairement sa préférence footballistique pour les Bleus avec un maillot de l'équipe de France circa 2009. A mi-chemin entre le LCD Soundsystem des débuts, celui de Beat Connection, et Reverend And The Makers, le son de Formation se voit rehaussé sur scène par la grâce d'un batteur à la frappe métronomique et d'un synthé envoûtant.
Les singles Hangin' et Young Ones (la cowbell étant l'arme fatale de ce titre) brillent particulièrement dans leur set pour l'instant fourni de huit titres. Une bonne impression à confirmer dès le mois de novembre au festival les inRocKs Philips.

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L'effervescence est palpable dans la salle, chacun essaie de se placer au mieux pour profiter du spectacle qui va se dérouler sur la scène réduite du Cabaret Sauvage. Avec juste cinq minutes de retard sur l'horaire prévu, Foals débarquent un à un avec évidemment la plus grosse réaction de la foule pour le petit leader barbu. Comme c'est de coutume sur cette mini-tournée accompagnant la sortie de leur nouvel album, c'est la puissante Snake Oil qui ouvre le show. Loin d'être un des morceaux les plus inoubliables de What Went Down, il faut reconnaître que le titre gagne de la valeur en ouverture avec son côté presque menaçant. Pour ce qui est de la voix, Yannis semble d'abord en retrait et demande à plusieurs reprises qu'on augmente le son de son microphone mais sur la fin de la chanson, il pousse ses premiers hurlements si particuliers. Cette fois c'est clair, Foals ne sont pas venus pour se faire plaindre ou pour donner des excuses mais bien pour en découdre et se lâcher. Ce ne sera qu'un avant-goût, une mise en bouche avant la triplette de singles qui lance véritablement le concert : Olympic Airways est quasiment enchaîné sans pause avec My Number, celui-ci débouchant sur un Mountain At My Gates déjà mémorisé par le public. La fosse, bien chauffée, n'en attendait pas tant pour rebondir comme un seul homme. Yannis lance en français « allez on y va » pour motiver la salle mais, franchement, ce n'était pas la peine.

Premier moment de répit avec Give It All, alors qu'on attendait plutôt un Night Swimmers ou un London Thunder dans le tracklisting du dernier album. Après l'entame incisive du concert, il faut tout de même avouer que ce morceau mid-tempo est plaisant et laisse aussi au chanteur le soin de reposer ses cordes vocales sans avoir besoin de forcer. Le couplet permet d'apprécier les arabesques de Jimmy Smith à la guitare tout en déplorant un refrain un peu facile et déjà entendu en mieux dans la discographie du groupe.

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« I'm an animal just like you » entonne ensuite Yannis, c'est l'heure de la Providence pour nos anglais. Le morceau est joué vite et fort, semblant s'arrêter quelques instants pour repartir de plus belle dans un final encore plus intense que sur la version enregistrée. Même les fans les plus sages ont des envies de headbanging. Maniant avec intelligence et expérience le principe des montagnes russes, Foals redescendent la pression avec un des meilleurs morceaux de leur répertoire « calme », le magnifique Spanish Sahara. La pression retombe mais pas l'excitation tant le public semble attendre avec un fébrilement non feint l'explosion finale. C'est aussi le test ultime pour la voix du chanteur qui tient remarquablement bien le coup, même s'il concède avoir mal à la gorge.

Habitué à s'offrir des balades dans le public pendant les concerts, on sent d'ailleurs que Yannis tourne comme un lion en cage, presque à l'étroit sur cette scène réduite. Ce sera plus tard car pour l'instant, c'est l'heure de Red Socks Pugie, classique du groupe joué ce soir avec tellement d'intensité et de rapidité que le batteur Jack Bevan en perdra presque le rythme aux trois quarts du morceau. C'est à partir de là que le concert bascule dans quelque chose qui tient de l'épique, une puissance irraisonnée comme peu de groupes actuels anglais possèdent en eux. Dès lors, ce n'est plus que morceau de bravoure sur morceau de bravoure : Late Night, pourtant pas fantastique sur disque, prend une dimension presque spirituelle, encore sublimée par A Kinfe In The Ocean. Les scories discographiques de productions trop léchées disparaissent devant la qualité indéniable de musiciens jouant ensemble comme un bloc. A les voir se côtoyer sur cette petite scène, s'agitant l'un à côté de l'autre, ils ressemblent presque à un gang.

Cette bande va finir de voler les cœurs et les corps avec leur titre le plus heavy, Inhaler, qui rend la salle folle. C'est le moment que choisit Yannis pour se livrer à la foule, continuant de jouer porté par la fosse. Les jeux de lumière sont presque trop importants pour un lieu de cette taille, on sent que le groupe aurait les moyens d'appliquer son chamanisme sur un public dix fois plus nombreux. Sur le refrain, ça hurle de partout à côté de nous. Après une heure marquée par des crescendos impressionnants, les cinq musiciens se retirent quelques minutes avant de revenir interpréter une doublette attendue, à savoir le morceau d'ouverture, le morceau-titre et tout simplement le meilleur morceau de leur nouvel album, What Went Down, et enfin l'immanquable Two Steps, Twice. Si le refrain du premier est repris avec une rage certaine, le second reste cette machine de guerre de groove furieux à réveiller un mort. Enfin, le chanteur peut faire son tour habituel de la salle, passer à quelques centimètres de nous, recueillir les hourras de ses fans reconnaissants avant de réapparaitre sur scène pour un final proprement monstrueux. On a beau avoir l'habitude depuis 2007, ça fait toujours son effet.

Au moment où les lumières se rallument, un double sentiment nous habite : l'assurance que Foals reste un excellent groupe de scène y transcendant sa discographie et le regret de se dire que c'est bien dans les petites salles qu'ils donnent leur meilleur, petites salles dont la taille n'est plus à même d'accueillir régulièrement une formation appelée à rester au sommet pendant encore un bout de temps.
setlist
    FORMATION
    Non disponible

    FOALS
    Snake Oil
    Olympic Airways
    My Number
    Mountain At My Gates
    Give It All
    Providence
    Spanish Sahara
    Red Socks Pugie
    Late Night
    A Knife In The Ocean
    Inhaler
    ---
    What Went Down
    Two Steps, Twice
photos du concert
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