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Kae Tempest

Paris, La Gaîté Lyrique - 28 octobre 2016

Live-report par Pierre-Arnaud Jonard

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En première partie de Kate Tempest ce soir, le jeune strasbourgeois Ash Kidd démontre un flow intéressant.

On a pas mal entendu parler du jeune homme ces mois derniers dans le milieu du hip-hop. Les paroles ne sont pas toujours à la hauteur de son phrasé mais Ash Kidd fait preuve d'une ouverture d'esprit musical qui manque parfois dans le hip-hop en reprenant J'ai Demandé A La Lune de Indochine auquel il greffe des paroles inédites.

Lorsque Kate Tempest monte sur scène, elle annonce qu'elle va offrir aux spectateurs un long voyage à travers son dernier album Let Them Eat Chaos. Les mots ne sont pas choisis au hasard car c'est bien à un long voyage que nous convie la jeune anglaise, un long et beau voyage.
Il serait réducteur de dire que nous assistons à un simple concert ce soir. Bien davantage qu'au classique concert rock ou même hip-hop, ce que développe Kate Tempest sur scène relève bien davantage de la performance artistique. Elle offre aux spectateurs l'intégralité de son dernier album dans le même ordre que sur celui-ci. Ce qui impressionne, c'est qu'on est ici bien loin de la simple retranscription scénique d'un disque. Exception faite de Europe Is Lost, il est souvent difficile de reconnaître les titres tant, au milieu de ceux-ci, Kate Tempest improvise et se lance dans de longs slams. Son aisance dans ce domaine est bluffante. Elle évolue comme au milieu d'un précipice et parvient toujours à maintenir l'équilibre, à bout de souffle tant ses mots portent. L'émotion est à fleur de peau.

Derrière la poétesse-slammeuse, des images splendides du Nord de l'Angleterre défilent, donnant encore plus de poids et de relief à ses mots. Kate Tempest dit n'être pas une artiste politique au sens littéral du mot mais en voyant cette performance, on se dit qu'elle l'est sans le moindre doute. Son constat de l'Europe en faillite, des difficultés sociales, sa recherche de justice en font une artiste comme on disait autrefois engagée. On peut même trouver à sa prose un aspect révolutionnaire. Il est rare qu'un artiste soit capable d'une prise de conscience de ceux qui l'écoutent mais Kate Tempest est de cette trempe. Une Bob Dylan hip-hop. Lorsqu'elle ne slamme pas et qu'elle se lance dans un hip-hop de facture plus classique, Kate Tempest impressionne tout autant tant son flow est facile et délié. Le concert se termine par Tunnel Vision, l'un des plus beaux titres de l'album, long morceau de hip-hop torturé avec des sons électronica profonds et mystérieux.

Kate Tempest quitte la scène épuisée par l'intensité de la performance qu'elle vient de livrer, les larmes aux yeux. Le public ne veut pas la voir partir, la réclame avec insistance. L'Anglaise remonte sur scène pour dire qu'elle n'a plus de morceaux et se lance alors dans un dernier slam enflammé avant de disparaitre. Une performance de haut vol, un moment de grâce aux confins de la musique et de l'art.
setlist
    Picture A Vaccuum
    Lion Mouth Door Knocker
    Ketamine For Breakfast
    Europe Is Lost
    We Die
    Whoops
    Brews
    Don't Fall In
    Pictures On A Screen
    Perfect Cofee
    Grubby
    Breaks
    Tunnel Vision
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