logo SOV

Franz Ferdinand

Cannes, Palais des Festivals et des Congrès - 22 août 2019

Live-report par Olivier Kalousdian

Bookmark and Share
Aux antipodes des salles parisiennes souvent insérées dans une concrete jungle et une urbanité inextricables, se dresse, tranquille et majestueux, le Palais des Festivals et des Congrès de Cannes, sur les rivages de la mer Méditerranée. Pour tous les sudistes, l'annonce du concert des Franz Ferdinand à Cannes a fait l'effet d'une véritable belle surprise dans cette région souvent oubliée des tourneurs et des groupes représentant le rock sous toutes ses formes au profit de spectacles souvent plus « bankable ».

Sur le toit du célèbre Palais des Festivals et des Congrès qui accueille tous les ans depuis 1983 les étoiles du 7ème art se déroule, tous les étés, l'évènement du Bal des Fous. C'est sur cette scène dressée pour la circonstance que les Ecossais de Franz Ferdinand, de retour du Sziget (notamment), et les Français de Last Train vont faire vibrer le ciel cannois et bousculer la quiétude voluptueuse des ponts en teck des méga-yachts stationnés au port du Suquet de Cannes qui borde le Palais des Festivals.

En jouant en première partie de groupes comme Muse ou Placebo et après des années 2015/2017 retentissantes (250 concerts dans le monde entier) qui les ont vus acclamés par le public et reconnus par la critique, les alsaciens de Last Train ont su imposer le renouveau du rock français, dans la veine de feu Noir Désir, en construisant une carrière se reposant, quasi exclusivement sur des performances live très remarquées. Venus défendre un deuxième LP nommé The Big Picture (sortie prévue le 13 septembre 2019 sur le label Pegase), Jean-Noël Scherrer, Julien Peultier, Timothèe Gerard et Antoine Baschung (aucun lien) vont imposer leur répertoire avec un son et une classe scénique que l'on pensait uniquement réservés à leurs grands frères britanniques et étasuniens (Black Rebel Motorcycle Club; Queens Of The Stone Age...). Capables de passer de la ballade tranquille au rock le plus énervé sur des riffs endiablés dans une formation de quatuor rock des plus classiques, la voix éraillée de Jean-Noël Scherrer va faire mouche durant une petite demi heure devant un public azuréen plus habitué aux grandes messes pop des stadium concerts qu'aux intimistes découvertes rock underground.

Il est 22h passé quand Franz Ferdinand entrent sur la scène devant 400 à 500 spectateurs totalement acquis à la cause du groupe de Glasgow. Franz Ferdinand, c'est une cuvée rock de quinze ans d'âge qui a vu la formation se voir récompensée par une quinzaine de prix musicaux majeurs (dont les NME et MTV Awards ainsi que le Mercury Prize). Au cours de milliers de concerts donnés à travers le monde tout un public international s'est mis à chanter et danser aux sons de singles comme The Dark Of The Matinée, Take Me Out, Love Illumination ou Walk Away. Avec un cinquième album studio (sans compter l'échappée FFS avec Sparks), Always Ascending sorti en février 2018, et aucune actualité chaude à défendre, Franz Ferdinand vont dérouler un set taillé pour les fans et pour le tangage rythmique.

Pas moins de dix-huit titres et une heure et demie de concert intégrant tout les singles du groupe sur des versions à la puissance décuplée par l'arrivée de Dino Bardot à la guitare (remplaçant Nick McCarthy) et Julian Corrie au chant, aux synthés et à la guitare. Ajouter à cela un deuxième batteur au coté de Paul Thomson et c'est sur un sacré tintamarre qui retentit sur les hits du soir devant un parterre aussi intimiste qu'un showcase parisien ; dans le cadre, estivant du mondialement connu Festival du Film de Cannes.
Avec l'album Always Ascending et la participation du regretté Philippe Zdar aux manettes de certaines productions, Franz Ferdinand ont prouvé qu'ils ne comptaient pas s'assoir uniquement sur leurs lauriers et qu'ils pouvaient également renouveler leur garde robe musicale en y ajoutant un zeste d'electronica tendance Moroder (Always Ascending).

Plus que jamais imposant en tant que leader de sa formation, Alex Kapranos prouve qu'il continue d'être la bête de scène qu'il a toujours été, haranguant (en français) son public entre chaque titre et affichant une vigueur et un jeu de jambes ne laissant rien deviner de ses quarante-sept ans passés.
Généreux de bout en bout, les Franz Ferdinand ont bousculé un public, une ville et une région parfois un peu amorphes sur la question rock et appesantie de trop dans une volupté financière qui, on l'espère investira et entreprendra dans nombre d'autres évènements culturels de cette trempe au milieu d'un cadre privilégié.
setlist
    The Dark Of The Matinée
    No You Girls
    Walk Away
    Right Action
    Lazy Boy
    Do You Want To
    Evil Eye
    Darts Of Pleasure
    Black Tuesday
    Ulysses
    ---
    Shopping For Blood
    Outsiders
    Always Ascending
    Michael
    Lucid Dreams
    Love Illumination
    Take Me Out
    This Fire
Du même artiste