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Kele

Paris, Café de la Danse - 19 mai 2017

Live-report par Déborah Galopin

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Kele Okereke est connu pour être le chanteur et leader du groupe rock alternatif Bloc Party. Parallèlement à son groupe, il mène aussi une carrière solo. En 2010 et 2014, il sort deux albums aux sonorités indéniablement électroniques. Cette année, revirement de cap puisqu'il se tourne cette fois vers un autre genre plus authentique qu'est le folk. À croire que Kele Okereke se cherche, qu'il cherche à sortir des sentiers battus.

Vendredi soir, c'est au Café de la Danse à Paris qu'il est venu nous présenter son nouveau projet. Pour l'occasion la salle de concert s'est revêtue d'une ambiance beaucoup plus intimiste qu'à son habitude et a sorti tous les strapontins. Nous venons donc en véritable spectateur.

En première partie, c'est la Franco-américaine Jessica Gabrielle qui ouvre la soirée. Si elle est ici sur ses terres, puisqu'elle a vécu en France jusqu'à ses onze ans, elle s'adresse principalement en anglais à son public. Revenant tout juste des États-Unis, elle nous fait savoir qu'elle est en plein jet-lag et regorge donc d'énergie. Pourtant les titres de Jessica Gabrielle sont calmes. Avec son guitariste, ils jouent ensemble son répertoire pop influencé par le jazz. Ce sont les chansons de son premier album Crazy sorti au début de cette année qu'elle nous fait découvrir.

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À 21h tapantes, Kele Okereke prend le relais arrivant dans une tenue sobre tout de blanc vêtu. Les projecteurs renvoient une lumière tamisée, nous faisant entrer dans ce cadre intimiste du concert solo acoustique. Une forme plutôt agréable et plaisante en totale contradiction aux concerts auxquels Bloc Party nous avaient habitués. Nous découvrons Kele Okereke dans un exercice totalement différent, mettant en avant une sensibilité, mais aussi une voix. Il commence avec The Good News et la sauce prend plutôt bien.
Le choix du set est, on doit bien le dire, assez surprenant, car si on s'attendait à quelques reprises de son groupe d'origine, les chansons qu'il a composées seul sont finalement assez peu nombreuses. On retrouve Yemaya sorti le mois dernier et quatre autres titres sur les treize joués. Les cordes et le chœur discret qui donnaient à ce titre — le seul dévoilé pour l'instant — un aspect onirique se sont révélés absents. Celui-ci se fond dans la masse des autres morceaux au lieu de s'en distinguer.

Le reste du set est exclusivement composé de reprises, dont une de Björk en rappel, Who Is It?. Ce sont celles de Bloc Party qui sont proposées en majorité, pour autant, il valait mieux bien connaître le groupe, car ce ne sont pas les plus connues qu'il joue. This Modern Love est la seule qui soulève des acclamations dès les premières notes. On peut donc se demander si les fans de la première heure ont vraiment été contentés ce soir.
Il y a dans cette forme de concert un aspect très expérimental pour le chanteur. Il ne paraît pas particulièrement stressé : quand il perd le fil sur le morceau Exes de Bloc Party, il rit et recommence. Cela nous donnerait presque l'impression d'assister à une repètétion, quand dans l'ombre tout se prépare et que le génie créatif de l'artiste se met en ébullition. Certains titres comme Sunday se révèlent particulièrement pertinents dans cette forme, permettant d'exploiter toute la sensibilité du morceau.

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Si chaque titre indépendamment des autres est intéressant, l'ensemble reste en revanche relativement monotone. Ce sont bien sûr les paroles qui sont mises en avant, mais il y a comme quelque chose qui manque — et je ne parle pas uniquement des instruments. Kele Okereke a un grain de voix qui suscite l'attention. Il passe tantôt dans les graves tantôt dans les aiguës, mais s'ensuit un sentiment de frustration, car nous avons l'impression qu'il ne l'exploite pas suffisamment.

Un concert en demie teinte donc. Le principe était prometteur, mais peut-être a-t-il manqué de proximité envers son public pour que cette forme acoustique puisse prendre. On aurait aimé que Kele Okereke se lâche un peu plus pour réveiller l'audience et rendre ce court set d'une heure davantage captivant.
setlist
    The Good News (Bloc Party cover)
    Into The Earth (Bloc Party cover)
    Southern Cross
    Do You Right
    Between The Bars (Elliott Smith cover)
    Blue Light (Bloc Party cover)
    Unholy Thoughts
    Closer
    Yemaya
    Exes (Bloc Party cover)
    Landslide (Fleetwood Mac cover)
    This Modern Love (Bloc Party cover)
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    Who Is It? (Björk cover)
    Sunday (Bloc Party cover )
photos du concert
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