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The Moonlandingz

Paris, Point Éphémère - 27 avril 2017

Live-report par Olivier Kalousdian

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L'atmosphère parisienne est glaciale. Un front froid venu de Russie a anéanti tout espoir d'être rendu béat par les cerisiers en fleurs et renforce, artificiellement, les théories du complot déniant tout changement climatique et réchauffement global. Une parfaite soirée, donc pour aller mirer et écouter The Moonlandingz et leurs deux leaders : Adrian Flanagan, bidouilleur illuminé du The Eccentronic Research Council's et l'enfant terrible du néo punk rock anglais, gourou excentrique de Fat White Family, Lias Saoudi.

Contrevenant aux ordres de Lias Saoudi (qui a exigé qu'un groupe féminin, uniquement, ouvre tous leurs concerts) et un peu à la dernière minute, PIAS a fait d'une pierre deux coups en proposant le duo français The Cherry Bones. Permanents du label, les deux jeunes musiciens parisiens ont la lourde tache de débuter la soirée. Et ils vont s'en tirer haut la main malgré leur courte expérience ! Une guitare, un clavier et un troisième larron « pas chiant à nourrir » en la personne d'une boîte à rythmes rendue cinglée par les programmations imposées, pour un style oscillant entre garage surf synthétique et rock électronique minimaliste qui explose à chaque titre. Chacun pourra y voir des références à Suicide (hypnose), Fat White Family (psychose) ou même aux Beurriers Noirs (glucose)... mais on ressort surtout de ce concert et de titres comme She Smokes ou Like The 90's avec une banane et un espoir qu'on avait point ressenti depuis le 22 avril dernier...

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Sans alcool, la fête est plus folle ! Citoyen anglais d'origine algérienne, Lias Saoudi n'a surement jamais connu ce clem de publicité bien française. De toute façon, il ne l'aurait jamais entendu non plus. Houblonné et aviné à forte dose depuis la fin du soundcheck (et sûrement bien avant) Lias Saoudi AKA Johnny Rocket – chanteur psychopathe et vicelard traumatisant une fan innocente (c'est dans la bio) – se fait attendre. Il faut dire que même la guitariste, Mairead O'Connor, semble à l'heure anglaise en traversant la salle du Point Éphémère, un peu perdue et d'un pas pressé, manteau encore sur les épaules pour rejoindre la loge à l'heure où le set est sensé démarrer.
Trente minutes de retard sur l'horaire – soit une fraction de milliseconde pour cet équipage de vaisseau glam-punk – et les premiers tempo de Vessels marquent le début du set de The Moonlandingz. Sur le papier, ces derniers sont la promesse d'une musique, d'un show et d'une mise en scène pop, délirant et scabreux avec leur maquillage outrancier, leurs costumes à faire pâlir de jalousie Ziggy Stardust et des titres qui, sur l'album en tout cas, marquent le départ d'une aventure musicale excitante pour Lias Saoudi, Saul Adamczewski, Adrian Flanagan, Ross Orton et Dean Honer et tout un public déjà acquis à Fat White Family.

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A Paris, ce soir, la déception est pesante. Torse nu et sans déguisement autre qu'une peau rougie au lipstick, les yeux chargés sans khôl, Lias Saoudi et son alter égo de Johnny Rocket ne sont pas au rendez-vous fixé par Interplanetary Class Classics. Adrian Flanagan à beau se démener à essayer d’entraîner un peu plus haut toute sa petite bande avec une motivation qui frise parfois l'exaspération quand son regard se porte sur Lias, les titres s’enchaînent, difficilement parfois, sans perdre une seule minute, sans communication et, surtout, sans magie.
Alors que d'autres prestations récentes en Europe ont déroulé le grand jeu, le groupe ne trouve pas ses marques. Si ce n'est par les frasques, parfois forcées, de son leader qu'on a vu bien plus inspiré ou motivé au sein des Fat White Family. Black Hanz, The Strangle Of Anna ou Neuf du Pape ont beau être de sacrés bons titres dans leur genre, ils sont déroulés en mode service minimum. Il faudra que Lias Saoudi, une fois de plus, plonge dans la fosse et aille se confronter au public pour que la partition de cette fable pour adultes anti mainstream qu'ont créée The Moonlandingz s'anime et prenne vie.

Pour un groupe dont le story telling, l'iconographie et les clips sont habités d'une folie peu ordinaire et qui s'oppose jusque dans leurs textes aux formations un peu trop fades de l'industrie du disque, ce live est une contre-performance.