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Working Men's Club
Warmduscher

Paris, La Gaîté Lyrique - 6 mars 2020

Live-report par Laetitia Mavrel

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Le rock prend d'assaut Les Inrocks Festival à la Gaité Lyrique de Paris ce vendredi 6 mars, les spectateurs étant néanmoins priés de laisser leurs germes à l'entrée, notamment les malheureux voyageurs en provenance de Chine et nos sympathiques voisins habitants de quelques communes de l'Oise...
Le public étant dans sa très grande majorité parisien, c'est donc à grand renfort de gel hydroalcoolique que se sont déroulés les festivités.

L'enchainement de Working Men's Club, MNNQNS et Warmduscher a fait se transformer crescendo la Gaîté en pit anarchique, la salle se prêtant particulièrement à cet exercice.

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Ce sont les jeunots issus du Yorkshire (regardez sur une carte, c'est au nord de l'Angleterre) de Working Men's Club qui commencent à faire monter la température avec tout l'attirail du groupe délicieusement branleur. Trouver un autre adjectif est difficile tant le chanteur Sydney Minsky-Sargent du haut de ses dix-huit ans maitrise parfaitement le regard narquois, l'attitude nonchalante et surtout cette présence qui le fait se tortiller dans tous les sens et haranguer la fosse lors de nombreux allers-retours parmi les spectateurs histoire de leur rappeler qu'ils ne sont pas juste là pour siroter une bière.

Tous les musiciens adoptent ce faciès figé mais l'on sent derrière cette façade une sérieuse concentration. Le rendu est un synth-rock aux influences fin des années 70s, à l'image de cette difficile transition entre le punk tapageur et l'arrivée du tout électronique et de la new wave des néo-romantiques.
Working Men's Club, avec seulement quelques singles diffusés et dans l'attente de nous livrer leur premier album en juin prochain, nous jouent six titres qui s'étirent malicieusement, laissant ainsi le chanteur irradier, passant du clavier aux petites percus, à la guitare et surtout au microphone, lui permettant de dominer la scène à lui tout seul. Ayant déjà convaincus lors de leur passage en novembre dernier au Supersonic, et revenant bientôt à la Gaîté Lyrique en première partie de Baxter Dury, ces jeunes pousses bien conscientes de leur talent et se trouvant bien coachés (premières parties successives de la Fat White Family, tient donc, et de Mac DeMarco) n'attendent pas mieux que de continuer à nous narguer façon Brats.

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L'entre-deux se passe avec les rouennais de MNNQNS en pleine expansion depuis leur passage remarqué à Rock en Seine l'été dernier à Saint-Cloud. Une fois n'est pas coutume, et bien qu'eux-mêmes chantant dans la langue de Shakespeare, il faut se vanter d'avoir dans nos brigades rock un tel groupe. Fondés à Cardiff en 2014 et depuis lors toujours tournés vers la scène rock britannique, MNNQNS reflètent donc fidèlement ce qui fait la force de l'outre-manche : un mélange subtil de rock punk et d'une pop nuancée mais solide. Les riffs s'étirent et se déstructurent, semant ainsi un chaos bien organisé. Forts de leur premier album Body Negative sorti en 2019, et généreux en prestations live un peu partout en France, MNNQNS donnent une véritable crédibilité au jeune rock français.

La tête d'affiche de la soirée est un des nombreux rejetons de la très fertile Fat White Family. Prenez ces derniers mais aussi Insecure Men, Paranoid London et The Moonlandingz, secouez le tout dans un shaker si possible plein de vodka, et le mélange obtenu vous donne Warmduscher, formation punk electro discoïsante à souhait. Comme tous les membres de leur longue fratrie, Warmduscher détonnent de par leur audace en nous menant sur des chemins tortueux fait d'un son jouissif complètement inclassable.

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Les influences sont tellement nombreuses et si bien revendiquées qu'un concert de Warmduscher passe par tous les stades. Avec une setlist riche en titres très courts et donc calibrés pour être des mini bombes, pas de répit pour nous abreuver de punk pur, de beats groovy, d'electro-disco sexy qui transforment le public déjà bien énervé en fosse déglinguée, où les pogos et jets de bières se succèdent.
Les titres du dernier et très réussi album sont bien présents, Tainted Lunch et Midnight Dipper balancent sans concession dès les premières minutes du set, Fill It Don't Spill It persiste dans le foutraque, Disco Peanuts, l'hymne à la débauche, perd ici un peu de sa splendeur car seul un synthétiseur étant présent sur scène, le morceau prend des allures plus garage que sur le disque, mais on sent néanmoins le beat glamour et rétro qui en fait le meilleur morceau de l'album.
Un titre manque regrettablement à l'appel, Precious Thing et son côté mariachi n'est pas joué, mais le panel est large chez les prolifiques Warmduscher qui piochent allégrement dans tous leurs albums précédents.

Enveloppé d'un light show rouge et très tamisé, comme pour dissimuler quelques actions louches, il n'y a pas une minute de repos. La fosse devient de plus en plus hystérique devant le leader à chapeau de cowboy et tatoos de marin Clams Baker Jr qui ne cesse de prendre à parti ce public qu'il excite de plus en plus.
Le concert est à la hauteur de ce que nous ressentons à l'écoute du dernier Tainted Lunch, un parfait mélange de tout et un besoin irrémédiable de danser ou de se lancer instinctivement dans tout mouvement s'y apparentant.
setlist
    WORKING MEN’S CLUB
    Valleys
    Bad Blood
    John Cooper Clarke
    AAAA
    Be My Guest
    Teeth

    MNNQNS
    Material Girl (Madonna cover)
    If Only
    Fall Down
    Wire
    Drinking
    Not What
    Desperation
    Urinals
    Glory Paul

    WARMDUSCHER
    Big Wilma
    Salamander
    Midnigh Dipper
    Whale City
    Tainted Lunch
    Dream Lotion
    1000 Whispers
    Lady Eggs
    Grape Face
    Standing On The Corner
    Uncle Sleepover
    The Chimp
    Burner
    Fill It Don't Spill It
    I Got Friends
    Disco Peanuts
    Johnny Blue Khakis
    Sweet Smell Of Florida
    Oscar Wilde
    Blood Load
photos du concert
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