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Public Service Broadcasting
Editors

Paris, Olympia - 23 mars 2018

Live-report par Julien Soullière

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Quelques jours à peine après un concert intimiste et en acoustique donné sur la scène du Hard Rock Café de Paris, Editors investissent ce soir la scène de l'Olympia, et c'est avec franche excitation que nous passons les portes de la mythique salle parisienne.

Trio déclaré depuis l'album The Race For Space, Public Service Broadcasting ont la lourde tâche de divertir le public parisien en attendant l'arrivée sur scène d'Editors. Le destin ayant décidé de pimenter les choses un peu plus encore, un souci d'origine inconnue amputera le temps accordé aux Londoniens d'une bonne dizaine de minutes. Les Anglais n'auront donc que six titres pour convaincre, contre neuf attendus, ce qui n'est pas pour faciliter la tâche d'un groupe qui n'est par ailleurs pas (re)connu pour ses performances scéniques.

Certes le groupe est appliqué et récite sa leçon avec grande maîtrise, mais ce soir encore, force est de constater que Public Service Broadcasting ont du mal à lâcher les chevaux. En résulte un set qui manque d'une bonne louche de folie, et où seul JF Abraham, d'ailleurs dernier membre déclaré du groupe, semble vouloir donner plus que dans le simple exercice scolaire, allant jusqu'à nous implorer, par le biais de quelques gestes désespérés, de gagner en dynamisme. Son comparse Willgoose est lui trop à l'image de ses frusques, sages et distinguées, pour espérer créer ne serait-ce qu'un début de connexion avec son public. Tout juste s'autorisera-t-il les « Bonsoir, Paris » et autres « Merci » qui constituent aujourd'hui le minimum syndical en conditions live.
Forcément, l'Olympia restera globalement insensible à ce qui se joue devant lui ce soir. C'est la preuve qu'il faut plus qu'une poignée de bons titres et quelques images léchées, fortes et inspirantes projetées sur un écran (la conquête de l'espace, celle de l'Everest, etc.) pour espérer convaincre un public et gagner en notoriété.

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Un premier morceau ne se choisit pas à la légère, et c'est avec le tonitruant Hallelujah (So Low) qu'Editors ont souhaité débuter les dates de leur nouvelle tournée. Dévoilé il y a plusieurs semaines pour annoncer le nouvel opus du groupe, le morceau vaut surtout pour ses refrains tonitruants, et dès le premier d'entre eux d'ailleurs, une douce et chaude sensation envahit nos corps fébriles. Celle-ci prend naissance à l'extrémité de nos orteils pour finalement envahir la moindre de nos synapses, et trouve son origine dans les sauts répétés d'un public alors frénétique. On aura plaisir à la ressentir plusieurs fois encore, notamment lorsque l'Olympia se transformera en un club de bon goût, terrassé par les assauts répétés du tourbillonnant Papillon.

Editors ont du métier, cela se voit et s'apprécie à chaque seconde. Un concert se doit d'être une expérience totale, une véritable histoire, et tout professionnel qu'il est, le groupe sait y faire pour créer l'événement sur scène. Il y a déjà cette ambitieuse installation scénique, écrin d'inspiration autant organique qu'industrielle, faite de figures géométriques qui s'entrelacent de gauche à droite et de bas en haut.

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Egalement, on retient ces jeux de lumière qui mettent parfaitement en valeur les sons qu'ils accompagnent, tel ce rouge couleur sang qui illumine la scène à l'occasion de Violence, ou les effets stroboscopiques cinglants qui décuplent la force des titres les plus vigoureux.
Mais le groupe sait aussi occuper la scène. Certes, Tom Smith assume pleinement son rôle de leader, multipliant les singeries et autres mimiques à destination du public, captant la grande majorité des attentions, mais tout ne tient heureusement pas qu'à cela. Russell Leetch et Elliott Williams haranguent volontiers la foule, Williams impose plus régulièrement son grain de voix touchant et parfaitement complémentaire à celui, plus grave, de Smith, et le concert est pensé de telle manière à créer un mouvement perpétuel sur scène, au-delà des seuls déplacements de Smith (changement d'instruments, etc.). Ensemble, le groupe donne véritablement corps à ses chansons, facilitant ainsi la communion avec un public conquis.

1h45 durant, Editors vont se donner sans compter, accouchant d'un set monstrueux de générosité et de bons coups, en atteste cette transition impeccable entre les dernières secondes, âpres, de Violence et celles, plus alertes, de No Harm, ou ce somptueux Belong, débuté au piano avant de s'enflammer.
Bien sûr, on pourra trouver matière à pinailler, et en ce sens, regretter par exemple l'absence de certains titres, tels que Smokers Outside The Hospital Doors (assez incompréhensible, en fait), All Sparks, You Don't Know Love, ou encore Bullets. Aussi, on pourra trouver étrange le choix du tir groupé Lights / Munich / Blood en fin de premier tiers, comme pour mieux expédier l'époque The Back Room, et celui de Marching Orders pour clôturer le rappel, au détriment de titres, y compris présent dans la setlist, qui auraient achevé le show avec autrement plus de force. Mais ce serait effectivement pinailler que d'insister trop sur ces différents points, car lorsque un concert passe à une telle vitesse, et que des non-connaisseurs vous disent ne pas s'être ennuyés une seule seconde, c'est que le pari est gagné haut la main.

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Tom Smith termine la soirée exsangue, trempé, hagard. Il est allé jusqu'au bout de lui-même. C'est alors que lui vient le besoin de s'asseoir, de souffler, de troquer quelques instants la place de celui qui fait pour celle de celui qui contemple. L'œil béat, le voilà qui médite et admire : il y a cette foule en liesse, des musiciens aux larges sourires qui tentent d'entretenir la flamme jusqu'aux limites du raisonnable, et des visages heureux qui disent tant de l'histoire vécue par celles et ceux à qui ils appartiennent.

Qui disent leur joie, aussi. In This Light And On This Evening... C'était fabuleux.
setlist
    PUBLIC SERVICE BROADCASTING
    People Will Always Need Coal
    Progress
    Spitfire
    Go!
    Gagarin
    Everest

    EDITORS
    Hallelujah (So Low)
    A Ton Of Love
    Darkness At My Door
    Formaldehyde
    Violence
    No Harm
    Lights
    Blood
    Munich
    An End Has A Start
    In This Light And On This Evening
    Eat Raw Meat = Blood Drool
    Nothingness
    Belong
    Sugar
    The Racing Rats
    Ocean Of Night
    ---
    No Sound But The Wind
    Cold
    Magazine
    Papillon
    Marching Orders
photos du concert
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