Muse

Il y a une semaine, Muse annonçaient une date exceptionnelle à la Cigale à Paris. Muse, la Cigale, on se dit qu'il y a un petit problème... mais non ! Le groupe qui a rempli le Champ-de-Mars en 2016 (65 000 personnes) a choisi d'offrir un concert intimiste à ses fans. Nous étions nombreux à vouloir participer à l'événement, mais seule une poignée de heureux élus a réussi à décrocher son précieux sésame. En effet, il fallait être inscrit sur le site du groupe avant le 7 février pour obtenir le code qui permettait d'accéder à la billetterie...

Ce samedi 24 février, ce fut donc toute une organisation pour entrer à la Cigale. Pour remédier aux éventuels problèmes, le public est venu de bonne heure (pose de bracelet, contrôle d'identité...), si bien que la salle s'est remplie à la vitesse de la lumière dès l'ouverture des portes à 19h. Pas de première partie ce soir, si bien que nous patientons pendant deux heures, comme si nous venions assister pour la toute première fois à un concert. Malgré la petite taille de la salle (capacité d'environ 1000 personnes), nous souhaitions tous avoir la meilleure place. Quand 21 heures approchent, le public n'en tenant plus hurle, tape du pied, scande « Muse, Muse, Muse »... L'ambiance est aussi chaude qu'après deux heures de live, alors que le groupe n'est même pas encore sur scène. Voilà qui promet !


L'entrée du trio fait sensation avec leur dernier single Thought Contagion qu'ils présentent pour la première fois sur scène. Pourtant, ce sera l'un des seuls morceaux récents du set, le groupe préférant offrir au public ceux issus de leurs premiers albums. Le trio n'avait pas joué certains d'entre eux comme Eternaly Missed et Space Dementia depuis plusieurs années (2002 et 2011). Le fait que ce concert n'est pas un simple rabâchage de leur précédent tour est largement apprécié. L'instant promo n'a donc pas duré longtemps, sautant immédiatement après Thought Contagion à Hysteria, plongeant la fosse dans un état d'hystérie — c'est le cas de le dire. Cette tension électrique qui règne ne faiblira pas : ça saute, ça danse et surtout ça chante. L'air de la Cigale est étouffant parmi les premiers rangs, moite de sueur. Les fans fidèles scandent leurs paroles, à tel point qu'ils recouvrent presque la voix de Matthew Bellamy. Le public complètement converti lance des « yes sir » sur Psycho, tandis qu'il claque des mains et brandit le poing sur Uprising. On a l'impression de se voir proposer un condensé de stade entier à la Cigale, tellement l'union est puissante. C'est fort !

Muse a composé la setlist grâce aux votes des fans : d'abord par un classement des meilleurs titres du groupe. C'est ainsi que sont joués New Born, Plug In Baby, Bliss et Showbiz arrivé en première place. Puis six titres ont été mis en compétition. C'est Dominic Howard qui révèle les noms en ouvrant une enveloppe comme lors de la remise d'un oscar. Le trio a l'air plutôt satisfait de ces choix. Le public, lui, accueille l'annonce de Fury et Stockholm Syndrome par des hurlements de joie. Un set sur mesure qui a effectivement de quoi ravir les fans de la première heure.


Lors du rappel, tout s'accélère. Matt, Dom et Chris enchainent Stockholm Syndrome, Agited et Yes Please sans marquer de pause. La rythmique et les guitares déjà bien agressives tout au long du concert, le sont encore plus, donnant toute l'énergie qu'il leur reste pour ce final. Même les lumières n'en peuvent plus, clignotant en tous sens pendant de nombreuses minutes et accompagnant les musiciens dans leur jeu complètement fou.

Puis Matthew salue la Cigale d'un « merci Paris », qui nous laisse un peu circonspects. Déjà ? Malgré les lumières allumées, certains espèrent encore qu'ils reviennent, mais Yes Please est bien la der' des der' et il faut bien nous en contenter. 1h45 de show intense qui nous a tous méchamment bousculés.

On en ressort vanné comme après un long voyage. La violence fut-elle qu'on a eu du mal à se rendre compte de ce qu'on vient de vivre. Tout est allé vite, trop vite : le concert et même l'attente... C'était « Un grand moment dans l'histoire du rock », m'a dit un ami qui a assisté à la retransmission en direct. Sûrement oui, mais pour l'avoir vécu de l'intérieur, je peux simplement dire que le public est parti dans une autre galaxie.
Muse nous ont prouvé ce soir qu'ils n'ont pas besoin d'une mise en scène démesurée pour plonger une salle en transe. Leur succès, ils ne l'ont pas volé, ce sont des grands. Alors moi je m'incline et leur dis « bravo, messieurs ! ».