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Franz Ferdinand
The Vaccines

Paris, Zénith - 27 février 2018

Live-report par Julien Soullière

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En arrivant au Zénith de Paris, on repense aux choses qu'on a pu lire ici et là sur le net. Les morceaux issus du dernier Franz Ferdinand, Always Ascending, feraient pâle figure en live. On jugera sur pièces, et pour tenter de chasser ces à-priori qui prennent parfois le pas sur l'objectivité, on se concentre sur nos souvenirs, ceux de précédentes prestations du groupe écossais, et sur les histoires plus ou moins intéressantes que l'on a à se raconter entre amis.

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Il est 20h, le journal télévisé vient de débuter, et quelques secondes plus tard, les lumières font silence pour la première fois de la soirée. Le pas volontiers traînant, Justin Young arrive sur scène suivi de ses Vaccines. Le bonhomme est délectable avec sa chemisette sur les épaules et ses Wayfarer sur le nez, nous renvoyant cette image que l'on aime tant du rocker un brin flemmard, classe en toutes circonstances, et qui sait envoyer la sauce le moment venu. Pourtant, le démarrage est laborieux. Les premiers morceaux ne passent pas, et le public éprouve toutes les difficultés du monde à passer la seconde. La musique de The Vaccines ne fait pourtant pas dans le contemplatif, et Young fait son maximum pour entraîner les foules, multipliant les gestes du bras à notre encontre, espérant faciliter l'allumage.

On ne sait dire si la faute revient à une setlist un brin déséquilibrée, ou à des conditions hivernales qui ont ensommeillé nos corps si peu habitués à pareilles conditions, mais à mesure que le set avance, celui-ci semble gagner en intensité, et bien que la foule reste timorée, l'effet The Vaccines semble enfin se faire ressentir. Les titres Post Break-Up Sex, Norgaard et le dernier hit en date, I Can't Quit, trouvent ainsi facilement preneur, insufflant une bonne humeur et une chaleur qui manque terriblement aux rues alentours. A la salle également, car à cet instant là de la soirée, difficile en apparence de constater une hausse sensible de notre température corporelle. On se télé-transporterait volontiers en un lieu plus exigu où, à n'en pas douter, The Vaccines auraient sûrement enflammé leur auditoire avec plus de facilité. Au moment du clap de fin, on se dit finalement que les gaillards n'ont pas démérité : on a beau ne plus être des inconnus sur la scène rock indépendante, assurer une première partie n'est jamais chose aisée.

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C'est alors qu'en plein milieu d'un argumentaire politique ou d'une anecdote de boulot, la lumière s'éclipse au profit des premières notes d'Always Ascending. A l'arrivée de ses héros, la foule se lève d'un seul homme, et même éloigné de la scène, les sourires qui se dessinent à cet instant sur les visages des Franz Ferdinand se deviennent aisément. Désormais tout aussi blond que son partenaire Alex Kapranos, Paul Thomson s'installe derrière ses fûts tandis que ses collègues s'attachent eux aussi à prendre leurs positions, non sans saluer furtivement le public de la main. Douce, la voix de Kapranos s'élève enfin, et il ne faudra attendre que quelques secondes pour que les instruments surgissent et que leur force de frappe lance définitivement le show. L'onde de choc est sans appel : l'assistance exulte, les mains s'élèvent vers le ciel, et les corps se déhanchent.

Qu'il s'agisse de mieux brosser les fans de la première heure dans le sens du poil, ou tout simplement de varier les plaisirs, car c'est là l'unique moyen de les savourer pleinement, les Écossais décochent dans la foulée l'historique The Dark Of The Matinée. La larme à l'œil, certains regrettent en cet instant précis l'absence sur scène de Nick McCarthy, parti du groupe en milieu d'année 2016. Non pas que Dino Bardot et Julian Corrie ne donnent pas le meilleur d'eux-mêmes, mais McCarthy était synonyme de présence scénique, et participait véritablement à dynamiser le show aux côtés de son acolyte Kapranos, cabot devant l'éternel, et désormais seul capitaine de l'USS Franz Ferdinand. Et puis, on peut difficilement dissocier le bonhomme de nos premiers émois, forcément très rock, avec ce groupe qui fait désormais partie de nos meubles.

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L'assistance répond présent quel que soit le titre joué, et si les plus anciens morceaux semblent l'emporter au jeu de l'applaudimètre, il serait mal venu d'ignorer qu'en tout temps, les hurlements vrombissent et se répandent, preuve que le set proposé est des plus solides. A chaque fois que le public est sollicité par Kapranos, celui-ci complète les vers manquants (Walking Away, Take Me Out, etc.), répète ce qui lui est demandé, répond avec une franche ferveur (« Paris, est-ce que ça va ? », en français dans le texte), et applaudit à la moindre occasion. Pour qu'un concert puisse être qualifié de réussi, il faut un groupe, mais il faut également un public bien décidé à en découdre. Un miroir ne nous est d'aucune utilité sans le reflet qu'il nous renvoie. D'autres artifices peuvent aider, bien entendu, et en ce sens, les jeux de lumière et autres animations proposées sur écran ce soir sont de bonne facture. Mention spéciale à l'élégant split-screen, qui souligne à la perfection l'esprit 60's de nos Franz Ferdinand, qui transparaît jusque dans la décoloration capillaire de Kapranos.

On avait peur en arrivant, peur de coups de mou, peur de baisses de tension, peur de ces quelques canards boiteux au sein d'une setlist parsemée d'hymnes qu'on aime tant. Alors certes, il y a des morceaux qui sortent du lot, mais non, rien n'a semblé dépareiller ce soir. Il y avait de la ferveur, de la puissance, de l'humour aussi (Kapranos qui se fait rappeler à l'ordre par Bob Hardy alors qu'il allait débuter le mauvais morceau, le batteur obligé de revenir sur scène en fin de rappel pour récupérer ses chaussures, restées derrière les fûts), bref, tout ce qui fait d'un concert une expérience salutaire.

Comme quoi, les Franz Ferdinand savent encore se renforcer album après album, concert après concert. Pourquoi ? Parce qu'ils en ont envie. Et dans ces conditions, on ne peut que continuer à les suivre.
setlist
    THE VACCINES
    Nightclub
    Let Me Take You Surfing In The Sky
    Wreckin' Bar (Ra Ra Ra)
    Teenage Icon
    Dream Lover
    Your Love Is My Favourite Band
    Post Break-Up Sex
    Wetsuit
    Bad Mood
    Nørgaard
    Handsome
    I Always Knew
    If You Wanna
    I Can't Quit

    FRANZ FERDINAND
    Always Ascending
    The Dark Of The Matinée
    No You Girls
    Paper Cages
    Do You Want To
    Lazy Boy
    Glimpse Of Love
    Walk Away
    The Fallen
    Finally
    Michael
    Slow Don't Kill Me Slow
    Take Me Out
    Ulysses
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    Feel The Love Go
    Love Illumination
    Huck And Jim
    This Fire
photos du concert
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