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Isaac Gracie

Paris, Café de la Danse - 2 mai 2018

Live-report par Déborah Galopin

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Mercredi 2 mai, Isaac Gracie jouait au Café de La Danse à Paris. J'ai attendu ça avec plus ou moins d'impatience. Quand je l'ai découvert, immédiatement, j'ai ressenti le coup de cœur pour ce jeune homme de 23 ans au talent déjà bien affirmé et cela s'est confirmé ce soir.

Isaac Gracie s'est fait connaître en envoyant son titre Last Words à la BBC Introducing, un premier morceau qu'il a composé dans sa chambre en une demie-heure (!) et qui a séduit la radio. Une chose en entraînant une autre, il a sorti son EP Songs From My Bedroom, dont le titre phare résonne comme une invitation à écouter ses morceaux en toute simplicité, instaurant un climat de proximité. Entre temps, il s'est échappé de sa chambre pour nous présenter son premier album paru le mois dernier.

C'est avec une grande assurance qu'il est monté sur la scène du Café de La Danse. Cheveux longs, croix autour du cou, pantalon fluide et haut moulant aux couleurs pastel, on peut dire qu'il en impose, à la fois avec élégance, et en même temps, une certaine décontraction. Il a commencé à chanter les paroles de All My Mind, sans introduction instrumentale, première note, premier mot, qui ont produit sur nous un effet de surprise. J'ai pensé : « Ah ! Quand même ! ». Immédiatement, on est immergé dans le vif du sujet et on se rend compte qu'il n'y a pas eu tromperie sur son talent, ni sur sa voix. Isaac Gracie relate avec finesse ses amours, la rupture, la souffrance, tout en y apportant beaucoup de grâce.

Il est entouré de deux musiciens, l'un à la batterie, l'autre à la basse. La batterie est indéniablement présente et c'est plutôt plaisant, car cela vient rompre l'atmosphère très calme de l'album. Un choix pertinent pour un live, apportant quelque chose de plus dynamique. Isaac Gracie débute la plupart de ses morceaux avec lenteur et douceur, pour monter crescendo, parfois finissant dans un hurlement comme avec All My Mind. Cette émotion qu'il semble maîtriser, laisse parfois apparaître quelque chose de non-contrôlé. Isaac Gracie est présent, levant les yeux vers le fond de la salle comme s'il adressait une prière. Il apparaît comme une mer calme et paisible, et subitement, il fait un mouvement qui vient rompre cette tranquillité et qui nous fait constater que ses mots recèlent une histoire qu'il est en train de nous transmettre. Et c'est touchant.

À deux reprises, il chante en formation réduite, soit seul ou accompagné de son bassiste qui pour l'occasion prend sa guitare folk pour une formule en guitare-voix sur Love (Ain't Always So Good). C'est exactement là, dans la simplicité, que l'émotion est la plus palpable, sa voix dominant sur le morceau pour transmettre son message. Il a presque murmuré cette balade, donnant dans le silence de la salle captivée, plus d'ampleur et d'importance à ses paroles : « Cus I know that you know that I know / That I gave you more than I should / I guess that means love / Ain't always so good ». Sans se plaindre, il exprime la nostalgie d'un sentiment qui s'en va et qu'il voudrait retenir. Quelle beauté !
C'est en fin de set que nous atteignons l'apothéose avec The Death Of You And I, l'un de ses titres les plus rock et en même temps comportant le plus de variations. Il nous fait passer d'un état à un autre, de l'amour à la colère, de l'accalmie au trouble.
Il termine son set en rappel avec son premier titre Last Words, bouclant la boucle. Alors que durant tout le concert, le public l'écoute attentivement, c'est au cours des derniers instants qu'il se permet de joindre sa voix à la sienne, de façon discrète comme s'il n'osait presque pas. Ce chœur semble témoigner ainsi de son respect et de son admiration envers Isaac Gracie. Une belle façon de clôturer ce moment que nous avons partagé et qui en dit long sur ce que nous avons chacun ressenti.

Une agréable soirée, toute en émotion, sans jamais tomber dans le pathos ou dans le trop. Isaac Gracie semble ainsi se balancer d'un extrême à l'autre pour finalement venir y trouver son équilibre.