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Rose Elinor Dougall
Mystery Jets
Graham Coxon

Londres, The Jazz Cafe - 11 décembre 2020

Live-report par Laetitia Mavrel

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En ces temps de disette concernant la musique live, les concerts en streaming payants se propagent largement et permettent de remettre le pied à l'étrier aux salles et aux artistes.
L'étape suivante est le retour du véritable live mais en mode distanciation sociale. Ayant levé son second confinement général, le Royaume-Uni se remet en ordre de bataille et dote ainsi là où c'est possible les fosses de tables et de chaises limitées à quelques convives pour respecter les protocoles sanitaires.

Cette description semble étrange mais l'adaptabilité à la situation de crise est le premier outil pour un retour à la normale. Nous retrouvons donc Graham Coxon, Mystery Jets et Rose Elinor Dougall au Jazz Cafe de Londres lors d'une soirée dédiée à la croix rouge libanaise pour venir en aide à la ville de Beyrouth, qui a subi en août dernier une explosion dévastatrice.

Après voir assisté à toute une série de live improvisés par les musiciens lors du premier confinement, nous avons par la suite été invités grâce à internet dans des studios, des clubs ou des péniches sur la Tamise pour nous replonger dans l'ambiance des concerts. Nous nous trouvons maintenant dans une salle avec de véritable spectateurs et l'ambiance diner dansant qui en ressort n'est pas pour déplaire.
La soirée (et le stream) débute avec quelques DJ sets au son des Specials et ces instants qui en temps normal nous paraissent souvent longs sont ici exaltants. Nous attendons, bière (ou bol de soupe c'est selon) à la main le temps que les roadies masqués préparent la scène.

Nous entamons les concerts avec Ciara Haidar, chanteuse et pianiste anglaise instigatrice de ces soirées. Cette dernière ouvre le bal en tailleur noir très élégant et derrière son clavier, au son de titres bluesy. Un petit quart d'heure qui nous transporte en mode cabaret.
Le tour de chauffe continue avec Bessie Turner, jeune guitariste anglaise au look psyché 60s des plus rafraichissant. Avec quatre singles à son actif, elle se présente accompagnée de sa Fender et entame quelques titres pop à souhait, tout sourire.

La première tête d'affiche est Rose Elinor Dougall qui entame un set de quinze minutes également. On retrouve sa voix profonde et l'esprit de son dernier album A New Illusion qui l'avait menée dans une musicalité plus posée. Accompagnée au chant de Ciara Haidar, les voix féminines sont à l'unisson. Rose remercie intensément le public réel comme virtuel, le plaisir des artistes de retour sur scène étant palpable.

Le DJ set reprend (cette fois ci au son des Black Keys et d'Arctic Monkeys), et nous retrouvons pour la première fois depuis un an les Mystery Jets. Le groupe de Blaine Harrisson a eu la dure tâche de sortir un nouvel album en avril, la pire période dans l'histoire de la musique contemporaine de ses propres mots . Mais le groupe est fier d’avoir maintenu sa sortie pour le public alors confiné.
Accompagnés dorénavant de Thomas White échappé de The Electric Soft Parade, trente minutes d concert menées par la guitare acoustique de Blaine Harisson qui fait le choix de titres plutôt doux. Le dernier album A Billion Heartbeats est représenté avec le single History Has It's Eyes On You, pamphlet féministe qui de nos jours prend tout son sens militant.
Habitués des grandes salles au Royaume-Uni, les Mystery Jets prennent grand plaisir à se retrouver dans une petite configuration et la disposition atypique du public semble les amuser. Ces retrouvailles nous redonnent espoir pour avril prochain et leur concert de l'autre côté de la Manche.

La présence de Graham Coxon est un petit événement. N'ayant pas été particulièrement présent depuis la sortie de la bande originale de la série Netflix The End Of The Fucking World et bien évidement depuis la tournée de Blur en 2015, l'anglais se fait toujours attendre.
Quelle joie de le retrouver à la guitare acoustique, muni de son classeur à chansons, pour trente minutes d'un set tout en humilité. Quelques titres personnels mais surtout des reprises en majorité country, l'intérêt étant de voir Graham Coxon muni de son enregistreur pour s'auto-accompagner et donner un peu d'ampleur à son jeu.
L'exercice se révèle parfois difficile, le musicien s'en amusant lui-même. On le retrouve dans ce qui a toujours été son identité : timide et parfois maladroit, c'est pourtant son chant pas spécialement juste et sa grande dextérité à la guitare que nous apprécions.
Le set se voit prolongé de deux titres. Le public peu nombreux, protocole oblige, se sent privilégié, et les £40, en plus de servir une belle cause, valent ce line-up pas banal.

L'autre partie du public derrière son écran ne regrette pas le petit prix du billet virtuel (£5), et croyez-le ou non, s'est senti réellement transporté dans ce lointain café londonien.
setlist
    ROSE ELINOR DOUGALL
    Non disponible

    Mystery Jets
    Bombay Blue
    History Has It's Eyes On You
    Radlands
    Bubblegum
    Flakes

    Graham Coxon
    This House
    Flights To The Sea (Lovely Rain)
    Can't Find My Way Home (Blind Faith cover)
    May You Never (John Martyn cover)
    Walking All Day
    One For Jo (Bert Jansch cover)
    Baby, You're Out Of Your Mind
    See A Better Day
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