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Superorganism
Dylan Cartlidge

Paris, Trabendo - 14 septembre 2022

Live-report par Franck Narquin

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Tout le monde aime Superorganism. Ne pas les aimer, c'est un peu comme ne pas aimer les vidéos de chatons, la pavlova aux fraises de Marie ou la loi des finances d'Élisabeth Borne. Tout simplement impensable ! Oui, tout le monde aime Superorganism, le groupe le plus Kawaii du Royaume-Uni. Nous on les aime déjà depuis plus d'un quinquennat, embarqués illico par l'imparable tube Something For Your M.I.N.D. puis par leur premier album éponyme fait de bric et de broc et qui a insufflé un sacré vent de fraîcheur et de légèreté à la pop made in UK. Leurs prestations live hautes en couleurs, aussi bordéliques que jubilatoires, n'ont fait que renforcer notre amour. Alors mes frérots et mes sœurettes, en vérité je vous le dis, tout le monde, oui tout le monde aime Superorganism.

Forcément, on a aussi bien aimé leur deuxième album, World Wide Pop, même si l'on n'était plus cueilli par la surprise initiale et regrettait la tendance de nos joyeux drilles à surjouer leur côté hédoniste à grands coups d'auto-tune et d'envolées hyperpop. Perdant un peu en candeur, les morceaux gagnaient néanmoins en efficacité immédiate, comme si les anglais avaient glissé quelques acides dans leur pot de Haribo avant de convier une sacré ribambelle d'invités à venir festoyer, de l'icône slacker Stephen Malkmus aux furies punks tokyoïtes de CHAI, en passant par la jeune française Pi Ja Ma (ex-Nouvelle Star, le radio crochet de M6 où officiait André Manoukian, cet érotomane situationniste distillant avec régal ses saillies deleuziennes aux heures de grande écoute cathodique et à qui l'on doit certaines des plus belles chansons de Liane Foly).

C'est dans une configuration resserrée autour de cinq membres (contre huit à l'origine) que Superorganism ont entamé leur World Wide Pop Tour, dont les dates européennes s'achevaient ce soir à Paris, avant d'attaquer le lourd, à savoir les tournées anglaises et américaines. Ce format de groupe plus standard les pousse à se focaliser sur leur prestation musicale et à un peu délaisser l'aspect « grande kermesse dadaïste » de leur show. Mené par Orono Noguchi, haute comme trois pommes, à la bouille enfantine mais au leadership affirmé, le quintet maitrise désormais ses gammes sur le bout des doigts. Si le capharnaüm des festivals seyait particulièrement bien à leur big band, l'intimité du Trabendo semble un écrin de choix pour le Superorganism version 2022.


Dylan Cartlidge, que l'on peut d'ailleurs entendre sur leur titre It's Raining, ouvre depuis plusieurs dates les concerts de Superorganism. Sa sunshine pop matinée de soul et de hip-hop s'avère une excellente mise en jambe. Cela s'écoute avec plaisir tout en bavassant avec les copains et en faisant, sans trop de scrupule, un petit tour au bar extérieur du Trabendo pour profiter de cette soirée à la météo encore clémente. Cartlidge, t-shirt tie and dye et sourire XXL, diffuse une bonne humeur communicative et sa feel good music parvient même parfois à nous épater, comme sur l'excellent single Anything Could Happen.

Aussi ponctuelles qu'une soirée de Champions League, les lumières s'éteignent à vingt-et-une-heure pétantes, l'écran géant s'allume et les premières notes de World Wide Pop raisonnent dans un Trabendo étonnamment clairsemé. Après les grands raouts des festivals passés à se faire remuer comme dans un maul du XV de France ou à tenter d'entrevoir une esquisse de silhouette d'Alex Turner à 500 mètres, on n'est pas mécontent de pouvoir se coller tout près de la scène tout en ayant assez d'espace pour se dandiner à notre aise. Le public compense son infériorité numérique par un enthousiasme débordant, Orono s'étonnant même de cet engouement assez inhabituel pour un public parisien, généralement plus habitué à manifester son approbation par un hochement de tête que par des salves d'applaudissements et des cris primaires.

Après trois morceaux de mise en place, le concert prend pleinement son envol avec deux tubes du premier album, la déclaration de foi SPROGNSM, reprise en cœur par toute la foule et la bombinette dance, Night Time, qui n'a toujours rien d'une berceuse. Une fois leur vitesse de croisière atteinte, les anglais déroulent en toute décontraction leur setlist qui, contrairement à leurs précédentes prestations, ne connait désormais aucun trou d'air. On retiendra tout particulièrement le mash-up entre Black Hole Baby et It's All Good, titres d'ouverture de chaque album, aux styles opposés mais qui s'imbriquent ici parfaitement.


Superorganism semblent vouloir nous prouver que s'ils ont évolué, au fond ils n'ont pas vraiment changé. Mais le clou de la soirée restera sans aucun doute le pogo le plus gentil de tous les temps au son de Don't Let The Colony Collapse. Orono avait pourtant demandé une ambiance digne de Rammstein, mais le public, visiblement pas adepte de nos cousins germaniques de Klang der Gewalt, préféra se donner de gros câlins plutôt que des coups de coudes au visage. Surfant sur cette ambiance bon enfant, le groupe invitera une bonne partie du public sur scène pour un final enlevé sur l'inévitable Something For Your M.I.N.D.

Si après un tel argumentaire, vous faites encore la fine bouche, les trouvant comme certains (et je cite) « trop gnian-gnian » ou « sympatoches sans plus », il ne me reste plus qu'à paraphraser le grand Jean-Luc Godard, qu'on pleure à bien plus chaudes larmes que n'importe quel monarque : si vous n'aimez pas Superorganism, si vous n'aimez pas les vidéos de chatons, si vous n'aimez pas la pavlova aux fraises de Marie... allez-vous faire foutre !
setlist
    Dylan Cartlidge
    Non disponible

    Superorganism
    World Wide Pop
    The Prawn Song
    Put Down Your Phone
    SPRORGNSM
    Night Time
    Crushed.zip
    Black Hole Baby/It's All Good
    Nobody Cares
    Oh Come On
    Flying
    Don't Let The Colony Collapse
    Everything Falls Apart
    Everybody Wants To Be Famous
    On & On
    Solar System
    Teenager
    ---
    Something For Your M.I.N.D.
photos du concert
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