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Travis

Paris, Trianon - 8 mai 2022

Live-report par Laetitia Mavrel

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Il y a les pour et les contre la mode du « concert anniversaire ». Il est indéniable que cette tendance s'est démultipliée depuis quelques années, et nombre de nos artistes préférés se plient à l'exercice, en général célébrant les décennies qui s'écoulent suite à la sortie de leurs plus grands disques. Et fatalement, beaucoup d'entre nous affichant au compteur quelques années, ce sont dorénavant « nos groupes » avec lesquels nous avons grandi et qui nous ont offert nos premiers achats de CDs et nos premiers émois en live qui s'y adonnent à leur tour. Nous ne pouvons donc qu'apprécier que Travis, qui nous offrent une pop-rock de grande qualité depuis vingt-cinq ans, décident de fêter comme il se doit les deux décennies de The Invisible Band, disque qui les a fait passer de la scène indie rock des Divan du Monde ou autres Cigale aux Arénas du monde entier.

On se souvient alors de ce vidéo clip gargantuesque de Sing, où l'on voit le groupe se livrer à la plus incroyable des batailles de nourriture et de la coupe de cheveux portée par Fran Healy à cette époque : la crête décolorée qui fera bien des émules. Mais surtout, un disque empli de perles pop qui ont hissé Travis au rang de formation solide et reconnue, dont les morceaux, en plus de passer sur les ondes de tous pays, s'écoutaient alors partout à la télévision ou dans les spots publicitaires pour ainsi pénétrer le monde de la musique populaire. Depuis, six autres disques ont suivi, les membres du groupe ont tous les quatre avancés dans leurs vies mais n'ont jamais délaissé leurs fans grâce à des retours sur scène tous les trois ou quatre ans ayant confirmé leur statut de groupe de référence parmi la scène rock britannique.


Le cap des vingt ans étant un moment clé, l'occasion de célébrer The Invisible Band était à ne pas rater. Paris a eu l'honneur de lancer le départ d'une tournée anniversaire qui mènera le groupe au Royaume-Uni et aux États-Unis toute cette année. La capitale parisienne honorée de ce passage, elle accueille les Écossais dans le prestigieux théâtre du Trianon, dont le décor Belle Epoque offre un écrin parfait à l'esprit particulièrement romantique de cet album. Malgré un soleil printanier qui exhorte aux terrasses en ce dimanche férié, la salle est pleine pour accueillir les fans de longue date qui ont fait honneur au groupe tout du long de ce set anniversaire en reprenant en chœur tous les titres.

Pour la plupart présents lors de la sortie de The Invisible Band, on retrouve parmi le public venu très tôt faire la queue cette dévotion au groupe qui ne l'a pas abandonné malgré les années. Les premiers à se précipiter au pied de de la scène ont vu un grand nombre de concerts de Travis et l'impatience d'écouter dans son intégralité l'album le plus populaire du groupe rend l'ambiance légèrement électrique entre les spectateurs.
Et comme à l'accoutumée, l'indéboulonnable quatuor Glaswégien toujours constitué de ses membres fondateurs que sont Fran Healy, Andy Dunlop, Douglas Payne et Neil Primrose va inonder son public de cette énergie et de cette passion dont il fait preuve à chaque concert, quelque soit la taille de la salle et le nombre de spectateurs.


Dans l'esprit des concerts anniversaires, la première moitié du set voit l'intégralité de The Invisible Band interprétée pour ensuite faire place à un concert qui déroule tubes et autres titres plus récents, notamment issu du dernier album 10 Songs. On retrouve chez le groupe et surtout chez Fran Healy cette simplicité et cette chaleur humaine qui font parfois méchamment défaut quand les années défilent. Trop souvent, la flamme vient à s'amenuiser et on peut déplorer certain automatisme dans l'attitude de groupes qui atteignent cette longévité. Travis ne font pas partie de ceux-là, et l'heure et demie de concert voit entre chaque chanson Fran nous livrer des anecdotes sur la création de ce disque, pilier de leur discographie.
La complicité entre les musiciens est authentique et n'a pas subi l'érosion du temps. Les quatre amis apprécient toujours de travailler ensemble et cela se ressent dans leur relation avec le public. Le temps passé n'a en rien entamé le chant de Fran, toujours à fleur de peau et chargé d'une intense émotion. Avec son éternel look d'ado (ce soir en salopette et casquette de fermier dont on se doute qu'elle vient dissimuler les signes du temps qui passe), Fran Healy interprète comme aux premiers jours les tubes que sont Sing, Flowers In The Window et Side, et nous permet ainsi d'entendre des titres bien plus rares comme Last Train et Indefinietly.


Plus le concert passe, plus les guitares d'Andy et de Fran, ainsi que la basse toujours très sensuelle de Dougie, gagnent en intensité et la seconde moitié de set permet aux tubes de côtoyer nouveautés et originalités, tel Moving interprétée par le bassiste. La scène est de plus en plus accaparée par les musiciens qui agitent leurs instruments, font les aller-retours vers Neil et son jeu de batterie imperturbable tout en ne cessant jamais de sourire et de remercier ce public fidèle depuis de longues années.
La fosse et les balcons résonnent à l'unisson en reprenant les refrains de ces hymnes pop dont la formule fonctionne toujours autant. Les anciens ados et jeunes adultes devenus maintenant parents ont su transmettre à la génération suivante cet amour de la mélodie quasi parfaite que proposent Travis depuis cette belle année 1997 où nous avons vu débarquer quatre grand dadais qui ne brillaient pas par leur charisme mais par leur sens inné du refrain qui accroche et reste dans les esprits.

Qu'il fait alors bon de vieillir avec de tels camarades de jeu, sachant que l'amour qu'ils continuent d'entretenir pour leur musique et leur respect immodéré envers leur public ne semblent pas se tarir, nous réservant encore quelques années de plaisir à leur écoute. Nous signons sans hésitation pour vingt ans de plus.
setlist
    Sing
    Dear Diary
    Side
    Pipe Dreams
    Flowers In The Window
    The Cage
    Safe
    Follow The Light
    Last Train
    Afterglow
    Indefinitely
    The Humpty Dumpty Love Song
    ---
    A Ghost
    Driftwood
    Writing To Reach You
    Valentine
    As You Are
    Butterflies
    My Eyes
    Closer
    Moving
    Turn
    Why Does It Always Rain on Me?
photos du concert
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